II. DES EFFETS IMPORTANTS SUR LES ÉQUILIBRES ÉCONOMIQUES DES DEUX PAYS

La divergence des régimes salariaux français et allemand a des conséquences importantes sur les données générales de l'équilibre économique dans les deux pays.

Alors qu'il reste à peu près stable en France 19 ( * ) , le partage de la valeur ajoutée se déforme nettement en Allemagne aux dépens des salariés.

Ce processus qui reflète une progression des salaires inférieure à celle du revenu national exerce une contrainte sur la demande des ménages allemands.

L'utilisation de leurs profits par les entreprises ne paraît pas compenser les effets de cet écart sur la demande domestique : les investissements des entreprises allemandes ne réagissent pas particulièrement à la déformation du partage de la valeur ajoutée au bénéfice théorique de la rentabilité du capital.

Ainsi, les pressions qui pèsent sur la demande des ménages en Allemagne ne semblent pas justifiées par une mise à niveau des capacités d'offre de l'économie allemande.

A. LE PARTAGE ENTRE LES SALAIRES ET LES PROFITS

Sous réserve de très nombreux problèmes que pose sa mesure, la répartition de la valeur ajoutée semble connaître des caractéristiques analogues en France et en Allemagne. Cependant, sous certains angles, une différenciation assez nette est intervenue dans les dix dernières années.

1. Pour l'ensemble de l'économie, des caractéristiques semblables avec toutefois quelques nuances

Apprécié pour l'ensemble de l'économie, le partage entre les salaires et les profits attribue, en France, aux premiers 65 % ou 60 % de la valeur ajoutée selon qu'on la corrige ou non pour tenir compte de l'augmentation du salariat. De son côté, l'excédent brut d'exploitation absorberait la différence, soit entre 35 et 40 % de la valeur ajoutée.

PART DES SALAIRES DANS LA VALEUR AJOUTÉE AU COÛT DES FACTEURS
POUR L'ENSEMBLE DE L'ÉCONOMIE, SANS CORRECTION DU TAUX DE SALARISATION
ET AVEC CORRECTION PAR LA MÉTHODE D'IMPUTATION UNIFORME (EN % DU PIB)

Source : Rapport de Jean-Philippe Cotis sur la répartition de la valeur ajoutée - voir INSEE - Base de données AMECO de la commission européenne

Les données disponibles pour l'Allemagne révèlent des réalités analogues. Toutefois, des nuances apparaissent. La part non corrigée des salaires perçus par les entrepreneurs individuels y est inférieure (- 5 points par rapport à la France) mais la part corrigée de ces salaires, qui est plus significative, est, en Allemagne, plus proche de la France (62,5 points du PIB) (soit 2,5 points du PIB de moins qu'en France).

PART DES SALAIRES DANS LA VALEUR AJOUTÉE AU COÛT DES FACTEURS
POUR L'ENSEMBLE DE L'ÉCONOMIE, SANS CORRECTION DU TAUX DE SALARISATION
ET AVEC CORRECTION PAR LA MÉTHODE D'IMPUTATION UNIFORME (EN % DU PIB)

Source : Rapport de Jean-Philippe Cotis sur la répartition de la valeur ajoutée - voir INSEE - Base de données AMECO de la commission européenne

Si la répartition actuelle de la valeur ajoutée entre salaires et profit, quoique un peu moins favorable aux salaires en Allemagne, n'est pas très éloignée dans les deux pays, les évolutions qui ont conduit à cette répartition ont été différentes 20 ( * ) .

Partant d'un pic de la part salariale plus élevée, la France a connu une baisse précoce et prononcée de celle-ci dans les années 80, suivie d'une période d'apparente stabilité.

En Allemagne, les évolutions ont été plus progressives. La réunification a engendré un ressaut de la part des salaires dans la valeur ajoutée, mais un ressaut d'ampleur plutôt faible. Les salaires sont alors passés de 65 à 67 points du PIB, ce qui représente une inflexion significative mais pas vraiment le choc souvent décrit. Par la suite, la part salariale s'est repliée, ce repli s'accentuant dans les années 2000.


* 19 Sous les réserves de méthode exposées dans le rapport de la délégation à la prospective n° 227 (2010-2011) du 18 janvier 2011 sur le pacte social dans l'entreprise.

* 20 Du moins telles que restituées par les données da la base AMECO de la Commission européenne.

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