C. DES INVESTISSEMENTS À LONG TERME

Les mesures prises par les pouvoirs publics pour lutter contre la grippe se sont également traduites par des investissements durables susceptibles d'améliorer la qualité d'ensemble de notre système de soins. Ces progrès en termes d'équipement et d'organisation doivent être pérennisés.

Les cas graves liés au virus A (H1N1)v ont été rapidement identifiés comme exigeant une prise en charge par les services de réanimation hospitaliers, offrant notamment la possibilité de mettre en place une procédure d'oxygénation extracorporelle. En avril 2010, l'InVS recensait 1 334 formes graves ayant ainsi nécessité une réanimation ou du moins des soins intensifs. Ce surcroît d'activité risquait, comme l'avait montré l'expérience du Mexique et d'autres Etats de l'hémisphère Sud, de saturer les services spécialisés par manque de matériel. La réaction des pouvoirs publics a été sur ce point particulièrement rapide et efficace. Sur la base des besoins recensés par les agences régionales de l'hospitalisation au mois de juillet 2009, l'EPRUS a ainsi acquis, en septembre 2009 100 respirateurs et 34 unités d'oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO). Au-delà même de leur utilité avérée au moment de la pandémie, ces équipements de pointe répartis sur l'ensemble du territoire continueront de renforcer la capacité de prise en charge des hôpitaux et la qualité des soins dispensés.

Plus largement, comme l'a souligné le professeur Didier Raoult devant la commission d'enquête, la lutte contre la pandémie a été l'occasion de progresser dans l'organisation des services hospitaliers. L'expérimentation conduite de juillet à septembre 2009 à l'hôpital Nord de Marseille a ainsi montré l'intérêt de plusieurs mesures : le pré-acheminement des malades, destiné à limiter la contagion au sein des urgences, le diagnostic de proximité, et la mise en place d'un diagnostic moléculaire au sein de chaque établissement. Il est également important de placer les malades dans des chambres à lit unique, si possible dans des services dédiés d'infectiologie.

Le renforcement de l'infectiologie française, passant éventuellement par la création d'établissements dédiés, pourrait être un des objectifs assignés au plan de lutte contre la pandémie. Votre commission d'enquête fait droit à l'argument présenté par la ministre de la santé 172 ( * ) selon lequel il ne faut pas créer de structures pérennes mais utiles uniquement en périodes de crise. Cependant, même si les hôpitaux publics ont pu faire face à la gestion des cas graves liés à la grippe, la priorité donnée à la lutte contre la pandémie, la sanctuarisation d'un hôpital de sept cents lits à Marseille par exemple, a généré des retards dans le traitement des autres pathologies. Il faut donc qu'un équilibre puisse être trouvé entre le traitement de l'urgence pandémique et les autres priorités de santé publique.

Distinguer dans les plans de lutte une part déterminée d'investissements pérennes est une solution envisageable. Cette proportion pourrait être de l'ordre du quart au tiers des sommes engagées, suivant l'exemple des Etats-Unis. Ces investissements permettraient une action immédiate et son prolongement au-delà de l'urgence sanitaire. Ils peuvent également être considérés comme une limite posée au risque de gaspillage de ressources associé à toute période de crise sanitaire et à la désorganisation du système hospitalier qu'elle induit nécessairement.

Outre les investissements déjà réalisés, des investissements « futurs » ont également été amorcés au travers du lancement de projets de recherche.

Proposition n° 31 :
Recenser les expériences menées en matière de gestion des urgences
et généraliser les meilleures pratiques.

Proposition n° 32 :
Renforcer l'infectiologie française par la création de services dédiés.

Proposition n° 33 :
Affecter un quart à un tiers des sommes prévues pour le financement
de la lutte antipandémique à des investissements pérennes.


* 172 Audition du 28 juin 2010.

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