c) Décupler les synergies entre l'enseignement agricole et l'Éducation nationale

Au-delà du premier degré, l'enseignement agricole doit être reconnu à la fois comme un pilier de l'offre éducative en milieu rural et comme un modèle pour l'Éducation nationale. Les excellents taux d'insertion professionnelle des diplômés de l'enseignement agricole, quel que soit leur niveau, est le signe le plus sûr non seulement de l'excellence des formations dispensées dans ses établissements, des capacités d'innovation pédagogique et de l'engagement décisif des équipes de l'enseignement agricole, mais aussi de sa capacité à rester à l'écoute des territoires et des mutations du monde économique.

Les dernières enquêtes menées en 2008 et 2009 sur l'insertion des anciens élèves et apprentis de l'enseignement agricole montrent que plus de 93 % des diplômés d'un brevet de technicien supérieur agricole (BTSA) et 90 % des titulaires d'un bac professionnel de l'enseignement agricole sont insérés dans l'emploi, quarante-cinq mois après leur sortie de formation. En outre, les poursuites d'études dans le supérieur sont nombreuses. Après le baccalauréat professionnel, plus de 55 % des élèves diplômés poursuivent leurs études. 86 % d'entre eux demeurent dans l'enseignement agricole en vue de préparer un BTSA qu'ils sont plus de 66 % à obtenir. Contrairement à l'image qu'il donne trop souvent, l'enseignement agricole ne destine pas exclusivement ses diplômés à s'installer comme agriculteurs. Il ouvre les portes à une grande variété de carrières, y compris dans les services et les métiers du développement durable, qui ne manqueront pas de se développer rapidement dans les années à venir.

Le rapport Pochard sur l'évolution du métier d'enseignant signalait déjà, en 2008, l'intérêt de s'inspirer de plusieurs traits caractéristiques de l'enseignement agricole comme l'autonomie pédagogique des équipes, l'ancrage territorial des établissements, la coexistence des différents types de formation au sein des établissements, le profil et le rôle des directeurs d'établissement et des présidents de conseil d'administration, ou encore l'organisation souple de l'année scolaire, via une part substantielle de la dotation globale horaire consacrée au projet d'établissement. Dans le domaine de la gouvernance des établissements, comme dans le domaine proprement pédagogique, l'enseignement agricole a beaucoup à apporter et peut constituer une source d'inspiration constante pour le système scolaire classique .

La réforme du primaire engagée dès 2008, la rénovation de la voie professionnelle généralisée à la rentrée 2009, la modernisation du lycée général et technologique en cours, ont toutes en commun de donner une plus grande place à l'accompagnement personnalisé des élèves. Or, l'enseignement agricole s'est déjà forgé depuis longtemps une solide culture du suivi individualisé des élèves, notamment dans le cadre des actions de remédiation. Sur tout le territoire, les classes de 4 e et de 3 e de l'enseignement agricole forment, en effet, un réseau de proximité au service des élèves les plus en difficulté, leur permettant de retrouver peu à peu confiance en eux-mêmes et dans le système scolaire. Le ministère de l'Éducation nationale pourrait donc tirer profit des expérimentations grandeur nature menées dans l'enseignement agricole ; il pourrait ainsi calibrer au mieux les différents dispositifs d'aide personnalisée, tant du point de vue horaire que du point de vue didactique afin de personnaliser l'instruction au plus près des besoins et des difficultés des élèves.

En outre, la mixité des publics et la coexistence de formations scolaires et en alternance au sein d'un même établissement contribuent à l'originalité et à l'efficacité du modèle agricole. Le label de « lycée des métiers » reprend au sein de l'Éducation nationale le même projet de créer des synergies entre les formations professionnelles initiale et continue.

Enfin, l'enseignement agricole se caractérise par une gouvernance plurielle et ouverte de ses établissements, au service d'un véritable projet d'établissement donnant du corps à l'autonomie pédagogique. La comparaison des articles L. 811-8 et L. 811-9 du code rural et des articles L. 421-2 et suivants du code de l'éducation permet de saisir toute la spécificité du fonctionnement des établissements d'enseignement agricole par rapport aux EPLE. Le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement agricole comprend systématiquement des représentants des organisations professionnelles et syndicales, ce qui facilite la prise en compte de l'impératif d'insertion professionnelle et empêche les lycées agricoles de fonctionner en vase clos. La représentation des collectivités territoriales garantit une harmonie entre les différents niveaux, sans surreprésentation des communes. L'ancrage territorial au niveau du bassin d'emplois n'en est que facilité. De plus, le président du conseil d'administration est élu par ses membres, ce qui ouvre la possibilité pour une personnalité extérieure au monde éducatif mais connaissant bien le monde de l'entreprise, par exemple, d'assumer cette fonction. Rappelons que dans l'Éducation nationale, le chef d'établissement nommé par l'administration devient obligatoirement président du conseil d'administration.

Étant donné le rôle d'avant-garde de l'enseignement agricole dans bien des domaines, une coopération plus étroite avec l'Éducation nationale aurait tout son sens . Tout en respectant la singularité de la culture propre à chacun de ces deux systèmes d'enseignement, elle permettrait à la fois d'accélérer la diffusion des bonnes pratiques pédagogiques et administratives, et de générer des économies grâce à la mutualisation des moyens. Il est souhaitable que des relations solides et confiantes de partenariat et d'échange se nouent entre les deux ministères et la mission encourage vivement les deux administrations à coordonner leurs actions au plan national, comme au plan régional.

Le remplacement des enseignants, l'apprentissage des langues, l'information et l'orientation des élèves, l'organisation de concours de recrutement et d'examens nationaux constituent des domaines dans lesquels il est possible de progresser mutuellement. La voie de l'expérimentation préalable permettrait, dans certaines académies pilotes, d'enraciner une culture approfondie de dialogue et d'échange. Outre leur intérêt du point de vue de la gestion administrative et budgétaire, elles permettront également de mieux faire connaître l'enseignement agricole et de développer ainsi l'orientation vers ces filières, tout en offrant la possibilité de construire des passerelles.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page