B. UNE INSERTION CROISSANTE DANS LES FLUX MONDIAUX DE MARCHANDISES ET DE CAPITAUX

Lors de la précédente décennie, les exportations africaines, elles, n'avaient que légèrement augmenté, passant de 126 milliards de dollars à 148 milliards de dollars, tandis que la part de l'Afrique dans le commerce mondial avait chuté de 2,9 % à 2,0 %.

Depuis, bien qu'encore faibles, les exportations africaines croissent à un rythme inégalé dans l'histoire du continent.

Selon des données de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le développement (CNUCED), ces exportations ont presque quadruplé en valeur entre 2000 et 2011 , passant de 148.6 à 581.8 milliards de dollars (USD).

Deux tendances se dessinent : la première porte sur le recul de l'Europe et des États-Unis dans les exportations africaines ; la seconde concerne l'intensification des relations commerciales avec les économies émergentes.

Bien que l'Europe demeure le principal partenaire commercial de l'Afrique, le commerce avec l'Asie - et la Chine en particulier - croît rapidement, en grande partie du fait des exportations de pétrole et de produits primaires.

En 2000, les économies émergentes absorbaient 8 % des exportations africaines - une proportion qui a bondi à 22 % en 2011.

L'Afrique s'ouvre et s'internationalise d'abord avec les pays émergents.

La Chine, l'Inde et le Brésil consomment toujours plus de produits africains : pétrole, matières premières et produits manufacturés. Les économies émergentes s'imposent sur les marchés d'exportation.

Malgré une nette augmentation de ses importations, l'Afrique conserve une balance commerciale excédentaire.

Alors que des progrès ont été observés en ce qui concerne les exportations de nouveaux produits, l'essentiel de cette croissance reste lié à l'explosion des prix du pétrole et des produits non manufacturés.

Faute d'une industrie performante, moins de 30 % des exportations de l'Afrique subsaharienne comprennent des produits manufacturés, par rapport à une moyenne de 70 % pour tous les pays en voie de développement.

Sur le plan réglementaire et tarifaire, si de nombreuses difficultés persistent, l'Afrique a réalisé des progrès significatifs en matière de politique commerciale.

Les tarifs moyens africains sont désormais similaires à ceux des autres pays en développement et les restrictions quantitatives ont été largement limitées. Les taxes à l'exportation ont été largement supprimées. Des réformes ont été menées afin d'augmenter la compétitivité et d'investir dans des mesures de facilitation du commerce.

Au-delà du commerce, l'Afrique s'est très largement ouverte aux investissements directs.

Les investissements étrangers atteignent des niveaux sans précédent, même s'ils restent concentrés sur un nombre limité de secteurs (hydrocarbures, mines).

L'attractivité économique de l'Afrique subsaharienne s'est considérablement renforcée au cours des dix dernières années.

Elle a attiré l'attention des puissances émergentes, des puissances industrielles et des acteurs privés comme jamais, si bien que la part mondiale des Investissements Directs Etrangers (IDE) à destination de l'Afrique subsaharienne a doublé depuis 5 ans pour atteindre un peu moins de 6 % en 2012.

On a longtemps conservé l'image d'une Afrique assistée par l'aide au développement. Or, aujourd'hui, les investissements directs avoisinent les 50 milliards d'euros par an, auxquels s'ajoutent 20 milliards d'investissement de portefeuilles et près de 60 milliards de transferts de migrants.

L'apport des financements extérieurs privés aux économies africaines ont donc largement dépassé le poids de l'aide au développement qui culmine à 50 milliards de dollars. En 2003, l'APD représentait 45 % des apports financiers à l'Afrique, en 2013 elle ne devrait représenter que 28 %.

L'apport des financements extérieurs privés à l'Afrique est deux fois plus élevé que l'APD.

L'Afrique n'est plus un continent soutenu à bout de bras par des bailleurs de fonds. C'est un changement structurel que l'on ressent dans le discours de tous les responsables politiques que nous avons rencontrés.

Alors qu'en Afrique plusieurs ministres nous ont dit : « Nous n'avons pas besoin d'aide, mais d'investissements », à Paris, Mathieu Pigasse a insisté sur l'idée que « les Français doivent avant tout être présents en Afrique sous la forme d'investissements productifs  (...) il faut oublier les schémas du passé, regarder les autres s'implanter dans ce qui deviendra demain un des plus gros marchés du monde ».

Le développement de la consommation, la richesse de ses sous-sols et de ses forêts et sa disponibilité en terres arables suscitent les convoitises, « boostent » sa croissance, et contribuent à multiplier le nombre des partenaires commerciaux qui viennent non seulement commercer avec l'Afrique, mais également s'implanter sur le continent dans les secteurs phares des services financiers, des infrastructures, de l'énergie, de l'agro-industrie, des télécoms et du BTP.

Dans ces secteurs, le capital-investissement international fait fureur tant les opportunités sont nombreuses.

La rentabilité des fonds de Private Equity en Afrique figure parmi la plus élevée au monde.

A titre d'exemple, en février 2012, la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé une prise de participation de 50 millions de dollars au fonds du Groupe Carlyle basé aux États-Unis, lequel prévoit d'investir pas moins de 500 millions de dollars en Afrique subsaharienne. En mai, la Banque d'investissement brésilienne BTG Pactual a lancé un fonds de capital d'investissement d'un milliard de dollars axé sur l'Afrique. En 15 mois, de janvier 2011 à mars 2012, huit nouveaux fonds destinés à l'Afrique orientale et australe ont été lancés.

L'Afrique de l'Est compte à elle seule 16 fonds dédiés, sur 53 en activité dans la région. En mars, Deloitte, un cabinet de conseil international et Africa Assets, un cabinet de recherche et de conseil privé, ont publié une enquête menée auprès des délégués d'environ trois douzaines de fonds. Cette enquête a révélé que près des quatre cinquièmes d'entre eux prévoyaient d'accroître leurs dépenses l'an prochain.

Les chiffres globaux sont impressionnants, bien qu'un peu volatiles. Les opérations de capital-investissement en Afrique subsaharienne sont passées de 741 millions de dollars en 2003 à 1,3 milliard de dollars l'an dernier, avec des phases ascendantes et descendantes entre-temps, selon l'Emerging Markets Private Equity Association.

Autrement dit les fonds internationaux d'investissement se tournent vers l'Afrique qui commence à profiter à plein de la finance internationale.

La raison en est simple, nous a dit M. Luc Rigouzzo, qui dirige Amethis Finance (société de conseil en financement et investissements pour l'Afrique) avec un budget 200 à 300 millions d'euros en fonds propres et 200 à 300 millions en dette : « La rentabilité des investissements directs en Private Equity en Afrique figure parmi la plus élevée au monde».

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