CONCLUSION

L'impasse économique dans laquelle se trouve la Hongrie constitue paradoxalement une opportunité pour elle de se détourner de la voie politique empruntée depuis deux ans. Il est incontestable que les équipes gouvernementales précédentes ont leur part de responsabilité dans l'arrivée aux responsabilités d'une coalition revancharde et, par certains côtés, eurosceptique. Si le besoin de rompre avec une pratique sclérosée du pouvoir a pu motiver le choix des électeurs en avril 2010, il est néanmoins manifeste que l'alternative qui lui a été proposée s'apparente à une vision à court-terme, faisant de l'idéologie le principe de toute réforme et s'écartant des standards européens. Le repli identitaire du gouvernement, son esprit de revanche voire son révisionnisme, son volontarisme économique tout aussi cynique qu'archaïque et brutal ou son double langage à l'égard de l'Union européenne ne peuvent apparaître comme des solutions permettant au pays de sortir de la crise qui le fragilise depuis près de dix ans.

Le rôle de l'Union européenne dans ce dossier est néanmoins délicat. L'adhésion à l'Union européenne suppose un certain nombre de devoirs, allant du respect des droits de l'Homme à celui des libertés économiques, en passant par l'absence de provocation à l'égard de ses partenaires. La Hongrie ne s'affranchit pas de ses devoirs, elle y déroge en partie ou biaise l'application desdits principes, jouant sur la lenteur d'une réponse communautaire.

Si elle ne doit pas être suspectée d'ingérence, la Commission est néanmoins dans l'obligation d'aller vite tant la situation actuelle n'est déjà plus en adéquation avec les canons européens. L'ouverture des négociations sur le versement d'une aide financière et la mise en place de conditions politiques à celle-ci constitue une première étape. Il est néanmoins regrettable que la Commission européenne ait annoncé très rapidement l'annonce d'ouverture de négociations alors que la Banque centrale européenne et le FMI étaient plus réservés. Le gouvernement hongrois n'a de cesse de répéter à Budapest que la Commission est faible, une telle décision ne peut que le conforter.

L'Union européenne ne peut pour autant s'interdire d'aller plus loin et envisager ainsi l'application de l'article 7 du Traité. A l'heure où l'Union développe son dispositif de protection des droits de l'Homme notamment à l'égard des pays tiers, l'absence de réaction face aux libertés prises par la Hongrie est plus que troublante.

Le 10 février dernier, le prix Nobel de littérature hongrois Imre Kertész indiquait dans le quotidien Le Monde qu'il était « possible aussi que la Hongrie bascule dans le chaos extrême. Ce serait une tragédie, mais lorsque le peuple ne se retrouve pas dans la politique et que l'économie est dans une impasse, la menace est sérieuse ». L'Union européenne se doit d'agir pour éviter un tel effondrement.

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