2. Une baisse plus modérée des financements des services publics

La réduction des dépenses publiques allemandes a relativement moins touché les dépenses de consommation finale des administrations publiques.

Ces dépenses contribuent (à côté de l'investissement public) à la production des services collectifs qui sont assez largement « utilisés » par les ménages 55 ( * ) .

Leur poids relatif est nettement plus élevé en France qu'en Allemagne, mais la baisse des dépenses publiques allemandes n'a provoqué une réduction du poids de ces dépenses que de façon relativement modérée.

Dépense de consommation finale des administrations publiques

Allemagne (A)

France (B)

A - B

2001

18,9

22,8

- 3,9

2002

19,2

23,4

- 4,2

2003

19,3

23,7

- 4,3

2004

18,8

23,7

- 4,9

2005

18,7

23,7

- 5

2006

18,3

23,4

- 5,1

2007

17,9

23,0

- 5,1

2008

18,1

23,2

- 5,1

2009

19,7

24,6

- 4,9

Source : Eurostat

Cependant, en lien avec l'augmentation de ces dépenses dans le PIB français, l'écart d'origine entre les deux pays (de 3,9 points en 2001) s'est légèrement élargi (jusqu'à 5,1 points de 2006 à 2008).

3. Un écart initial qui s'accroît

Au terme de ces évolutions, le poids des dépenses publiques dans le PIB qui était déjà plus élevé en France en 2000 l'est encore plus en 2008.

Écarts de niveaux de dépenses publiques Allemagne-France par catégorie
(en points de PIB)

Source : données Eurostat ; calcul de l'auteur

Note de lecture : les nombres précédés d'un signe (+) concernent les dépenses les moins élevées en France qu'en Allemagne ; ceux précédés d'un signe (-) les dépenses moins élevées en France qu'en Allemagne. Exemple : la France avait un niveau de dépenses publiques pour la santé supérieur de 0,5 point de PIB en 2000 et de 1,1 point de PIB en 2008.

Le montant des dépenses publiques totales, exprimées en points de PIB était supérieur de 6,5 points en France en 2000 et cet écart a augmenté au cours de la période puisqu'il s'élevait à 8,7 points en 2008 (+ 2,2 points de PIB).

En 2000 , les écarts relatifs aux dépenses publiques de services généraux, d'enseignement, de vieillesse et de logement (6 points de PIB au total) rendaient compte de la presque totalité de la différence de niveau relatif des dépenses publiques. Malgré le poids relatif des dépenses de retraite en France, celle-ci connaissait un niveau de dépenses publiques de protection sociale un peu plus bas que l'Allemagne (les dépenses de santé compensant toutefois cette différence).

En 2008 , cette dernière situation est renversée du fait de la progression des dépenses de retraite en France. Alors que celle-ci consacrait à ces dépenses 1,3 point de PIB de plus que l'Allemagne en 2000, c'est 3,1 points de PIB de plus que la France consacre aux retraites en 2008.

Structurellement, le niveau relatif des dépenses publiques, catégorie par catégorie, est généralement supérieur en France (à l'exception des « Affaires économiques » et de la « sécurité publique »). Les écarts les plus notables (ceux égaux ou supérieurs à 1,5 point de PIB) concernent les dépenses d'administration générale (1,6 point de PIB), l'enseignement (2 points de PIB) et la protection sociale (2 points de PIB dont 3,1 points pour les retraites).

Pour la « Santé », les « Logements et équipements collectifs », la France dépense plus que l'Allemagne dans une proportion supérieure à 1 point de PIB. Les différences portant sur l'ensemble « Loisirs-culture » et « Défense » sont de même grandeur (+ 0,8 point de PIB en France chaque fois).

Les structures des dépenses publiques des deux pays sont caractérisées par la prépondérance des dépenses de protection sociale et de santé . Elle était particulièrement prononcée en Allemagne puisqu'en 2000 ces deux catégories de dépenses y représentaient près des deux tiers des dépenses publiques contre 53,8 % en France.

On relève en France l'importance relative des dépenses d'enseignement (12,2 % du total contre 8,9 % seulement en Allemagne).

En 2008, les structures des dépenses publiques des deux pays se sont un peu rapprochées , l'ensemble « protection sociale et santé » absorbant désormais plus de 56 % du total des dépenses publiques en France contre environ 60 % en Allemagne.

Structure des dépenses publiques - Allemagne
Évolution 2000-2008
(en pourcentage du total)

Source : Eurostat

Note : Des imperfections statistiques expliquent que le total dépasse 100.

Structure des dépenses publiques - France
Évolution 2000-2008
(en pourcentage du total)

Dans le processus de réduction du poids des dépenses publiques mis en oeuvre en Allemagne, la santé a été relativement épargnée ainsi que les postes « vieillesse » et les dépenses correspondant aux « Affaires économiques » et à la « Sécurité publique ».

En France, l'augmentation du niveau relatif des dépenses publiques a surtout porté sur les dépenses de santé et de retraite, les frais généraux d'administration et les dépenses d'enseignement connaissant pour leur part un repli de leur poids relatif dans le total des interventions publiques.


* 55 L'utilisation des services collectifs produits par les administrations publiques n'est évidemment pas toujours assimilable immédiatement à la consommation au sens ordinaire du terme (si l'on considère les services diplomatiques par exemple) mais c'est souvent le cas (v. l'éducation ou la santé). Par ailleurs, les services collectifs ne sont pas utilisés par les seuls ménages (par exemple, les services de transports sont utilisés par les entreprises) et il est parfois difficile de déterminer conceptuellement le bénéficiaire final.

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