ANNEXE 2 - LA NEUTRALITÉ AUTRICHIENNE

En octobre-novembre 1943, la conférence de Moscou, qui réunit le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l'Union soviétique, proclame la nullité juridique de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne le 12 mars 1938 (Anschluss) et exprime la volonté de rétablir après la guerre une Autriche souveraine. Mais l'URSS fait ajouter un paragraphe sur les responsabilités de l'Autriche pour sa participation à la guerre hitlérienne. En 1945, c'est en ennemies que les forces britanniques, américaines, françaises et soviétiques arrivent sur le sol autrichien et triomphent de l'armée du Reich.

La conférence de Potsdam divise l'Autriche en quatre zones et Vienne en quatre secteurs. Un gouvernement provisoire de large consensus est mis en place sous l'oeil vigilant des puissances occupantes. Ce gouvernement soumet chacune de ses décisions à la validation du conseil allié, également chargé de la dénazification de l'Autriche. En application de la conférence de Moscou, son rôle décroit cependant progressivement au profit des dirigeants autrichiens. À la suite d'élections libres, ces derniers proposent la neutralité de l'Autriche en échange de la libération de son territoire. Mais les négociations sont particulièrement difficiles alors qu'un « rideau de fer est descendu à travers le continent ». En 1947, l'Autriche accepte le plan Marshall. L'URSS tente alors de créer un état de fait capable de provoquer ce qui fut probablement l'objectif ultime de l'occupation soviétique, à savoir l'installation à Vienne d'un régime de « démocratie populaire ». Mais elle surestime largement l'influence du parti communiste autrichien.

A la mort de Staline en 1953, le nouveau commandant des forces soviétiques abroge le contrôle des individus aux frontières du secteur de l'URSS ; l'Ouest l'interprète comme un pas vers la pleine indépendance de l'Autriche. De fait, quand l'Allemagne de l'Ouest rejoint l'OTAN en 1955, l'URSS accepte finalement de retirer ses troupes. Moscou conditionne toutefois ce départ à l'exigence d'une neutralité de l'Autriche. Comme il ne peut pas être question de céder du terrain au bloc occidental, l'objectif est de créer une zone-tampon. L'Autriche, délivrée de ses troupes occupantes le 25 octobre, proclame sa neutralité « permanente et perpétuelle » le 26 octobre 1955 par une Loi constitutionnelle. En référence à celle-ci, depuis 1965, la fête nationale est célébrée le 26 octobre : la neutralité est véritablement un élément constitutif de l'identité nationale.

Le droit international impose certaines obligations aux pays neutres. La République autrichienne renonce ainsi à adhérer à toute alliance militaire. L'Autriche n'est donc pas membre de l'OTAN contrairement à la plupart des pays européens. Contrairement aux Suisses, les Autrichiens ont toutefois appliqué une vision de plus en plus souple de la neutralité. Ils adhèrent à l'ONU en 1955 et au Conseil de l'Europe en 1956. Ils n'adhèrent en revanche à l'Union européenne qu'en 1995, après avoir longtemps discuté de la compatibilité d'un tel engagement avec leur statut de pays neutre. Vienne prône un rôle actif des Nations-Unies. Elle a fourni à l'ONU un secrétaire général (Kurt Waldheim de 1972 à 1981) et accueille les sièges de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et de l'OSCE. Plusieurs centaines de soldats autrichiens sont engagés sous l'égide des Nations unies au Kosovo et au Liban.

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