N° 558

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 2013-2014

Enregistré à la Présidence du Sénat le 22 mai 2014

RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation (1) sur les politiques temporelles des collectivités territoriales ,

Par M. Edmond HERVÉ,

Sénateur.

(1) La délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation est composée de : Mme Jacqueline Gourault, présidente ; MM. Claude Belot, Christian Favier, Yves Krattinger, Antoine Lefèvre, Hervé Maurey, Jean-Claude Peyronnet, Rémy Pointereau et Mme Patricia Schillinger, v ice-présidents ; MM. Philippe Dallier et Claude Haut, secrétaires ; MM. Jean-Etienne Antoinette, Yannick Botrel, Mme Marie-Thérèse Bruguière, MM. François-Noël Buffet, Raymond Couderc, Jean-Patrick Courtois, Michel Delebarre, Éric Doligé, Mme Anne-Marie Escoffier, MM. Jean-Luc Fichet, François Grosdidier, Charles Guené, Edmond Hervé, Pierre Jarlier, Georges Labazée, Joël Labbé, Gérard Le Cam, Jean Louis Masson, Rachel Mazuir, Jacques Mézard, Mme Renée Nicoux, MM. André Reichardt, Bruno Retailleau, Alain Richard et Jean-Pierre Vial.

AVANT-PROPOS

Comment l'utilisation de notre temps, de nos temps peut-elle être la plus utile, pour soi et pour tous, et contribuer à une qualité de vie individuelle et collective ?

La question semble évidente et pourtant, pour de multiples raisons, elle n'a pas toujours la place qu'elle mériterait d'avoir dans notre démocratie, en particulier au moment où nos concitoyens s'interrogent sur leurs conditions de vie et le rôle des politiques.

Pour y répondre, il faut tout d'abord avoir une claire perception de ce temps.

Nous sommes à l'ère des temps multiples, différenciés, concurrents et inégaux.

Temps multiples : nous savons distinguer le temps de travail et le temps hors travail mais il nous faut également penser aux temps de formation, de transport, de famille. Au temps civique, au temps domestique, au temps pour soi.

Temps différenciés : chacun de ces temps est hétérogène, discontinu. Pensons au temps de travail avec ses successions d'activités, de formation, de chômage...Un même temps peut dépendre de plusieurs employeurs.

Temps concurrents : comment concilier travail et formation, travail et loisirs ?

Temps inégaux : première des inégalités : la durée de vie ; la valeur du temps travaillé n'est pas la même pour tous. Le temps des femmes n'est bien souvent pas celui des hommes.

Il existe des temps durables, d'autres éphémères, prévisibles ou imprévisibles. Il y a le temps de la durée et celui de l'urgence, le temps de la nature et celui de la machine.

De nouveaux temps sont à prendre en considération : le temps de la nuit, le temps du numérique, le temps de la fin de vie...

Tout ceci traduit les mutations de notre société. Temps et lieu, temps et activité ne coïncident plus automatiquement.

Il ne faut pas en rester à cette approche théorique. Bien souvent, la contrainte temporelle la plus pesante est celle liée aux enfants. La disponibilité des parents et l'impression d'être pris dans un étau temporel dépend des horaires d'accueil des structures prenant en charge la petite enfance et de l'accueil périscolaire tout comme des horaires de travail. Une part non négligeable de la population peut être concernée. Lors des auditions, il a été souligné que dans certaines villes, comme Montpellier, près de 22% de la population active était impactée par la réforme des rythmes scolaires, proportion à laquelle doit être ajoutée la part des parents d'enfants en bas âge.

Chaque ville a son identité démographique. À titre d'exemple, souvenons-nous de Saint-Denis : 49 % de moins de 30 ans ; 30% de familles monoparentales ; 7 % de croissance ; 34% de personnes travaillant sur place.

La plupart de « nos » temps sont décidés. Par qui ? Et quelle est notre part dans cette fixation ?

Cette interrogation d'autant plus justifiée que le temps - trop souvent - peut être facteur d'inégalité, d'injustice, de disparité, de désordre, de régression.

Comment convient-il de procéder pour tendre vers d'autres aboutissements ?

Nombreux sont les acteurs publics et privés ordonnateurs de temps : l'État, les administrations, les entreprises... Le présent rapport sera consacré à la place des collectivités territoriales dans l'aménagement des temps, à ce que l'on appelle les politiques temporelles territoriales.

Ce thème n'a pas l'importance de l'aménagement de l'espace. Or espace et temps sont intimement liés, volontairement ou involontairement.

Lorsque le département a été créé, il s'agissait bien d'une invention « spatio-temporelle ». Cette collectivité était définie géographiquement à partir d'une mesure temporelle : tout citoyen devait pouvoir accéder au chef-lieu de son département en une journée de voyage à cheval : » ce système de découpage traduit à la fois un principe égalitaire, une volonté de suprématie urbaine et l'introduction d'un système de quantification » 1 ( * ) .

Au cours des dernières décennies, la politique d'aménagement du territoire va connaitre un développement remarquable. L'une de ses finalités ? Nous retrouvons le temps : il faut s'émanciper du temps, gagner du temps.

C'est affaire de politique routière, ferroviaire, aérienne 2 ( * ) . C'est aussi affaire de techniques d'information et de communication. Avec la décentralisation, l'émergence de « l'intelligence territoriale », la recherche d'autonomie personnelle, de proximité, une nouvelle approche de nos temps se fait jour.

Il nous faut répondre à une question : comment utiliser au mieux, individuellement et collectivement tous ces temps qui occupent notre vie. Comment les maîtriser ? Comment les aménager ? Il y a toujours eu des questions sur le temps mais ce qui est nouveau, intéressant et nécessaire c'est de s'interroger sur la globalité de ces temps.

Fin des années 1990, début des années 2000, le monde de la recherche s'est emparé de ce sujet 3 ( * ) , notamment grâce à des praticiens plus particulièrement sensibilisés.

À la demande de Nicole Pery (secrétaire d'État aux Droits des femmes et à la Formation professionnelle) et de Claude Bartolone (ministre délégué à la Ville), votre rapporteur rédigeait un rapport remis le 19 juin 2001 intitulé « Temps des Villes ». Ce titre mérite précision. Hier « campagne », « rural », « agricole » constituaient des synonymes décrivant un mode de vie conjuguant proximité de l'activité, voisinage, partage générationnel de l'habitat, autarcie, unité territoriale, dominance du triptyque travail - famille - religion.

Pendant longtemps, le temps rural présent et futur a ressemblé au temps passé. Nous étions dans une société stable. Le monde rural de la fin des années 1940 et du début des années 1950 était plus proche de celui de la fin du XIX e siècle que des années 1960.

Aujourd'hui, le mode de vie urbain a grandement influencé le milieu rural. Un processus économique, culturel, institutionnel s'est généralisé, qu'il s'agisse du rapport aux services, aux institutions, aux rythmes de vie. Même si des différences demeurent (pensons au principe d'accessibilité et aux inégalités territoriales qui en résultent, la gestion des temporalités relèverait plus du particulier, de l'individuel que du collectif) le phénomène de métropolisation est là, avec ses avantages et ses inconvénients.

Dans leur lettre de mission qui faisait suite à un colloque intitulé « Temps des femmes, temps des villes » (organisé à Poitiers en mai 2000), les ministres invoquaient l'égalité entre les hommes et les femmes, la réduction du temps de travail, l'évolution de l'emploi...Des facteurs qui créaient « les conditions d'une nouvelle approche des modes de vie urbains . » Il était précisé : « beaucoup reste à faire pour que services et publics se conjuguent dans le sens d'une meilleure qualité de vie, pour que le travail soit vécu par tous et toutes sur un autre mode qu'une course contre la montre, pour que les transports urbains ne soient pas du temps gaspillé et pour que le temps gagné le soit au profit de tous, notamment pour un meilleur accès à l'éducation, aux loisirs et à la culture. C'est pourquoi, il convient d'innover et de préparer les adaptations nécessaires dans nos villes pour que la vie des habitants ne soit plus une succession de contraintes au rythme imposé et subi et soit sensiblement améliorée. Il s'agit de prendre en compte le temps des villes à l'image des expériences menées avec succès dans certaines villes européennes. »

Innover, adapter : une nouvelle approche des temps s'impose.

I. UNE APPROCHE NOUVELLE : LA GLOBALITÉ DES TEMPS

En introduction de son rapport de 2001, votre rapporteur signalait cinq grands changements : l'allongement de la vie, la mutation du travail, l'irruption de nouvelles technologies de l'information et de la communication, la mutation des comportements et la mobilité. Constater des changements relève de l'objectivité mais dans une logique d'action, il nous faut saisir les enjeux. Le constat fait en 2001 reste d'actualité plus de dix ans après, et s'est même accentué.

A. LES TEMPS CHANGENT

La présente partie rappellera l'analyse faite en 2001 puis s'efforcera de montrer l'accentuation des changements constatés alors.

« Hier, trois temps accaparaient les anciennes générations : le temps du travail, le temps de la religion et celui de la famille. La mobilité était restreinte. »

1. L'allongement de la vie

En 2001, votre rapporteur avait dressé le constat suivant :

L'allongement de la vie, conjugué à d'autres facteurs, rend caduque la trilogie des principaux âges d'hier :

- l'enfance, temps de formation ;

- la maturité, temps de travail ;

- la vieillesse, temps de repos.

Si le temps de l'enfance demeure marqué par le temps scolaire (répétitif en primaire, alternant au collège, cours et heures libres, reste inchangé et chargé, soumis à des préoccupations d'adulte alors que le temps de celui-ci s'est beaucoup modifié) il s'est allongé 4 ( * ) . Le temps de formation lui-même s'étend, se fractionne. On parle de société éducative, consacrant éducation permanente et continue.

La vie professionnelle a perdu de son uniformité avec le chômage, la précarité, les mutations.

L'entrée dans le troisième âge se fait graduellement. Le passage de l'activité professionnelle vers l'inactivité professionnelle est progressif (cessation progressive d'activité, préretraite, chômage de fin de carrière). La France est l'un des pays où la population de plus de cinquante ans est la plus faiblement employée.

Si le troisième âge commence donc plus tôt, constituant un véritable marché économique, le quatrième âge, à partir de 75 ans, relève plus de l'institutionnel et des services 5 ( * ) .

Une décennie plus tard, cette analyse est toujours d'actualité. En effet, de manière générale, l'espérance de vie à la naissance est supérieure à 84 ans. Elle a augmenté entre 1981 et 2011 de 8 ans pour les hommes et de 6,5 ans pour les femmes.

Le temps consacré au travail a diminué. Jean Viard, dans son éloge à la mobilité 6 ( * ) , estime qu'au XIX e siècle, l'espérance de vie d'un ouvrier ou d'un paysan était de 500 000 heures. Il travaillait 200 000 heures, soit 40% de son temps de vie et 70% de son temps éveillé. Seules 100 000 heures étaient consacrées au temps libre. En 2002, l'espérance de vie est passée à 700 000 heures. Le temps consacré au travail, pour avoir une retraite complète sur la base de 42 annuités avec une durée légale du travail de 35 heures par semaine, est de 67 000 heures. Cela représente 9% de notre temps de vie et 16% de notre vie éveillée. En ce qui concerne le temps libre, il est passé de 100 000 heures à 400 000 heures : il a été multiplié par quatre en l'espace de 150 ans.

2. La mutation du travail

Le travail a évolué dans sa durée, sa nature, son contenu et son genre.

a) La durée du temps de travail

Le rapport de 2001 s'inscrivait dans un contexte particulier : la mise en place des 35 heures.

La réduction du temps de travail en Europe est une tendance de long terme. Au XIX e siècle, on travaillait 4 000 heures par an, contre 1 500 heures 7 ( * ) aujourd'hui.

Elle a pour objectif l'amélioration de la condition des travailleurs, la création d'emplois. Elle doit intéresser le temps de vivre.

Interrogés sur les effets de la mise en oeuvre des accords de réduction du temps de travail, 59% des bénéficiaires déclarent une amélioration, 28% estiment que « rien n'a changé » et 13% y voient une dégradation.

Le gain peut prendre la forme d'une demi-journée par semaine ou d'une journée par semaine ou par quinze jours. Le plus souvent le jour choisi est le vendredi, le mercredi ou le lundi.

Si l'on recourt à des congés supplémentaires, ils sont accolés aux week-ends, aux vacances scolaires et aux congés normaux 8 ( * ) .

La flexibilité se développe avec un standard parmi d'autres : la semaine de quatre jours.

Le taux de chômage baisse mais la précarisation demeure avec les emplois à temps partiel, les emplois intérimaires, les contrats à durée déterminée et la dérégularisation des horaires.

Or, tant le passage aux 35 heures que l'évolution de la société et de l'emploi a conduit à un développement des horaires de travail atypiques. En France, comme le rappelle l'enquête de la DARES de 2009 sur les horaires atypiques et contraintes dans le travail , la norme sociale implicite veut que l'on arrive à son travail le matin, que l'on parte en fin d'après-midi, dans les deux cas à des horaires prévus, et que l'on ait deux jours de repos le week-end. Mais cette norme sociale ne représente plus que partiellement la réalité : selon l'enquête « conditions de travail » de l'INSEE en 2005, près de deux salariés sur trois travaillent selon des horaires qualifiés d'atypiques. L'atypie est de plusieurs natures :

- le travail de nuit : selon l'article L. 3122-29 du code du travail, « tout travail entre 21 heures et 6 heures est considéré comme travail de nuit » ;

- le travail les samedis, dimanches ou jours fériés ;

- une amplitude horaire journalière inférieure à cinq heures ou supérieure à huit heures ;

- l'absence d'une journée continue avec une pause le midi : temps morcelé, fragmenté, avec des coupures d'une durée variable ;

- un rythme de travail irrégulier.

7% des salariés ont une activité à forte variation saisonnière , ce qui se traduit par des durées de travail plus longues ou plus courtes à certaines périodes de l'année. C'est notamment le cas dans les secteurs de l'agriculture, de la construction, mais aussi dans celui des biens de consommation et du service aux entreprises.

Selon l'INSEE, en 2010, 15% de la population travaillait la nuit, ce qui représente 3,5 millions de personnes, soit un million de plus que dix ans auparavant. C'est d'ailleurs le travail habituel de nuit qui est en forte augmentation. En effet, en 1991, 3,4% des salariés travaillaient la nuit de manière habituelle, contre près de 7,5% en 2005. A l'inverse, le travail occasionnel la nuit a fortement baissé, passant de plus de 10% en 1998 à moins de 8% en 2005. Le travail des femmes la nuit a également augmenté : en 1991, elles représentaient un cinquième des salariés travaillant la nuit, contre un quart en 2005. En outre, ces chiffres sous-estiment la réalité, dans la mesure où la définition du travail de nuit de l'INSEE est plus restrictive que celle du code du travail : est considéré comme du travail de nuit pour l'INSEE celui effectué de minuit à 5 heures du matin.

S'agissant du travail le dimanche, plus de 28% des salariés déclarent travailler le dimanche, dont la moitié de manière régulière. Le pourcentage de personnes travaillant le dimanche de manière habituelle est d'ailleurs en augmentation depuis 1990. Selon le récent rapport de Jean-Paul Bailly sur le travail dominical 9 ( * ) , cela s'explique par la forte croissance de la permanence des services de santé et médico-sociaux. La part des femmes travaillant le dimanche a également augmenté. On constate que le pourcentage de femmes salariées travaillant habituellement le dimanche est plus élevé que celui des hommes salariés (14,2% contre 11,2%). Enfin, presque la moitié des personnes en situation d'emploi travaille le samedi.

L'enquête de la DARES distingue six catégories de salariés en fonction de leurs horaires :

- les salariés aux horaires normaux, qui représentent 37%;

- les salariés aux horaires habituellement décalés, qui travaillent en majorité dans les métiers en contact avec le public, représentent 19,1% des salariés. La principale contrainte est due à un travail habituel le week-end et/ou le dimanche ;

- les salariés aux horaires occasionnellement décalés représentent 10,2% des salariés. La contrainte horaire principale est le fait de travailler occasionnellement en fin de semaine et/ou la nuit ;

- les salariés aux horaires variables en cours d'année, dont l'activité fluctue en fonction de l'activité saisonnière, représentent 6,7% des salariés ;

- les salariés aux horaires longs et flexibles, principalement les cadres, représentent 9,5% des salariés. La principale contrainte résulte de la longueur de la journée et de son imprévisibilité horaire ;

- les salariés à temps partiel représentent 17,5% des salariés. Ils sont le plus souvent soumis à des journées hachées, à des horaires imprévisibles et à un travail le week-end. Il est à noter que la proportion de salariés à temps partiel a doublé en 20 ans.

L'étude réalisée par Kéolis en 2007 10 ( * ) , sur les mutations de la société française traduit bien l'évolution des rythmes de travail et la fin d'une synchronisation de la société. Ainsi, seuls 35% des salariés arrivent et quittent leur travail aux heures de pointe. 35% des salariés ont une durée de travail qui varie selon les jours de la semaine et 60% des actifs n'ont pas les mêmes heures d'entrée et de sortie au cours de leur semaine de travail. Seuls 50% des salariés travaillent du lundi au vendredi et 47% des salariés interrogés bénéficient de RTT, dont 79% les prennent librement. En région parisienne, avec la mise en place des 35 heures, on a vu croître de 16% les départs des Parisiens le jeudi soir par le train, comme le note Jean Viard, faisant écho aux premiers constats dressés en 2001.

En outre, dans les faits, pour beaucoup de salariés, cette diminution du temps de travail n'a pas entraîné une modification des horaires de travail hebdomadaires : ils continuent à travailler 40 heures par semaine mais bénéficient de jours de congés supplémentaires.

Le tableau suivant est repris de l'enquête de la Dares de mai 2009 sur les horaires atypiques et contraintes dans le travail 11 ( * ) : une typologie en six catégories. Les chiffres sont tirés de l'enquête conditions de travail de l'Insee de 2005. Le tableau, dont le champ est constitué par les salariés, se lit comme suit : 21,5% des salariés de la catégorie « horaires normaux » ont une durée de travail supérieure à 40 heures hebdomadaires.

Contraintes d'horaire des différentes catégories de salariés (en pourcentage)

Catégories
de salariés

Horaires normaux

Horaires décalés habituels

Horaires décalés occasionnels

Horaires variables en cours d'année

Horaires longs et flexibles

Horaires à temps partiels

Ensemble

Durées hebdomadaires de 40 heures
et plus

21,5

29,8

26,5

22,6

74,2

1,8

25,2

Dépassements d'horaires fréquents sans compensation

14,3

21,8

11,9

14,4

55,7

12,4

19,1

Reçoit des appels professionnels hors du temps
de travail

8,6

12,3

14,3

3,6

31,7

11,4

12,2

Soumis à
des astreintes

9,1

10,5

14,1

2,1

22,3

3,8

9,8

Emporte du travail chez soi

3,6

14,4

9,3

7,2

32,7

7,9

10,0

Commence le travail avant 7h

12,4

20,6

17,3

14,3

2,8

4 ,0

12,7

Termine le travail après 20h

4,5

14,1

2,4

0,9

11,3

8,0

7,2

Travaille habituellement
la nuit

4,6

22,3

5,0

4,0

1,3

2,9

7,3

Travaille occasionnellement la nuit

3,8

7,9

29,3

3,2

13,6

2,8

7,9

Travaille habituellement
le samedi

6,5

96,8

0,0

4,7

1,3

30,3

26,6

Travaille occasionnellement le samedi

7,6

0,3

98,6

27,7

44,4

13,8

21,4

Travaille habituellement
le dimanche

0,4

48,8

0,0

2,2

0,7

12,4

11,9

Travaille occasionnellement le dimanche

2,5

13,9

59,9

8,7

24,1

10,3

14,3

Ne connaît pas ses horaires pour la semaine à venir

9,4

8,4

10,6

3,6

25,1

9,7

10,3

Horaires fixés
par l'entreprise

69,6

81,5

74,7

73,1

4,4

64,0

65,4

Horaires libres

2,7

7,5

4,9

1,8

73,9

12,6

12,3

Modulation de la durée du travail

9,4

24,0

17,5

99,9

31,2

24,7

23,9

Ensemble

37,1

19,1

10,2

6,7

9,5

17,5

100

b) La nature du travail

En 2001, votre rapporteur notait que « le travail industriel classique perd[ait] de sa prééminence. 60 à 70% des emplois se situ[aient] dans les activités de service ». Entre l980 et 2007, l'industrie française a perdu 2 millions d'emplois, tandis l'emploi dans les services marchands augmentait de 53%. 12 ( * ) Or, la transformation d'une société industrielle en une société dont le modèle économique repose sur le tertiaire entraîne de nouvelles contraintes temporelles. L'économie de services repose sur une coproduction, une coordination entre celui qui exécute le service et le bénéficiaire, alors même que le besoin s'exprime souvent en amont ou en aval des heures traditionnelles de travail (garde d'enfants, loisirs, ...). Cela conduit à une rupture d'unité de temps et participe à la fin de la synchronisation de la société.

c) Le contenu du travail

Le travail a tendance à devenir plus dense (moins de temps pour accomplir une même tâche), exigeant plus de polyvalence. C'est pourquoi il est impossible de s'intéresser au temps de travail sans s'intéresser à ce que contient ce temps. 13 ( * )

d) Une nouvelle parité

En 2001 déjà était dressé le constat d'une présence accrue des femmes sur le marché du travail.

Une majorité de femmes s'inscrivent sur le marché du travail. En 1962 le taux d'activité des femmes de 25 à 49 ans était de 41,5% ; il est aujourd'hui de 80%. Les femmes représentent 45% de la population active, contre 35% au début des années 1960.

Pour Dominique Méda 14 ( * ) , « elles sont désormais durablement installées dans le travail et plus diplômées que les hommes et, pourtant, les inégalités entre hommes et femmes au travail restent considérables ».

Ces inégalités consistent en une surreprésentation des femmes dans le chômage, dans les formes particulières d'emploi (C.D.D., intérim, stages et contrats aidés), la moindre réussite hiérarchique, l'infériorité salariale. Force est de constater que la société ne s'est pas adaptée - ni culturellement, ni institutionnellement - à cette transformation.

Ces mutations de temps de travail, et donc de l'économie, libèrent un temps hors travail important, sans pour autant que la vie des personnes en soit automatiquement facilitée.

Les femmes sont tout spécialement concernées : les évolutions de la vie, de la famille, une mixité limitée de la fonction parentale font qu'elles ont beaucoup de difficultés à conjuguer les temps de l'activité professionnelle, du conjoint, des enfants et de soi.

Avec la flexibilité et l'individualisation du travail, nous sommes face à une désynchronisation effective, lourde de conséquences pour qui s'intéresse au temps de la ville.

En outre, la centralité du travail demeure, même si notre politique de solidarité nous en libère et que, politiquement, le déterminisme des modes de vie semble l'emporter sur celui des modes de production, tout au moins parmi les jeunes générations 15 ( * ) .

L'emploi salarié féminin a continué à croître. Aujourd'hui en France près de 84% des femmes de 25 à 49 ans sont actives, soit une progression de quatre points en dix ans, et l'un des taux d'emploi féminin les plus élevés de l'Union européenne. Or il s'agit aussi de la période où les femmes sont susceptibles d'avoir de jeunes enfants. Elles s'arrêtent donc de moins en moins souvent de travailler pour s'occuper de ces derniers. L'augmentation du taux d'activité des femmes est d'ailleurs un objectif de l'Union européenne.

En France, le nombre de couples biactifs est en augmentation, entraînant une baisse du modèle de la famille centrée autour du seul salaire de l'homme. La proportion des couples biactifs a augmenté de presque 6 points entre 1990 et 2002, passant de 52 % à 58 %. Elle dépasse aujourd'hui les 60%, imposant une nouvelle organisation des tâches, notamment la garde des enfants 16 ( * ) . Le manque de temps est cité comme étant pour les parents source de stress 17 ( * ) . « 26 % des pères et 38 % des mères, qu'ils ou elles soient en couple ou en situation de monoparentalité, affirment souffrir de ce stress ». C'est ce que souligne également le rapport de la commission des Pays-Bas sur « l'aménagement des temps quotidiens » en 1998 18 ( * ) : « La journée entière se passe à prendre des dispositions, à planifier, à organiser. Cela commence tôt le matin. Les enfants doivent être habillés à temps, les sandwichs préparés et les livres de classe rangés dans les cartables. Chacun doit impérativement être amené au bon endroit à la bonne heure : un enfant à la crèche et l'autre à l'école. Puis c'est la course pour se rendre au travail. La dernière heure de la journée, l'attention se fixe constamment sur l'horloge, pour ne pas arriver en retard à la crèche » .

Enfin, la proportion de familles monoparentales augmente. En 2007, 13,5% des enfants en France vivaient avec un seul de leurs parents. Selon l'OCDE, ce nombre devrait augmenter de 23% d'ici 2030.

3. Les nouvelles technologies

L'utilisation des nouvelles technologies est sans commune mesure par rapport à 2001. Il était d'ailleurs à l'époque inimaginable de prévoir un développement aussi rapide, tant en ce qui concerne la part de couverture de la population que l'utilisation qui en est aujourd'hui faite. Cependant à l'époque déjà, les nouvelles technologies influençaient le temps.

Même si leurs utilisations sont imprévisibles (cf. l'usage du minitel et du téléphone portable), nous savons qu'elles abolissent les distances, les lieux, les temps et les horaires. Elles rapprochent les activités. Elles peuvent mettre à la disposition de chacun une somme infinie d'informations, modifiant substantiellement nos pratiques et nos comportements. Elles créent de nouvelles formes de mobilité. Ainsi bouleversent-elles notre propre vie domestique, le rythme de nos achats, l'organisation de nos déplacements et nos pratiques culturelles. Elles rendent plus floues les frontières classiques entre travailleurs indépendants et salariés contractuels. Elles créent de nouvelles continuités entre privé et professionnel, entre temps de travail et temps hors travail.

Ces techniques ne se substituent pas les unes par rapport aux autres, elles s'additionnent.

Mettent-elles en cause le phénomène de l'urbanisation ?

Certains ont cru que la modernité technique allait provoquer le retour des citadins à la campagne : au début des années 80, des observateurs ont pensé que les télécommunications allaient opérer ce transfert. Ils ont évoqué le développement du télétravail (travail à domicile) et le télé-pendulaire (travail en alternance bureau-domicile).

Ces effets délocalisateurs n'ont pas eu lieu. Loin de défaire la ville, les nouvelles technologies de l'information et de la communication la renforceront tout en modifiant substantiellement son fonctionnement. Ajoutons que la personne humaine a besoin de rencontres, de communications personnelles directes, affectives, interactives. Rien ne remplacera la négociation interpersonnelle. Toute communauté a besoin de festivités. D'où l'importance dans la ville des places publiques.

Historiquement, le dynamisme métropolitain s'est toujours servi de la modernité.

Culturellement, celle-ci reproduit les réseaux hiérarchiques existants. Le téléphone en fournit un exemple particulièrement probant : il n'a pas empêché la diminution de la population rurale, indépendamment des avantages qu'il apportait. La ville a sa propre dynamique. Elle se sert et se servira des nouvelles techniques qui sont et seront de plus en plus présentes, diversifiées et massives 19 ( * ) .

Aujourd'hui, la présence des technologies de l'information et de la communication dans notre environnement professionnel, comme dans notre vie quotidienne et familiale est sans comparaison possible avec la situation d'il y a dix ans. Ainsi, au quatrième trimestre 2013, 75,7 millions de cartes SIM étaient en service en France, un nombre en progression de 4,9% en un an et un taux de pénétration (ratio entre le nombre de cartes SIM et la population française) de 117,1%. Afin de voir encore mieux cette évolution, on peut rappeler qu'en 2001, on franchissait pour la première fois la barre symbolique du milliard de SMS envoyés au cours d'un trimestre. Au dernier trimestre 2013, ce sont plus de 51,6 milliards de SMS qui ont été envoyés. Le trafic des données émises et reçues ainsi que la consommation moyenne de data sont en pleine explosion. Au dernier trimestre 2013, la consommation moyenne mensuelle de data était de 221 mégaoctets par client, soit une augmentation de 70,1 % en un an. Cela s'explique par l'arrivée de la 3G et de la 4G sur les téléphones portables permettant le transfert de données, allant de la consultation et l'envoi de mails, à l'envoi de photos et vidéos, ou encore l'organisation de visioconférences.

Enfin, de manière tout aussi symbolique, le recours aux publiphones est de plus en plus faible : 9 millions de minutes au quatrième trimestre 2013, contre 15 millions au quatrième trimestre 2012. A titre de comparaison, au dernier trimestre 2001, on dénombrait 456 millions de minutes de communication. En conséquence, le nombre de publiphones diminue : nous sommes ainsi passés depuis le dernier trimestre 2013 sous la barre des 100 000 appareils (94 455 unités). Pour mémoire, ce chiffre était de 215 471 au dernier trimestre 2001.

4. La mutation des comportements

Une tendance à l'autonomie, à l'individualisation émerge dans notre société. On veut vivre en pensant à soi. Les sociologues considèrent cette tendance comme un mouvement de fond, durable, analogue au temps libre, qu'on retrouve dans la majorité des nations riches, libérales, sociales, démocratiques.

Aux origines de cette tendance, citons :

- la disparition de la société industrielle taylorienne caractérisée par ses rythmes massifs et standardisés ;

- le déclin de l'influence des modes de production sur le comportement ;

- l'importance du temps hors travail ;

- le recul des grandes appartenances religieuses, syndicales et politiques ;

- le déplacement des centres d'intérêts politiques ;

- une meilleure formation avec une pluralité d'orientation ;

- une dé-standardisation de la consommation ;

- une diversité des offres culturelles ;

- une croissance des valeurs de permissivité (par rapport à la sexualité, à la famille, à la religion) et l'affaiblissement du principe de transcendance.

Chacun souhaite être acteur de sa propre vie, avoir son mot à dire en tant qu'habitant, citoyen, contribuable, travailleur, parent, enfant, suivre autant que possible son propre rythme avec pour conséquences l'irrégularité, la variabilité, la diversité. Ceci se répercute à l'intérieur du domicile, chacun souhaitant avoir son propre espace, vivre à son rythme personnel.

La recherche de sphères de liberté n'empêche pas, bien au contraire, des appartenances multiples (de territoires, de fonctions, d'intérêts).

Ce mouvement vers la liberté - autonomie qui se nourrit du respect de soi et des autres ; n'est synonyme ni de solitude, ni d'égoïsme ; il n'est pas contraire au vouloir « vivre ensemble », à l'universalisme.

La vie associative, coopérative, mutualiste demeure active. L'économie sociale, l'économie solidaire, la demande de services publics conservent leur intensité.

Chaque jour, nous voyons que nos compatriotes sont capables de se mobiliser. De nouvelles solidarités se créent. L'opinion n'est pas insensible. Les urbains sortent. Les gens voyagent 20 ( * ) .

5. La mobilité

Elle conditionne la liberté. L'assigné à résidence est exclu.

Nos lieux de travail peuvent être multiples, diversifiés, tout comme nos lieux de loisirs, de services, de commerces, d'intérêts. « Nos lieux », mais également ceux des enfants, de l'époux, de l'épouse, du compagnon, de la compagne. Et les horaires de fréquentation différents.

Nos appartenances territoriales ne sont plus uniques. Nous pouvons être d'une rue, d'un quartier, d'une commune, d'une agglomération, d'un pays, d'une région, d'une communauté, d'un mouvement, d'une association. Cette multi-appartenance fonde notre identité. Mobilité encore avec la notion de parcours résidentiel, de parcours professionnel. Nous avons besoin d'accéder à différentes centralités : commerciales, artisanales, scientifiques, culturelles, patrimoniales, festives.

Le dualisme centre-périphérie, tout comme le tryptique « métro-boulot-dodo » perdent de leur impact. La mobilité permet d'habiter la ville, de tisser des liens avec l'extérieur. A la ville de faire vivre cette mobilité, socle de la liberté et de l'égalité.

Si la mobilité est une fonction urbaine, elle apparaît également comme une valeur, un mode de vie 21 ( * ) .

En 1982, les Français parcouraient en moyenne 17,4 km chaque jour de la semaine. Ils en parcouraient 25,2 km en 2008. La distance quotidienne parcourue a ainsi augmenté de 2,1 km entre 1994 et 2008, et le temps consacré aux transports de 1,6 minute sur la même période. Les populations se déplacent plus loin, mais aussi plus vite, en raison du développement des infrastructures de transport : la longueur du réseau autoroutier est passée d'environ 5 300 km en 1980 à 8 300 km en 1995, puis à 11 054 km en 2008. Le réseau TGV inauguré en septembre 1981, a vu sa longueur passée de 1 574 km en 1994 à 1 847 km en 2008. On citera aussi l'inauguration récente (2007) de la ligne à grande vitesse de l'Est.

L'augmentation des vitesses de déplacement permettant d'aller aujourd'hui plus loin dans un même laps de temps est facteur d'étalement urbain. C'est pourquoi, les politiques d'aménagement du territoire doivent, en plus de l'approche spatiale traditionnelle, travailler sur et prendre en compte les vitesses de mobilité dans les territoires.

En outre, 10% des Français déménagent tous les ans, le taux de mobilité variant en fonction de l'âge. Le graphique ci-dessous répertorie la mobilité des personnes par tranche d'âge. Mis à part les moins de 25 ans, dont la forte mobilité s'explique par la poursuite d'études, la mobilité des autres tranches d'âge est liée à des changements d'ordre professionnel ou familial.

Source INSEE

L'une des conséquences de cette mobilité accrue est que seuls 7% des grands- parents gardent leurs petits-enfants au quotidien.


* 1 Introduction d'un séminaire « Temps et Territoire », Christel Alvergne, DATAR, 11 janvier 2001.

* 2 Ceci n'est pas nouveau. En faire plus en moins de temps a toujours été une préoccupation. Vers 1750, on améliore le réseau routier, on creuse des canaux. La vitesse des calèches double entre 1814 et 1848. La malle-poste de Berlin à Cologne diminue son temps de liaison de 130 heures à 78 heures.

* 3 Voir « Urgences temporelles », Dominique Royoux, Patrick Vassallo, édition Syleps, 2013, pages 169 et suivantes.

* 4 Il y a des temps pour les mots : l'adolescence est une invention des psychologistes, fin XIXe, début XXe, pour décrire une période de crise. La vieillesse est une idée neuve (diversement appréciée : « un naufrage » pour Charles de Gaulle).

* 5 Indépendamment de l'allongement de la vie, les effets de la hiérarchie sociale demeurent. En 1980/1989, l'espérance de vie à 60 ans pour un ingénieur était de 22,3 ans, 17,1 ans pour un manoeuvre et 19,3 ans pour un petit commerçant. Le risque décès de 60 à 75 ans baisse suivant que l'on appartient à la catégorie des ingénieurs ou des manoeuvres.

* 6 Éloge à la mobilité : essai sur le capital temps libre et la valeur travail, Jean Viard, éditions de l'aube, 2008.

* 7 La durée du travail a été réduite de moitié à 14% de la vie éveillée d'un Français. La fin du chômage, Jean Boissonnat, Calman Lévy, 2001. Estimation du temps hors travail au cours de la vie : 25 000 heures en 1800, 45 000 en 1945, 135 000 en 1975, 170 000 heures en 2000.

* 8 Premières synthèses, Ministère de l'Emploi et de la Solidarité, mai 2001.

* 9 Rapport sur la question des exceptions au repos dominical dans les commerces : vers une société qui s'adapte en gardant ses valeurs , Jean-Paul Bailly, décembre 2013 .

* 10 Mutations de la société française : pour mieux comprendre la mobilité aujourd'hui, retour des enquêtes 2007, Kéolis. Enquête quantitative réalisée par le cabinet MMC, entretiens téléphoniques réalisés auprès de 3 300 actifs dans 11 agglomérations ; 18 700 journées de travail ont été enquêtées et décrites.

* 11 Horaires atypiques et contraintes dans le travail : une typologie en six catégories , DARES, mai 2009, n°22.2.

* 12 Les cahiers de la DG-Trésor, n°2010-01, juin 2010.

* 13 Le temps des villes, Edmond Hervé, rapport à Nicole Péry et Claude Bartolone, 2001.

* 14 Le temps des femmes, Dominique Meda, Flammarion, 2001, p. 16.

* 15 Le temps des villes, Edmond Hervé, rapport à Mme Nicole Péry et M. Claude Bartolone, 2001.

* 16 La dernière enquête « emploi du temps » de 2010 évalue à 3h07 le temps consacré quotidiennement aux tâches domestiques, soit autant de contraintes temporelles supplémentaires, et un allongement des journées. Les femmes sont les plus concernées, puisque que près des 2/3 des tâches sont effectuées par elles.

* 17 La difficulté de concilier travail-famille : ses impacts sur la santé physique et mentale des familles québécoises, Institut national de santé public du Québec, mars 2005.

* 18 Rapport final de la commission « Dagindeling » - aménagement des temps quotidiens, 1998.

* 19 Le temps des villes, Edmond Hervé, rapport à Mme Nicole Péry et M. Claude Bartolone, 2001.

* 20 Le temps des villes, Edmond Hervé, rapport à Mme Nicole Péry et M. Claude Bartolone, 2001.

* 21 Idem.

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