4. L'émergence d'un nouveau concurrent pour l'industrie nucléaire mondiale

Le contrat remporté en 2009 auprès des Émirats Arabes Unis au détriment du consortium français a propulsé la Corée parmi les pays exportateurs de centrales nucléaires.

Cette réussite a été rendue possible par la forte mobilisation, au plus haut niveau, de l'industrie et des autorités politiques coréennes. Le président coréen, M. Lee Myung-bak, s'est impliqué personnellement dans la préparation du dossier. L'offre coréenne, reposant sur un réacteur moins puissant que l'EPR français et ne disposant pas d'un système de sécurité aussi sophistiqué, semble s'être distinguée par un coût inférieur, mais aussi par la capacité de l'équipe coréenne à s'adapter aux besoins du client.

L'industrie nucléaire coréenne bénéficie de plus du haut taux de disponibilité des centrales installées sur son sol, ainsi que d'une réputation de rigueur et de ponctualité dans ses processus de production.

Après la signature du contrat d'Abu Dhabi, le président sud-coréen a alors fixé des objectifs ambitieux de développement à l'export de l'industrie nucléaire : 10 ventes de centrales avant 2012 et 80 avant 2030. Le secteur devait devenir l'un des marchés les plus profitables après l'automobile, les semi-conducteurs et la construction navale.

Les résultats n'ont pas été pour le moment à la hauteur des attentes, le consortium sud-coréen n'étant pas parvenu à remporter des contrats en Jordanie et en Turquie l'année suivante 14 ( * ) .

Ce succès doit donc être pris, en France, comme un encouragement à améliorer et à mieux présenter l'offre de l' « équipe de France du nucléaire » qui dispose d'atouts indéniables. Votre délégation a écouté avec intérêt les propos d'un chercheur coréen qui lui a indiqué que l'EPR serait sans doute privilégié sur les marchés internationaux par la qualité de ses systèmes de sécurité.

En conclusion, le secteur nucléaire coréen présente encore quelques lacunes dans le cycle du combustible et le traitement des déchets, mais bénéficie de la stratégie de coopération et d'intégration verticale de ses acteurs. De plus, le choix politique posé et réaffirmé sans ambigüité garantit à l'industrie nucléaire nationale un marché intérieur important dans les années à venir. Il n'y a donc pas à douter de la capacité de la Corée, dans ce secteur comme dans d'autres, à jouer un rôle important au niveau mondial dans les décennies à venir.

Dans ce contexte, la France n'est pas seulement un concurrent, mais aussi un partenaire de la Corée du Sud. Les établissements publics français peuvent lui apporter leur expertise en stockage des déchets nucléaires. Le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies renouvelables (CEA) est également impliqué dans des actions de recherche et développement nucléaire avec l'Institut coréen de recherche en énergie atomique. Enfin, la Corée du Sud participe au projet ITER, localisé en France à Cadarache, qui cherche à prouver la possibilité de produire de l'énergie par fusion nucléaire.


* 14 En Jordanie, la Corée devrait toutefois construire un réacteur de recherche de 5 MW. En Turquie, le contrat a été remporté par la société japonaise Tepco. Celle-ci a toutefois annoncé, début août 2011, son retrait du marché, ce qui pourrait relancer les offres françaises et canadiennes.

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