b) L'École, une « agora » à promouvoir

Si les développements ci-dessus ont surtout été consacrés au lien entre l'École et les organisations représentatives des parents d'élèves, votre mission s'est également interrogée à plusieurs reprises sur la qualité des liens entre les équipes des établissements et les parents pris individuellement , notamment en zone d'éducation prioritaire où de nombreuses familles sont allophones. Votre mission estime qu'il est temps d'ouvrir, au sens physique du terme, l'école sur son environnement immédiat : l'ouverture de l'école ne doit plus être corrélée au seul temps scolaire strictement entendu.

Lors de son déplacement dans la Somme, la mission s'est félicitée de l'initiative prise par le regroupement pédagogique intercommunal (RPI) d'Ailly-le-Haut-Clocher pour faire « entrer » les parents d'élèves dans la classe pour une raison ne tenant pas uniquement au suivi stricto sensu de la scolarité : il s'agissait de montrer aux parents une exposition artistique préparée par leurs enfants. Cet exemple, qui n'est certainement pas isolé, illustre pour votre mission l'importance « d'apaiser », de « normaliser » les relations individuelles avec les parents, ces derniers pouvant parfois être sur la défensive compte tenu de la nature traditionnelle de leurs échanges avec les équipes pédagogiques . Les faire entrer dans l'enceinte scolaire en dehors des rendez-vous habituels est de nature, selon votre mission, à fluidifier les échanges entre les différents membres de la communauté éducative mais aussi entre enfants et parents.

L'école est avant tout un lieu scolaire ; toutefois, dans certains territoires, elle est plus que cela, et sa valeur ajoutée à la politique d'intégration des familles immigrées pourrait être plus forte si certaines pratiques étaient généralisées. A deux reprises, il a été signalé à votre mission combien il pouvait être symboliquement important que l'établissement scolaire soit le lieu d'apprentissage de la langue française pour les parents d'enfants issus de l'immigration. Tous élèves de la République, les enfants et les parents issus de l'immigration matérialiseraient leur effort d'intégration à l'École qui constitue, selon la mission, « une greffe identitaire 75 ( * ) » idéale. En effet, l'École n'est pas un service public comme les autres, c'est également une institution dont les missions, parce qu'elles touchent à la formation de la citoyenneté, dépassent les seuls intérêts particuliers des élèves.

Par ailleurs, la « scolarisation » des parents et des enfants dans un lieu commun représenterait un trait d'union entre enfants et parents permettant une meilleure compréhension mutuelle. Souvent les parents d'enfants issus de l'immigration rechignent à venir aux rendez-vous scolaires traditionnels. En prenant l'habitude de venir régulièrement dans les établissements scolaires, les parents allophones seraient certainement plus réceptifs aux messages de l'institution scolaire concernant leurs enfants. M. Hervé Masurel, secrétaire général du Comité interministériel des villes, estimait ainsi devant la mission qu'il était « psychologiquement important que les cours se déroulent dans les locaux de l'école : cela renforce le lien entre les parents et les établissements scolaires. 76 ( * ) ».


* 75 « Une greffe identitaire, c'est lorsque autour d'une personne, d'une instance, d'un lieu, d'une institution, d'un moment, d'un temps - il faut du temps et de l'espace - se construit quelque chose qui attache les personnes. » Jacques Pain, Université Nanterre - Paris X.

* 76 Audition du 7 juin 2011.

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