C. LE RAPPROCHEMENT AVEC L'UNION EUROPÉENNE ET LE DIALOGUE AVEC BELGRADE

1. Le rapprochement avec l'Union européenne

Malgré une forte influence des Etats-Unis, qui s'explique par le soutien apporté par ce pays à l'indépendance du Kosovo, les autorités kosovares ont fait du rapprochement avec l'Union européenne la première priorité de leur politique étrangère.

Or, cette volonté de rapprochement avec l'Union européenne est entravée par l'absence de position unanime des vingt sept Etats membres à l'égard de l'indépendance du Kosovo.

La « vocation européenne » des pays des Balkans occidentaux, c'est-à-dire le principe de leur adhésion à l'Union européenne, a été affirmée par le Conseil européen de Cologne en juin 1999 et rappelée régulièrement depuis.

Cette vocation à l'adhésion à l'Union européenne concerne l'ensemble des pays des Balkans occidentaux : l'Albanie, l'Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM), la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, le Monténégro, la Serbie, ainsi que le Kosovo.

L'Union européenne a lancé, en juin 1999, un processus de stabilisation et d'association destiné aux pays des Balkans occidentaux, qui repose en particulier sur la conclusion d'accords de stabilisation et d'association (ASA) avec chacun des pays concernés. Ces accords définissent le cadre d'un partenariat politique entre l'Union et le pays signataire qui doit favoriser, le moment venu, son adhésion à l'Union européenne. Ils contiennent également des mesures en matière commerciale.

À ce jour, l'ensemble des pays des Balkans occidentaux, à l'exception du Kosovo, ont signé un accord de stabilisation et d'association.

Alors que les négociations d'adhésion de la Croatie viennent de s'achever, ouvrant ainsi la voie à une probable adhésion de ce pays à l'Union européenne en 2013, que l'Ancienne République Yougoslave de Macédoine et le Monténégro se sont vu reconnaître la qualité de « pays candidat » et que la Serbie pourrait se voir reconnaître un tel statut à l'automne prochain, le Kosovo fait ainsi figure de « parent pauvre » au sein des Balkans occidentaux.

Le Kosovo est ainsi le seul pays des Balkans à ne pas bénéficier d'un accord commercial avec l'Union européenne ni de la libéralisation des visas de court séjour avec les pays de l'espace Schengen.

Le rapprochement du Kosovo avec l'Union européenne est freiné par la position de certains Etats membres qui n'ont pas reconnu son indépendance.

En effet, cinq des vingt-sept Etats membres de l'Union européenne n'ont pas reconnu l'indépendance du Kosovo.

Cette position s'explique principalement par des considérations liées à la situation intérieure de ces pays :

- l'Espagne , par crainte d'un précédent concernant les tensions séparatistes de certaines de ses provinces (Pays Basque, Catalogne, etc.) ;

- Chypre en raison du risque de précédent pour la partie nord de l'île, qui a proclamé son indépendance avec le soutien de la Turquie, et la Grèce par solidarité avec Chypre ;

- La Roumanie et la Slovaquie , qui craignent des revendications séparatistes des minorités hongroises sur leur territoire.

Certes, la décision de reconnaître ou non un Etat est une décision souveraine de chaque Etat membre. Mais, comment expliquer que, sur un sujet de cette importance, qui la concerne directement, l'Union européenne ne parvient pas à parler d'une seule voix ?

Au moment où l'Union européenne s'efforce de renforcer sa politique étrangère, avec notamment le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et le service européen pour l'action extérieure institués par le traité de Lisbonne, ce sujet devrait figurer au premier rang des priorités.

Il semble donc souhaitable pour votre délégation d'inciter les cinq Etats membres de l'Union européenne qui n'ont pas encore reconnu l'indépendance du Kosovo à faire évoluer leur position.

Dans l'intervalle, l'Union européenne devrait pouvoir renforcer ses relations avec le Kosovo, notamment en matière commerciale ou par l'octroi d'une « feuille de route » sur la libéralisation des visas.

La perspective européenne, même si elle paraît encore lointaine compte tenu de la situation actuelle du Kosovo, constitue, en effet, le meilleur levier pour inciter les autorités kosovares à progresser sur la voie de la démocratie, de l'Etat de droit et de la lutte contre la criminalité.

Cette perspective européenne représente également un facteur essentiel pour favoriser la réconciliation et la normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie.

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