3. Mettre en place une véritable politique de venture capital

Nous avons, tout au long du rapport, utilisé la nomenclature anglaise, venture capital, ou plutôt latine de venturi capitale, à la place du terme français de « capital-risque ». En effet, il nous semble important de faire sortir la notion de risque, et de faire apparaitre l'idée de partenariat et d'aventure.

a. Un type d'activités actuellement en difficulté en France et en Allemagne, mais aussi dans une moindre mesure aux Etats-Unis

En France, entre  2008 et 2010, les fonds de venture capital sont passés de 570 à 45 millions d'euros, le capital d'amorçage passant de 74 à 26 millions d'euros, selon les données indiquées lors de l'audition publique du 12 octobre 2011, par M. Philippe Braidy, président de la CDC-Entreprises, directeur général délégué du Fonds stratégique d'investissement.

Pour M. Philippe Braidy, « il y a une amplification par la crise du financement par les financiers de ce segment. Pourquoi ? Il s'agit traditionnellement d'un segment plus risqué. Pour l'expliquer, on met souvent en avant le critère de rentabilité. En réalité, ces créneaux sont rentables, à condition de faire preuve de patience et de financer tous les étages ».

M. Albert Ollivier, responsable du financement des PME et de l'innovation au Pôle de compétitivité mondial « Finance Innovation » (Innovation financière, soutien au financement de l'innovation et au développement global de l'activité économique), qui est intervenu lors de l'audition publique du 26 mai 2011, « un des enjeux majeurs des années à venir consistera à éviter que le marché - étroit - du capital-risque français, qui, après avoir bien débuté, a connu une crise en 2002 avant de se rétablir et d'être soutenu par des dispositifs fiscaux, ne s'écroule. Nous savons aider, par le biais de moyens publics, au démarrage d'entreprises issues de la recherche mais le marché peine à prendre le relais nécessaire dans la phase de développement.

La capacité à financer l'innovation est une chose, celle à la soutenir jusqu'à atteindre le plus haut niveau mondial en est une autre.

Les investisseurs privés se montrent en général réticents à financer l'innovation dès son premier stade . On peut les comprendre : les résultats des activités de capital-risque ne sont pas excellents, connaissant un taux de rentabilité d'environ 3%, ce qui est faible par rapport au risque pris. Il est donc normal que les pouvoirs publics apportent leur appui.

La faiblesse des engagements privés dans le capital-risque tire alors celui-ci vers les stades ultérieurs du développement de l'entreprise.

Il est difficile, dans un système entièrement basé sur des fonds communs de placement à durée de vie limitée, d'empêcher les investisseurs de vouloir sortir du capital. Il faudrait redonner de l'attractivité à la société de capital-risque perpétuelle, qui peut participer à une entreprise plus longtemps, et mêler, dans son portefeuille, des titres d'entreprises ayant une certaine maturité à des parts de jeunes entreprises ».

En Allemagne, un entretien avec les responsables du Fonds d'investissement Heidelberg Innovation a été particulièrement éloquent.

Selon leurs propos, les modèles classiques de venture capital ne fonctionnent plus. Le marché est asséché. Le problème est structurel. L'intervention de l'Etat est bien sûr possible, mais elle ne fait souvent que déplacer le problème.

Ce fonds, créé en 2001, a investi cinq années durant, en espérant que les profits apparaîtraient et croîtraient dans les cinq années suivantes, ce qui aurait permis de revendre les structures dans lesquelles il avait investi. Mais la réalité fut différente. Cette société n'a plus d'argent frais. Son activité depuis deux ans est limitée à la gestion du portefeuille existant.

Cette situation n'est pas isolée. Dans toute l'Europe, il y a une réduction des moyens alloués au venture capital , ce qui empêche les nouveaux projets. A Munich, ancienne capitale du venture capital en Allemagne, ne restent qu'Edmond de Rothschild et Sofinova.

Le rapport sur la biotechnologie d'Ernst et Young fait part de cet assèchement du venture capital depuis la faillite de Lehmann Brothers.

La situation est grave, car les aides de l'Etat servent surtout au moment de la création d'une entreprise innovante. Mais vient un moment où cette entreprise a besoin de fonds supplémentaires, et l'Etat ne les fournit plus. Il faut alors une intervention du marché, mais celui-ci est déprimé. Les banques sont réticentes à intervenir depuis Bâle 3 qui fixe de nouvelles règles de contrôle des risques.

La situation est moins grave aux Etats-Unis

Aux Etats Unis, la situation est plus difficile qu'auparavant, mais est moins problématique, du fait de la culture d'entreprenariat, des investissements des fonds de retraite, et de l'existence de « business angels » qui sont prêts à intervenir au début du processus d'innovation (30 à 50 % des investissements de venture capital sont faits à ce stade).

Alors qu'en France le venture capital s'élevait en 2008 à environ 600 millions d'euros, il atteignait 25 milliards de dollars aux Etats-Unis . Au Massachussets, il s'élevait à un dixième de cette somme, ce qui en fait le deuxième Etat américain pour ce type de capital, derrière la Californie, mais devant New York et le New Jersey. A Boston même, il y a des investisseurs qui sont prêts à apporter de 20 à 200 millions de dollars à une start-up.

Son utilité apparaît clairement lorsqu'on examine la manière dont est financée une innovation.

Selon M. Marvin Ritchie, banquier d'affaires, il faut distinguer quatre types de situations :

Les sources de financement des start-up

et des entreprises innovantes qui ont grandi

Jusqu'à un million de dollars : les amis, la famille, éventuellement des business angels .

Jusqu'à 5 millions de dollars, voire jusqu'à 50 millions de dollars : le venture capital grâce à des fonds sectoriels (dédiés par exemple aux biotechnologies ou à la pharmacie). Cette forme de financement a connu récemment des difficultés car les investisseurs ont eu peur.

De 10 millions de dollars à 1 milliard de dollars : le recours au capital privé, sous forme d'actions non cotées. C'est une solution intéressante quand l'entreprise croît rapidement et a un cash flow positif.

Au-delà : l'accès à la bourse et aux actions cotées.

Pour ce banquier, la méthode que doivent suivre les entreprises qui souhaitent obtenir du venture capital est clairement définie :

Les cinq étapes de la recherche du venture capital

- Evaluation des objectifs de l'entreprise, identification des responsables, de leur rôle et des étapes de développement déjà parcourues ; premières propositions.

- Etudes de marketing : positionnement des produits, identification des investisseurs potentiels, préparation de premiers documents, réflexion sur le positionnement par rapport aux investisseurs possibles.

- Sollicitation d investisseurs, sélection des investisseurs intéressés.

- Evaluation des premières propositions d'affaires, sélection des investisseurs qui seront retenus.

- Décision finale et signature du contrat

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