B. L'AUTONOMIE ÉNERGÉTIQUE EN PERSPECTIVE

Les États-Unis bénéficient pleinement de la baisse des coûts de l'énergie consécutive à la mise sur le marché des quantités importantes de gaz et de pétrole de schiste dont ils exploitent les gisements sur leur territoire. Cette exploitation massive constitue une véritable révolution, les États-Unis étant en mesure de redevenir l'un des tous premiers producteurs mondiaux d'hydrocarbures, de satisfaire leur demande intérieure et probablement même de dégager une capacité d'exportation . Comme le note fort justement Laurence Nardon 194 ( * ) : « si les effets économiques et environnementaux commencent à être connus, les impacts en terme de politique étrangère pour les États-Unis restent encore largement inexplorés. »

1. Une augmentation considérable de la production

Pétrole

2002

2012

Production

(en milliers de barils/jour)

7 362

10 003

10,8 % de la production mondiale -
3 ème rang derrière l'Arabie saoudite (13,1%) et la Russie (12,9%)

Consommation (en million de tonnes )

900,7

831

19,9% de la consommation mondiale - 1 er rang devant la Chine (12,1%) et le Japon (5%)

Gaz (en mds de m3)

2002

2012

Production

540,8

687,6

20,6 % de la production mondiale 1 er rang devant la Russie (17,9%), l'Iran (4,9%), le Qatar (4,7%) et le Canada (4 ,6%)

Consommation

575,3

671

22,2% de la consommation mondiale (1 er rang) devant la Russie (12,3%, la Chine et l'Iran (4,8%)

Source : BP Statistical review of World Energy - juin 2014 195 ( * )

Ils sont devenus le premier producteur mondial de gaz et devraient selon certaines projections, devenir premier producteur mondial de pétrole, devant l'Arabie Saoudite, en 2020, avant de devenir autosuffisants en 2035. Ils ont amélioré considérablement et concomitamment leur sécurité d'approvisionnement énergétique 196 ( * ) et le prix de l'énergie mis à disposition de leurs industries.

a) Un rétablissement en grande partie liée à l'augmentation de la production d'hydrocarbures non-conventionnels

Entre 2007 et 2012, la fracturation hydraulique a multiplié par 18 la production de ce qui est appelé « light tight oil » (pétrole de schiste), un pétrole de haute qualité découvert dans le schiste ou dans les grès que l'on peut libérer par fracturation hydraulique. Cet essor a réussi à inverser le long déclin de la production de pétrole brut américaine, qui a cru de 50 % entre 2008 et 2013 197 ( * ) , la moitié de cette production provient du pétrole de schiste.

Ce graphique montre la très forte croissance de la production de pétrole de schiste à compter de 2011. Pour M. Giacomo Luciani, professeur à l'Institut des hautes études internationales et du développement de Genève et à l'Institut d'études politiques de Paris, entendu par la commission 198 ( * ) : « Il est néanmoins difficile d'extrapoler cette tendance pour le futur, la quantité de ressources exploitables étant difficile à évaluer car tributaire des conditions d'extraction et de la nature des formations géologiques. Les experts sont divisés ».

Source : International Energy Agency - World Energy Outlook 2012

« La production américaine de pétrole conventionnel continue à baisser fortement. On s'attend néanmoins à ce que la production globale de pétrole progresse jusqu'aux alentours de 2020 grâce au pétrole de schiste avant que cette dernière source atteigne son plafond (2 à 3 millions de barils de plus qu'aujourd'hui) d'ici 4 à 5 ans, se maintienne à ce niveau une dizaine d'années et baisse ensuite. Cela représente une fenêtre d'opportunité pour l'économie américaine, mais cela ne durera pas « éternellement » ».

Entre 2005 et 2013, la production de gaz de schiste a crû de près de 50 % chaque année. Passant d'un peu plus de 20 milliards de m 3 en 2005 à 330 milliards en 2013 199 ( * ) , les gaz non conventionnels représentent aujourd'hui 50 % de la production de gaz aux États-Unis.

Dans le même temps, l'Amérique a réussi à réduire notablement sa consommation (même en tenant compte de la baisse conjoncturelle de la demande due à la crise économique). Depuis 2005, la consommation a diminué de 9 %. Ceci est le fruit des économies d'énergie (véhicules plus efficaces, évolution des modes de consommation...), et de la place croissante prise par les biocarburants (éthanol, biodiesel). L'administration Obama a mis en place de nouveaux standards pour les véhicules légers et lourds introduits sur le marché, pour les bâtiments et appareils électroménagers, et des subventions aux énergies renouvelables.

b) La marche vers l'autosuffisance

« Plus de quarante ans après que Richard Nixon l'a souhaité au lendemain du premier choc pétrolier, l'Amérique est en passe de rétablir sa sécurité énergétique. Vers 2030, elle pourrait avoir réduit la part de ses importations dans sa consommation énergétique totale à 11 %, si l'on en croit les projections de l'Energy Information Administration (EIA). D'autres prévisions la voient devenir indépendante (et exportatrice) au cours de la décennie 2020. » 200 ( * ) .

Les importations 201 ( * ) de pétrole ont pu être réduites grâce à l'augmentation de la production nationale. En octobre 2013, les États-Unis ont extrait plus de pétrole qu'ils n'en ont importé. La dépendance du pays, avait atteint un pic en 2005 (60 %). Il importe aujourd'hui moins de 40% de sa consommation 202 ( * ) . Néanmoins, le pétrole continuera à peser lourd dans les importations durant les prochaines années. Si en 2040, 63 % de la demande devrait être satisfaite par la production domestique, le fait de rester importateur net implique que le prix américain du pétrole continuera à suivre les cours mondiaux. Le montant des achats de pétrole est tombé à 28,5 milliards de dollars dont 21,4 milliards pour le brut.

Les États-Unis bénéficient en outre et jusqu'à ce que les Canadiens expriment la volonté d'exporter, au-delà des États-Unis, le gaz et surtout le pétrole qu'ils pourraient tirer d'une exploitation plus intense des sables bitumineux, d'un apport de pétrole canadien à un prix très compétitif (50 dollars le baril soit la moitié du prix mondial). Les raffineries américaines en constituent le seul débouché à l'exportation. C'est selon le professeur Luciani l'un des enjeux de l'oléoduc Keystone XL et « ce qui explique ses difficultés, c'est qu'il permettrait au Canada d'exporter directement leur pétrole vers le reste du monde à partir du golfe du Mexique, alors que les Américains veulent rester les seuls clients » .

Dorénavant, la production domestique leur permet de réduire les importations de gaz, jusqu'à assurer son indépendance et de maintenir un prix faible par rapport aux marchés mondiaux. Les prix du gaz américain ont considérablement chuté depuis 2008, atteignant 4 dollars/million de BTU 203 ( * ) en 2013 (tête du puits) alors qu'en 2008 le prix moyen était de 9 dollars/million de BTU. Certains experts voient là un niveau de prix trop faible pour pérenniser la production. Mais, selon le professeur Luciani, « la productivité à l'échelle de chaque plateforme de perforation est en train de s'améliorer, ce qui va permettre une baisse des coûts de production et rendre cette source d'énergie plus compétitive . »

c) Vers une capacité d'exportation

Selon le Professeur Luciani, « un écart se creuse depuis 2011 entre le prix du pétrole de référence aux États-Unis et le prix du brent qui s'explique par le fait que le pétrole produit dans le Middle West ne peut être acheminé jusqu'aux raffineries situées sur les côtes, il ne peut qu'être utilisé sur place, ce qui constitue un avantage concurrentiel pour l'économie américaine. En conséquence, les États-Unis n'exportent pas de pétrole brut, mais uniquement et en quantité plus importante des produits pétroliers raffinés. » . « Les exportations de produits pétroliers ont plus que doublé dans la période considérée en raison de la hausse de l'exportation de diesel, de fuel et d'essence, essentiellement vers le Mexique et le Canada, mais aussi vers l'Europe. Cette hausse est rendue possible par la réduction de la demande (qui libère les capacités de raffinage), et par la modernisation des techniques de raffinage (qui permet une hausse de la production). Pour la première fois depuis 1949, les États-Unis étaient, en 2011, exportateurs nets de produits pétroliers 204 ( * ) .

Dans deux ans, le gaz de schiste liquéfié dans les usines implantées sur les bords du golfe du Mexique commencera à alimenter le marché mondial. L'administration manifeste des réticences face aux lobbies des producteurs, mais elle devrait donner son feu vert à plusieurs projets dans les prochains mois. 205 ( * )

Les États-Unis sont en plein débat quant à l'utilisation des ressources nouvelles en gaz. Les énergéticiens souhaitent pouvoir exporter du GNL pour le vendre plus cher. La faiblesse actuelle des prix du gaz pénalise la rentabilité du secteur. Les investisseurs qui avaient construit à grand frais des installations portuaires de regazéification de GNL importé, souhaitent maintenant les inverser pour exporter du GNL américain 206 ( * ) . Ils pressent l'administration d'accorder les autorisations nécessaires. De telles structures doivent être déclarées « d'intérêt national » pour être approuvées 207 ( * ) . En revanche, les industriels souhaitent que cette ressource reste sur le territoire américain, et donc que les prix restent bas. Ces industriels sont rejoints par un mouvement protectionniste, qui condamne la volonté d'exporter les richesses américaines 208 ( * ) . Certains élus au Congrès s'inquiètent également de l'impact sur la facture énergétique des consommateurs.

Dans un souci de concilier les deux approches, Washington délivre au compte-goutte des autorisations de construction de reconversion des terminaux d'importation de GNL en structures d'exportation 209 ( * ) .

d) Des interrogations sur la pérennité de ce développement

Les experts sont divisés sur la pérennité de ce développement. Chris Nelder 210 ( * ) estime que le pari sur les hydrocarbures non conventionnels pourrait s'avérer décevant parce que les réserves ont été surestimées. L'Agence internationale de l'Énergie qui utilise le concept de « réserves techniquement récupérables » a abaissé ses estimations passant de 862 TCF en avril 2011 à 482 TCF en janvier 2012 211 ( * ) . Les deux principales sources de données aboutissent à des résultats contradictoires 212 ( * ) .

En outre, des compromis devront être trouvés entre les préoccupations environnementales et les risques associés à la fracturation hydraulique, d'une part, et la garantie des bénéfices économiques de la production, d'autre part. En effet, le cadre légal et réglementaire a jusqu'à maintenant favorisé les producteurs, mais ne protège pas suffisamment l'environnement et les ressources aquifères, ce qui pourra avoir un effet sur les coûts de production. Il pourrait en revanche faciliter l'exploitation là où elle est aujourd'hui interdite.

2. Un renforcement conséquent de la puissance américaine
a) Un effet sur la croissance et sur l'emploi dont l'ampleur est discutée

Les effets de la révolution du schiste se répandent dans toute l'économie américaine, notamment grâce à une électricité peu chère . Le gaz est devenu plus compétitif que le charbon et même que le nucléaire pour produire de l'électricité 213 ( * ) . Le prix du gaz a chuté sur le marché américain où l'unité de base (la Million Metric British Thermal Unit MmBTU) s'équilibrait à 4 dollars mi-2013 contre 16 sur le marché asiatique et 11 sur le marché européen.

L'effet le plus immédiat est la création de nouveaux emplois et de richesses dans le secteur de l'énergie mais au-delà, les industries qui utilisent le gaz comme matière première comme la pétrochimie ou la sidérurgie, voient leur avantage compétitif s'accroître et leur permet d'engager une relocalisation de certaines activités. Le boum énergétique dope les investissements américains en infrastructure, construction et services. Le Mc Kinsey Global Institute estime qu'en 2020, la production de pétrole et de gaz non conventionnels aura fait progresser le PNB américain de 2 à 4 %, soit en gros de 380 à 690 milliards de dollars et créer 1,7 millions d'emplois permanents 214 ( * ) .

Certains experts contestent cette appréciation et relativisent l'impact des « hydrocarbures non-conventionnels » sur l'économie : en 2010, les filières d'extraction de gaz et pétrole représentaient 0,33 % des emplois du secteur privé, en 2011, ces mêmes filières représentaient 1,6 % du PIB.

Selon l'Institut du développement durable et des Relations internationales (IDDRI), l'impact des hydrocarbures non conventionnels (gaz et huile) est marginal et le restera. Les productions de gaz et de pétrole, qui ont augmenté respectivement de 33 % et 52 % entre 2005 et 2013, ont effectivement fait baisser le prix de l'énergie à la tête du puits, de 8 à 4 dollars le million de BTU. Mais cela a eu peu d'influence sur le coût de l'énergie : les prix de l'électricité résidentielle ont augmenté en continu, de 25 % annuellement, entre 2005 et 2012. Par ailleurs, le gaz ne représente que 27 % du mix énergétique, et 13 % de la consommation des particuliers.

b) Le redressement de la balance commerciale en perspective

Les importations d'énergie ont atteint jusqu'à environ la moitié des 720 milliards de dollars du déficit commercial des États-Unis, la baisse des importations d'énergie conduisent d'ores et déjà à une amélioration de la balance commerciale avec une réduction du déficit commercial américain de 70 milliards en 2012, selon IHS 215 ( * ) .

3. Un impact et une capacité d'action sur les marchés mondiaux de l'énergie
a) Les fournitures américaines, additionnées aux productions nouvelles, ont changé la donne sur le marché mondial des énergies et auront un effet modérateur sur les prix de ces matières premières

La révolution américaine de l'énergie n'a pas seulement des implications commerciales, elle a aussi des conséquences géopolitiques de grande portée . Les cartes du commerce international de l'énergie ont déjà été redessinées depuis que les importations américaines continuent de diminuer et que les exportateurs trouvent de nouveaux débouchés. La plupart du pétrole d'Afrique de l'Ouest, par exemple, vogue vers l'Asie plutôt que vers les États-Unis.

Si les États-Unis exportent de grandes quantités de GNL 216 ( * ) , les marchés jusqu'ici distincts 217 ( * ) vont devenir plus intégrés. Cela demandera des années d'investissements en infrastructures, mais même dans ce cas, ne sera pas un marché unifié comparable à celui du pétrole, l'accroissement de la liquidité aidera à abaisser les tensions sur les prix en Europe et en Asie dans la décennie à venir. 218 ( * )

Le classement mondial des pays producteurs de pétrole a été bouleversé par le schiste : les États-Unis pourront dépasser l'Arabie Saoudite d'ici 2017, et devenir exportateur net d'ici 2030. A l'instar du gaz, mais de manière plus directe, la production de pétrole de schiste pourrait également affecter le prix qui pourrait baisser de 20 % ou plus.

Les pays consommateurs devraient retrouver des marges de manoeuvre tandis que les pays traditionnellement exportateurs perdent en influence et pourraient être impactés sur le plan intérieur.

L'augmentation de la production américaine risque donc de mettre une pression à la baisse sur les prix mondiaux du pétrole et du gaz, diminuant dès lors le levier géopolitique que certains fournisseurs utilisaient depuis des décennies . Des pays qui aiment utiliser leur offre d'énergie à des fins diplomatiques - souvent contre les intérêts américains - vont voir leur influence baisser.

b) Les États-Unis sortent renforcés

Depuis 1971, lorsque la production de pétrole a décliné, l'énergie a été vécue comme un handicap stratégique pour le pays, avec sa soif toujours plus grande d'obtenir des hydrocarbures à un prix raisonnable ce qui nécessitait parfois des alliances incongrues et des obligations complexes à l'étranger. Cette logique a pris fin, et les nouvelles énergies disponibles commencent à soutenir l'économie américaine et à doter Washington d'un nouveau levier d'influence dans le monde.

4. Des marges de manoeuvre nouvelles pour la diplomatie américaine ?

L`augmentation de la production et leur moindre dépendance au pétrole et au gaz importés vont renforcer la puissance politique et économique des États-Unis. Elle permettra également, dans une certaine mesure, de perfectionner les outils du leadership américain.

a) L'autosuffisance ne signifie pas le désengagement américain

Une diminution des importations d'énergie n'est pas synonyme d'indépendance énergétique complète. L'aubaine énergétique devrait contribuer à faire cesser le sentiment décliniste aux États-Unis.

(1) Un effet mécanique de modération sur le cours mondial des hydrocarbures

Depuis la fin de la Guerre froide, les États-Unis se sont efforcés de réduire leur dépendance relative au regard du pétrole moyen-oriental . Les importations nettes en provenance du Golfe représentaient 27,4 % du total de ces importations en 1990, et seulement 22 % en 2011, soit environ 10 % de leur consommation. Jusqu'à présent, cette réduction était essentiellement due à la diversification des importations. L'augmentation rapide de la production nord-américaine et l'accès à de nouvelles sources (Afrique notamment) garantiront la poursuite de cette évolution. 219 ( * )

La moindre dépendance envers les fournitures d'énergie outre-mer - et des pays producteurs avec lesquels Washington a eu souvent des relations épineuses - va doter les États-Unis d'une plus grande autonomie d'action pour poursuivre sa « grande stratégie ».

(2) La prospérité américaine reste liée à celle du monde

Néanmoins, les États-Unis resteront fermement liés aux marchés globaux de l'énergie . Leur diplomatie de l'énergie a toujours été guidée par un double souci : sécuriser leurs approvisionnements et assurer la liberté de circulation des matières premières et des produits raffinés, essentielle au bon fonctionnement de l'économie. En effet, toute interruption brutale dans l'approvisionnement mondial affectera toujours le prix à la pompe aux États-Unis et la croissance. L'intérêt américain à préserver la stabilité des marchés internationaux reste entier.

Rien n'est plus vrai qu'au Moyen-Orient, où les intérêts vitaux des États-Unis - dans la prévention du terrorisme, la lutte contre la prolifération nucléaire et la promotion de la sécurité régionale pour protéger des alliés comme Israël et maintenir la production d'énergie - dureront comme l'ont rappelé Mme Jane Nakano et M. Samuel J. Brannen, du Center for Strategic and International Studies lors de leur entretien avec le groupe de travail.

Il en sera aussi de la police des biens communs ( Global Commons ), comme les principales voies maritimes à travers lesquelles circulent l'énergie et les autres biens 220 ( * ) , qui constitue un axe fort de la posture stratégique américaine, notamment dans la zone Asie-Pacifique.

(3) La donne a également évolué avec les lourdes menaces que fait peser le changement climatique

Secrétaire d'État sous le premier mandat Obama, Mme Hillary Clinton avait créé, fin 2011, au sein du département d'État, un « Bureau of Energy » chargé de piloter la « diplomatie énergétique » de son ministère. L'énergie « continuera d'être dans toute sa complexité (géopolitique, économique et environnementale), une des questions déterminantes du XXI e siècle », déclarait-elle, un an plus tard. « Nous remodelons notre politique étrangère pour refléter cela » 221 ( * ) . Cette dimension est incluse dans la stratégie du « rééquilibrage » du département d'État : « la diplomatie énergétique jouera un rôle plus large dans la politique économique sur les deux rives du Pacifique (...). À mesure que les États-Unis passeront de l'autosuffisance à l'exportation, les aspects diplomatiques joueront un rôle plus important dans sa politique de l'énergie » 222 ( * ) .

(4) Cette situation renforce les incompréhensions sur la posture stratégique américaine

Ces vérités sont peu comprises, les États-Unis ont besoin d'expliquer à leurs interlocuteurs nationaux et étrangers que, même si la carte géographique de l'énergie est en train de changer, les intérêts nationaux des États-Unis ne le sont pas. Il est certain que les États-Unis demeureront le pays le plus puissant de la planète. De fait, ils ne seront jamais en mesure de se protéger eux-mêmes des chocs de l'économie mondiale, aussi resteront-ils profondément engagés outre-mer . Cette évidence devrait rassurer les alliés américains au Moyen-Orient notamment 223 ( * ) .

b) Le renouvellement des outils au service de la diplomatie américaine
(1) Un pouvoir de sanction renforcé

Lorsqu'il s'agira d'imposer des sanctions économiques, la diversification des approvisionnements en énergie confèrera de nets avantages. Selon certains observateurs, il aurait été quasiment impossible de mettre en place des restrictions sans précédent aux exportations de pétrole de l'Iran sans un accroissement des fournitures américaines 224 ( * ) . On observera que ces sanctions ont été mises en place alors même que la production en Irak et en Libye, en raison de leur situation politique intérieure, restait à un bas niveau. Cela ouvre donc aux États-Unis la possibilité de rallier plus facilement des partenaires à sa politique.

(2) Des nouveaux outils de coopération

Disposant de la technologie, en développant des programmes spécifiques de coopération, les États-Unis tentent déjà de favoriser la réduction de la dépendance des pays consommateurs, notamment européens, au gaz russe en encourageant le développement des gaz de schiste.

Des efforts en ce sens sont déployés par le Bureau des ressources énergétiques, créé par le département d'État en novembre 2011, qui gère l'initiative américaine Unconventional Gas Technical Engagement Program (UGTEP) visant à aider les pays importateurs de gaz naturel russe (Chine, Pologne) à développer leurs ressources de gaz de schiste. Avec l'Ukraine, Washington a signé en 2011 un mémorandum d'entente visant à aider le pays à explorer et développer ses réserves de gaz non conventionnel tandis que le groupe américain Chevron a conclu en novembre 2013 un accord pour exploiter les gaz de schiste dans l'Ouest du pays.

Le gouvernement américain pourrait utiliser son expertise en matière d'énergies non-conventionnelles pour coopérer avec la Chine. Les États-Unis partagent de nombreux intérêts avec la Chine. Les deux pays sont de grands consommateurs d'énergie. Tous deux souhaitent une économie mondiale stable et en croissance, ce qui dépend d'un approvisionnement fiable en énergie à un prix raisonnable. Tous deux veulent limiter le changement climatique. Et tous deux veulent diversifier leurs sources d'approvisionnement en énergie 225 ( * ) . Comme l'indique Laurence Nardon, des coopérations ont été mises en place entre entreprises, mais aussi dans le cadre du dialogue officiel entre Pékin et Washington 226 ( * ) .

Toutefois, les États-Unis ne sont pas la seule source d'approvisionnement possible pour la Chine, le récent accord avec la Russie, négocié depuis 10 ans, en est l'illustration.

(3) Des moyens de sécurisation des approvisionnements et de réduction des tensions sur les marchés

La production d'huile de schiste peut servir également de « tampon stratégique ». Ainsi, certains observateurs mettent en avant que l'accroissement de la production pétrolière dans le Dakota du Nord et le Texas a permis d'appliquer plus facilement l'embargo contre le pétrole iranien.

« La mise sur le marché d'une partie des stocks stratégiques américains fixés à un haut niveau dans un contexte de pénurie peut avoir un impact sur les prix. » C'est ce que Washington a ainsi « indirectement signifié, le mercredi 12 mars, en annonçant qu'il testait la mise sur le marché de 5 millions de barils de pétrole, soit moins de 1 % de ses stocks stratégiques, qui atteignent aujourd'hui 696 millions de barils. Ces réserves avaient été créées en 1974, en même temps que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) pour répondre à toute interruption d'approvisionnement, notamment à un embargo des pays producteurs.

Il n'en demeure pas moins que cette décision prise au plus haut niveau envoie un message politique. Les réserves stratégiques, qui représentent 210 jours d'importation de brut (contre un minimum de 90 jours imposé par l'AIE) ne sont plus seulement mobilisables en cas de risque de pénurie. Ces stocks ont été utilisés plusieurs fois par les États-Unis, seuls ou en coordination avec les autres pays membres de l'AIE au moment de la première guerre du Golfe (1990-91), de l'ouragan Katrina dans le sud des États-Unis (2005) ou de la guerre en Libye (2011). Mais le dernier véritable test de vente remonte selon le DoE à août 1990, lors de l'invasion du Koweït par l'Irak (4 millions de barils mis en vente). » 227 ( * )

(4) Un atout important dans les négociations d'accords de libre-échange

Le renouveau énergétique donne aussi de nouveaux leviers aux négociateurs américains sur le commerce, dès lors que d'autres pays 228 ( * ) sont candidats pour avoir accès au GNL américain, notamment dans le cadre des négociations des deux accords de commerce multilatéraux majeurs : le Partenariat transatlantique pour le commerce et l'investissement (avec les 28 états membres de l'Union européenne) et le Partenariat Trans-Pacifique (avec 11 pays de la zone Asie-Pacifique et des Amériques).

Lorsque la question des exportations de GNL sera abordée, la loi des États-Unis pour donner des accords automatiques aux terminaux de livraison du gaz aux pays qui auront signé des accords de libre-échange s'appliquera. À défaut, les autorisations sont soumises à une procédure d'examen pour déterminer si ces ventes sont dans l'intérêt national des États-Unis. Pour plusieurs pays d'Asie et d'Europe souhaitant inclure du gaz américain à leur mix énergétique, obtenir ce statut commercial spécifique est d'une grande valeur ajoutée. En fait, cet encouragement s'est avéré crucial pour convaincre le Japon, avide en gaz à la suite du désastre de Fukushima, de se joindre aux discussions sur le Partenariat Trans-Pacifique.

(5) Un moyen de « réassurance » des Alliés, Européens et Asiatiques, encore très dépendants, dont l'efficience reste à démontrer

Certains experts (Blackwill et O'Sullivan) estiment que « les États-Unis devraient commencer à utiliser les nouvelles ressources énergétiques pour empêcher leurs alliés d'être tyrannisés par des fournisseurs moins amicaux » 229 ( * ) . Ces idées ont été relayées au plus fort de la crise ukrainienne par certains hommes politiques, comme le speaker de la Chambre des représentants John Boehner et l'ancien conseiller pour l'énergie Jason Bordoff. Ces propositions ont été jugées peu réalistes pour différentes raisons.

Le marché européen n'est pas unifié, les pays de l'Europe de l'est sont confrontés à des prix plus élevés et des problèmes de sécurité plus importants. Le gaz n'est pas un service global avec un seul prix : il est vendu à des prix différents selon les fournisseurs locaux et la dynamique de la demande. Les pays de l'Europe de l'ouest ont accès à davantage de sources par gazoducs que la plupart de ceux de la périphérie et, dès lors, bénéficient de plus de sécurité et de meilleurs prix. Les pays de l'Europe de l'est sont spécialement vulnérables parce que la plupart sont enclavés et n'ont pas accès aux importations de gaz liquéfié.

Les exportations américaines à l'Europe arriveraient sous cette forme. Ceci supposerait l'existence d'un réseau de gazoducs robuste, interconnecté et réversible.

En outre, même si le GNL atteignait l'Europe de l'Est, il ne serait pas abordable en termes de prix. Après liquéfaction, transport et regazéification, il coûterait au moins le double du prix du gaz russe dont on sait déjà que le prix trop élevé a conduit à faire décroître sa consommation et à booster l'usage du charbon. En d'autres termes, le GNL américain n'est pas compétitif par rapport au gaz russe 230 ( * ) .

En outre, la concurrence avec les pays d'Asie restera forte et exercera une tension à la hausse, l'Europe risque donc de ne pas être la destination finale du GNL américain qui alimentera plus probablement l'Asie via le canal de Panama.

Enfin, les producteurs sont des entreprises privées. C'est le prix sur les marchés qui déterminera le destinataire final et non le gouvernement fédéral. Pour les experts comme M. Charles K. Ebinger ( Brookings ) et Mme Jane Nakano ( CSIS ), il est donc difficile pour les États-Unis de conduire une politique dirigiste en matière d'exportations et d'utiliser cette capacité comme un outil efficace de politique étrangère.

Le Président Obama a d'ailleurs rappelé que ces exportations ne pourraient être réalisées qu'au prix du marché, et souligné le 26 mars à Bruxelles à l'OTAN qu'une action des États-Unis dans ce domaine ne pourrait, en tout état de cause, s'inscrire que dans le long terme et qu'elle ne saurait constituer une solution immédiate à la crise.

Dans le même temps, les alliés des États-Unis dans l'Asie de l'est, comme le Japon 231 ( * ) , les Philippines et la Corée du sud, auront l'opportunité d'accroître leurs importations d'énergie directement des États-Unis et du Canada à partir de 2017. Leurs capacités à rejoindre les partenaires nord-américains, pour transporter le pétrole et le gaz par bateaux par les routes maritimes les plus courtes et les plus directes, devraient aussi donner à ces pays une plus grande tranquillité d'esprit 232 ( * ) , alors qu'ils s'inquiètent de la montée en puissance de la Marine chinoise et de la volonté de ce pays de contrôler les mers de Chine.

En outre, le développement des exportations n'est pas sans conséquence sur l'économie américaine (voir supra p. 148), il y aura nécessairement une volonté assez forte, notamment chez certains élus du Congrès pour en limiter l'ampleur. Pour Mme Jane Nakano ( CSIS ), il y a un vrai débat interne sur l'opportunité d'autoriser les exportations. Pour le gaz, cela suppose une adaptation des terminaux d'exportation, pour le pétrole brut, le débat est en cours. Il n'y a pas d'urgence à agir.

(6) Une meilleure position dans les négociations sur le changement climatique

La révolution du gaz de schiste améliore le leadership des États-Unis sur le changement climatique. Le gaz naturel émet 40 % de carbone de moins que le charbon. Les États-Unis sont en train d'atteindre leurs objectifs en matière de climat, simplement parce que le gaz s'est substitué au charbon. Cela donne aux États-Unis une plus grande crédibilité dans les négociations et ils devraient l'utiliser en adoptant une position plus vigoureuse à l'encontre des pays qui rechignent à limiter leurs émissions.

En 2011, le niveau d'émission de dioxyde de carbone dû au secteur énergétique américain était inférieur de 8 % à celui de 2005, une baisse en partie attribuée à la révolution des gaz non conventionnels : la chute des prix du gaz l'a fait se substituer au charbon, notamment pour la production d'électricité. En 2008, 22 % de l'énergie consommée était du gaz et 23 % du charbon ; en 2012, la part du gaz s'élevait à 27 % tandis que celle du charbon s'abaissait à 18 %.

Elle donne également un argument pour la diffusion de la technique d'exploitation du schiste fondé sur son effet positif pour le climat avec à la clé des capacités d'investissements ou de royalties pour les entreprises américaines.

Comme le rappelle fort justement Bruno Tertrais, « au fond, la conséquence stratégique principale de cette révolution en cours est plutôt d'affaiblir la thèse en vogue du « déclinisme » aux États-Unis : elle ajoute un atout à la liste déjà longue dont dispose l'Amérique au regard des géants asiatiques émergents. Déjà favorisée sur le plan géographique et démographique, encore pour longtemps dominante sur le plan militaire et scientifique, elle apparaît désormais mieux préparée que ses concurrents pour supporter les chocs économiques de l'avenir et mieux armée qu'eux pour affronter les défis stratégiques du siècle qui commence. » 233 ( * )


* 194 Laurence Nardon - directrice du programme États-Unis de l'IFRI - «  Les États-Unis vers l'indépendance énergétique ? » Politique étrangère 2/2013.

* 195 http://www.bp.com/content/dam/bp/pdf/Energy-economics/statistical-review-2014/BP-statistical-review-of-world-energy-2014-full-report.pdf

* 196 L'Agence internationale pour l'énergie définit la sécurité d'approvisionnement énergétique d'un pays comme sa capacité à garantir la disponibilité des sources d'énergie dont il a besoin à un prix raisonnable.

* 197 Certains experts prévoient que la production pétrolière américaine atteindra 11,3 à 16 millions de barils par jour en 2017, contre 6,5 millions entre 2012 (Salakaris, 2013).

* 198 http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20140428/etr.html

* 199 U.S. Energy Information Administration : http://www.eia.gov/naturalgas/issuesandtrends/?src=Natural-f5

* 200 Bruno Tertrais « La révolution pétrolière américaine : quelles conséquences stratégiques ? » Note n°09/13 Fondation pour la recherche stratégique - avril 2013.

* 201 Les États-Unis étaient devenus un importateur net dès la fin des années 1940. Ils restent aujourd'hui le premier importateur mondial, mais la Chine va bientôt les dépasser.

* 202 Jean-Michel Bezat  « Les États-Unis testent leur ?diplomatie énergétique ? » - Le Monde, 13 mars 2014.

* 203 Le British Thermal Unit est l'unité de référence américaine.

* 204 « La concurrence la plus sévère vient d'outre-Atlantique. En Europe, l'énergie absorbe 60 % du coût de fabrication des produits raffinés contre 30 % en Amérique, où le brut est moins cher en raison d'une dépréciation du pétrole local (WTI) par rapport au Brent de la mer du Nord. Les raffineries françaises ont perdu des parts de marché face à leurs rivales américaines. Aux États-Unis, où la France exportait de l'essence, qui n'est maintenant plus compétitive localement, alors que les Américains nous vendent désormais du gazole. En Afrique aussi, où les raffineurs américains écoulent du carburant moins cher que ceux venus de l'Hexagone. « Est-ce que cela ne préfigure pas ce qui nous attend dans la chimie et la pétrochimie ? » devenues très compétitives aux États-Unis s'interroge M. Schilansky, président de l'Union françaises des industries pétrolières. » tandis que celui des exportations de produits pétroliers (gazole, ...) atteignait 13,3 milliards. (+ 5,5 % sur un mois ) ». Jean-Michel Bezat - « Les États-Unis testent leur « diplomatie énergétique » » - Le Monde, 13 mars 2014.

* 205 Jean-Michel Bezat « Les États-Unis testent leur ?diplomatie énergétique ? » - Le Monde, 13 mars 2014.

* 206 GDF Suez, par exemple, investira entre 700 millions de dollars dans le site de Cameron Parish (Louisiane).

* 207 Le « Natural Gas Act » de 1938 soumet les exportations de gaz naturel ainsi que la construction ou l'expansion de terminaux méthaniers destinés à l'exportation de gaz à un régime d'autorisations préalables, délivrées par le département de l'Énergie (DoE) et la Commission Fédérale de Régulation de l'Énergie (FERC). L'autorisation d'exporter du gaz naturel est accordée par le DoE si l'exportation est jugée en conformité avec l'intérêt public (présomption de conformité pour les exportations à destination des pays liés aux États-Unis par un accord de libre-échange, à la condition que la clause de traitement national incluse dans l'accord couvre bien le secteur du gaz naturel).

* 208 Deplete America First.

* 209 Si les dossiers de reconversion des terminaux, par ailleurs extrêmement onéreuse, sont tous acceptés, 12 structures permettront en 2016 d'exporter 500 millions de pieds cubes de gaz par jour. Jusqu'ici, le DoE a accordé six licences d'exportation vers des pays non liés aux États-Unis par un accord de libre-échange. Le premier terminal d'exportation devrait devenir opérationnel d'ici 2016.

* 210 Spécialiste des questions énergétiques « Is there really so much shale gas in the ground » The Oil and the Glory - A Foreign Policy blog, 13 février 2012.

* 211 TCF 1 Trillion Cubic Feet soit 280 millions de m 3 .

* 212 Dans une étude de fin 2012, l'US Energy Information Administration estime que la dépendance pétrolière va diminuer avec des importations passant à 34 % en 2019, mais que celles-ci augmenteront légèrement par la suite en raison de l'épuisement des réserves, alors que l'Agence internationale de l'énergie attache plus d'importance au progrès des techniques de forage, aux économies d'énergie et aux énergies renouvelables. Il prévoit que les États-Unis atteindraient l'indépendance énergétique en 2035. L'extraction du gaz est peu rentable ; un prix plus élevé serait nécessaire pour assurer les investissements dans de nouveaux puits. Une question analogue se pose pour le pétrole. Quoiqu'il en soit, l'économie américaine dispose à moyen terme d'un gaz produit très bon marché et sur place.

* 213 Pour la première fois depuis 1990, fermetures de centrales pour raisons économiques.

* 214 Ainsi, les promoteurs du gaz de schiste avancent le chiffre de 870 000 emplois créés aux États-Unis d'ici 2015. D'ici à 2035, l'impact direct de cette nouvelle industrie est évalué à 3 millions d'emplois créés, 5 300 milliards de dollars d'investissement et 62 milliards de redevances à l'administration fédérale et 22 milliards aux particuliers.

* 215 IHS America's New Energy Future : The Unconventional oil and gas Revolution and the Us Economy, Eglewood, CO, décembre 2012 IHS Report.

* 216 Selon le nombre de terminaux d'exportation qui seront construits (voir infra p. 148), les exportations qui en seront issues viendront s'ajouter à l'accroissement principal du flux de GNL déjà disponible d'autres provenances. L'Australie est bientôt prête à dépasser le Qatar comme plus grand fournisseur de GNL ; d'ici 2020, les États-Unis et le Canada pourraient ensemble exporter l'équivalent de la capacité habituelle du Qatar. - Robert D. Blackwill et Meghan L. O'Sullivan « American's Energy Edge, the geopolitical consequences of the shale revolution » Foreign Affairs, mars-avril 2014.

* 217 Dans le passé, le prix du gaz variait beaucoup sur les trois grands marchés distincts de l'Amérique du Nord, d'Europe et d'Asie. En 2012, par exemple, le prix du gaz aux États-Unis s'établit à 3 dollars par million de BTU, alors que les Allemands paient 11 dollars et les Japonais 17 dollars - Robert D. Blackwill et Meghan L. O'Sullivan « American's Energy Edge, the geopolitical consequences of the shale revolution » Foreign Affairs, mars-avril 2014

* 218 Robert D. Blackwill et Meghan L. O'Sullivan précités.

* 219 Bruno Tertrais « La révolution pétrolière américaine : quelles conséquences stratégiques ? » - note n°09/13 Fondation pour la recherche stratégique, avril 2013.

* 220 Robert D. Blackwill et Meghan L. O'Sullivan « American's Energy Edge, the geopolitical consequences of the shale revolution » Foreign Affairs, mars-avril 2014.

* 221 Jean-Michel Bezat « Les États-Unis testent leur ? diplomatie énergétique ? » - Le Monde, 13 mars 2014.

* 222 Kurt Campbell et Brian Andrews (The Aia Group) - « Explaining the US »Pivot» to Asia» - Chatham House -Août 2013.

* 223 Robert D. Blackwill et Meghan L. O'Sullivan « American's Energy Edge, the geopolitical consequences of the shale revolution » Foreign Affairs, mars-avril 2014.

* 224 Daniel Yergin (IHS), Jane Nakano et Samuel J. Brannen , du « Center for Strategic and International Studies » ou Robert D. Blackwill et Meghan L. O'Sullivan Council on Foreign Relations : « A l'inverse des sanctions contre l'Iran, l'Irak, la Libye ou le Soudan dans le passé récent, qui ont été imposées dans des périodes où le marché était saturé, les sanctions actuelles contre l'Iran ont été mises en place alors que le marché était tendu et les prix élevés. Obtenir le soutien des autres pays, réticents à imposer des mesures aussi strictes à Téhéran, a demandé à Washington d'apporter la preuve que le retrait du pétrole iranien du marché international ne causerait pas une hausse des prix. En outre, les sanctions que le Congrès a votées en décembre 2011 conditionnent la mise en oeuvre de ces restrictions à la détermination de l'administration à prouver qu'il y a assez de pétrole sur le marché pour demander aux autres pays de réduire leurs importations. Alors que cette réserve donnait à la Maison-Blanche une véritable autorisation, elle n'a jamais eu à l'utiliser, en raison l'augmentation régulière de la production du pétrole de schiste qui a compensé les plus d'un millions de barils par jour que les sanctions obligeaient à retirer du marché. Ce pétrole américain a permis à Washington d'apaiser les craintes des autres gouvernements qui craignaient une augmentation des prix et, de la sorte, de gagner un soutien international pour des sanctions rigides et contraignantes. Ces mesures ont créé un dommage majeur pour l'économie iranienne et contribué à pousser l'Iran à s'asseoir à la table des négociations. Sans les fournitures américaines, les sanctions n'auraient jamais été approuvées ».

* 225 « Un tel chevauchement en termes d'intérêts entre les deux principaux consommateurs d'énergie crée de nombreuses opportunités de coopération. En décembre 2013, les États-Unis et la Chine ont réaffirmé leur intérêt partagé pour « des marchés de l'énergie sûre et bien approvisionnés » et ont discuté de coopération pour développer les ressources chinoises en énergie, y compris le gaz de schiste. Les compagnies chinoises investissent déjà des milliards dans le développement de l'exploitation du schiste en Chine et aux États-Unis. Mais Washington et Pékin devraient accélérer les progrès sur ce front en élargissant le Dialogue stratégique et économique États-Unis-Chine pour inclure le pétrole de schiste et en engageant de véritables ressources pour le développement de techniques afin d'exporter le pétrole et le gaz de schiste d'une manière efficace et responsable sur le plan environnemental. Si ces relations s'améliorent, les deux parties pourraient travailler en commun avec d'autres consommateurs d'énergie pour améliorer la sécurité énergétique globale - par exemple en étendant les opérations anti-pirateries à la Corne de l'Afrique ».

Robert D. Blackwill et Meghan L. O'Sullivan « American's Energy Edge, the geopolitical consequences of the shale revolution » Foreign Affairs, mars-avril 2014.

* 226 La Chine, qui est en passe de devenir le plus grand client du Golfe, est également en train d'acquérir certaines technologies dans le secteur des HNC. Les entreprises chinoises se sont engagées dans des coopérations avec des entreprises nord-américaines du secteur, avec l'objectif d'en retirer des transferts de technologie. Le groupe pétrolier chinois Sinopec et l'américain Devon Energy ont monté une joint venture en 2012 pour exploiter le gaz de schiste dans le Mississipi. Des investissements chinois sont également signalés dans les firmes qui exploitent les sables bitumineux de l'Alberta au Canada . Le gouvernement américain s'implique et organise des canaux de dialogue officiel sur ces questions, tels que le US China Strategic and Economic Dialogue ou l'US China Shale Gas Ressource Initiative organisée dès 2009 par le département d'État et le département de l'énergie. Laurence Nardon « Les États-Unis vers l'indépendance énergétique » Politique étrangère, 2-2013.

* 227 Jean-Michel Bezat « Les États-Unis testent leur « diplomatie énergétique » » - Le Monde, 13 mars 2014.

* 228 Actuellement, seuls le Canada et le Mexique membres de l'ALENA, mais aux besoins réduits étant eux-mêmes producteurs et exportateurs, peuvent être autorisés à importer du GNL des États-Unis.

* 229 Robert D. Blackwill et Meghan L. O'Sullivan « American's Energy Edge, the geopolitical consequences of the shale revolution » Foreign Affairs, mars-avril 2014 : « Comme cela passe par une révision des règles d'attribution des licences d'exportation de GNL et une expertise de leurs conséquences pour la sécurité nationale, le Département de l'énergie devrait considérer selon que les projets proposés soutiennent les alliés des États-Unis - une évolution qui devrait encourager les compagnies américaines du secteur de l'énergie à exporter vers ces pays, les aidant à résister aux pressions de la Russie ou d'autres pays ».

* 230 Brenda Shaffer - Visiting researcher at the Center for Eurasian, Russian and eastern Studies at Georgetown University - Pipeline problems - Council of Foreign relations - Foreign Affairs - 11 mars 2014.

* 231 Le Japon est actuellement un grand importateur de GNL en raison de l'arrêt de ses centrales, en cas de redémarrage de celles-ci la tension sur les prix en Asie sera plus faible.

* 232 Robert D. Blackwill et Meghan L. O'Sullivan « American's Energy Edge, the geopolitical consequences of the shale revolution » Foreign Affairs, mars-avril 2014.

* 233 Bruno Tertrais « La révolution pétrolière américaine : quelles conséquences stratégiques ? » Note n°09/13 Fondation pour la recherche stratégique, avril 2013.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page