7. Audition de FRANÇOIS DUGENY, Directeur général de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de l'Ile de France (IAURIF)

Lutter contre le phénomène de la ségrégation sociale

M. François Dugeny, directeur général de l'institut d'aménagement et d'urbanisme d'Île de France (IAU île-de-France), évoque tout d'abord les représentations de la ville du futur véhiculées par les studios de cinéma ou la littérature de science fiction (BD) qui forgent l'imaginaire collectif en termes d'architecture, d'urbanisme, de transports, de climat, de violence ou de ségrégation sociales.

L'attractivité d'une ville passe par l'image qu'elle renvoie : une métropole doit être visible et sa vitrine doit donc être dynamique . Là réside l'une des vertus de la consultation sur le « Grand Paris » initiée par l'État.

Parmi les réponses concrètes à une interrogation sur le futur des villes, l'attractivité des zones urbaines est essentielle. Elle contribue à éviter l'étalement urbain : historiquement, la région parisienne est passée du stade de ville-capitale à la dimension de métropole mondiale. Il s'agit aujourd'hui de savoir comment « intensifier » la ville, comment mettre en synergie les projets des collectivités pour qu'ils fassent sens à l'échelle métropolitaine et fassent évoluer l'identité des territoires .

En termes de prospective des grandes villes, les principales questions sont la démographie et la ségrégation sociale et les urgences environnementales relatives au climat, à l'alimentation et à la préservation du vivant. D'ici à 2030, l'Île-de-France va croître de 1,25 million d'habitants et elle devra créer 7 à 800.000 emplois. Les trois quarts de ce 1,25 million d'habitants supplémentaires seront âgés de plus de 60 ans, et la métropole comptera 300 000 actifs de plus.

Une des évolutions préoccupantes pour l'Île de France est l'accentuation de la ségrégation sociale dans ses territoires , accentuation que la planification ou les péréquations financières entre communes ne permettent pas d'endiguer. La ségrégation est en effet pour beaucoup un processus qui s'initie par le haut, c'est-à-dire par ceux qui, compte tenu de leurs revenus, peuvent choisir leur parcours résidentiel.

Comment sortir de ce phénomène de ghettos ? La planification est indispensable mais insuffisante. L'émergence de certains projets peut modifier l'identité des territoires (à l'exemple du Stade de France en Plaine Saint Denis). Ainsi, les 10 architectes de la consultation sur le Grand Paris ont pu recourir à l'image, à la différence des planificateurs dont les documents sont difficilement compréhensibles du grand public.

L'amélioration de la mobilité est aussi une réponse à la ségrégation spatiale. Mais il est illusoire de penser qu'il sera possible de reproduire la densité des transports collectifs de Paris en banlieue, comme certains l'évoquent. C'est une utopie : parce que cette densité est la meilleure du monde, et que le contexte n'est plus celui des années soixante.

On a vu avec la mise en oeuvre de la loi SRU qu' une meilleure répartition du logement social ne relève pas d'un mouvement naturel des collectivités qui, pour beaucoup, ne se mobiliseront que sous l'effet de la contrainte . Pour assurer la mixité sociale, il faut d'abord créer la mixité fonctionnelle (et revenir sur les zonages). L'école est un élément majeur de lutte contre la ségrégation. En tout état de cause, il ne peut y avoir d'attractivité d'un territoire sans mixité sociale, sachant que personne ne viendra investir dans une métropole soumise à des conflits internes majeurs, ou dans des zones soumises à des tensions sociales.

S'agissant de la raréfaction de l'énergie et de la lutte contre le changement climatique, le principal gisement de progrès porte sur l'habitat ancien, avant même le transport . Le bien vivre ensemble appelle aussi à améliorer l'isolation phonique des logements, le bruit de voisinage étant une des principales nuisances urbaines.

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