B. ET LA FRANCE DANS TOUT ÇA ?

En 2010, le ministère chargé de l'écologie a sollicité l'expertise de la communauté française des sciences du climat afin de produire une régionalisation des simulations climatiques globales à l'échelle de la France. En septembre 2014, un nouveau rapport, Le climat de la France au XXI e siècle 47 ( * ) , est venu préciser concrètement la hausse des températures attendues en France d'ici à la fin du siècle ainsi que les principales évolutions possibles par rapport à la moyenne observée au cours de la période 1976-2005.

C'est peu dire que la métropole ne sera pas épargnée . Quels que soient les scénarios, le climat continuera de se modifier et ces évolutions seront de plus en plus perceptibles. La France a cette spécificité de se situer, sur le plan géographique, dans la zone de transition entre assèchement au Sud et augmentation des précipitations au Nord.

Sans surprise, elle n'échappera pas au réchauffement climatique et la hausse des températures risque d'y être plus importante que la moyenne planétaire. Plus chaude et plus pluvieuse dans les années à venir, la France devrait connaître des étés pouvant afficher jusqu'à 5°C supplémentaires d'ici à la fin du siècle et des épisodes climatiques extrêmes plus fréquents .

1. Plus de chaleur

En métropole, il est prévu une hausse des températures moyennes de 0,6°C à 1,3°C dès 2050, soit un niveau de réchauffement égal à celui qu'a connu la France entre 1901 et 2012. Autrement dit, ce qui s'est passé en cent douze ans pourrait de nouveau se produire en trente-cinq seulement. La hausse est attendue entre 2,6°C et 5,3°C à l'horizon 2071-2100. La canicule enregistrée en 2003 deviendrait ainsi la norme un été sur deux.

Pour mieux comprendre la portée de ces prévisions, rappelons qu'un seul petit degré de plus correspond, en France, à un déplacement du climat, du sud vers le nord, de 180 kilomètres environ . Autrement dit, le climat de Toulouse en 2050 serait en gros celui que connaissent aujourd'hui les villes de Lisbonne, Tunis ou Alger, en n'intégrant pas l'influence maritime.

L'Aquitaine n'est plus le pays des eaux

« Aujourd'hui, il fait 40°C à Bordeaux, 42°C à Toulouse. Depuis vingt jours, la température dans le Sud-Ouest de la France dépasse les 35°C. Les points d'eau en ville sont pris d'assaut. On se rafraîchit comme on peut. »

Tel est le scénario que présente l'agence de l'eau Adour-Garonne 48 ( * ) pour la journée du 10 août 2050. Selon l'étude prospective « Garonne 2050 » qu'elle a menée de 2010 à 2013, l'ensemble des connaissances disponibles convergent pour évoquer, à l'échéance de 2050, une augmentation de la température moyenne de l'air comprise entre 0,5°C et 3,5°C. Cette tendance sera particulièrement marquée en été, avec davantage de périodes de canicule et de sécheresse. Par voie de conséquence, l'évapotranspiration 49 ( * ) annuelle sera en nette augmentation.

Au demeurant, le réchauffement dans cette partie de la France est déjà patent . L'Association climatologique de la Moyenne-Garonne et du Sud-Ouest (ACMG) 50 ( * ) a pu constater la véracité du réchauffement climatique et ses conséquences sur l'agriculture 51 ( * ) :

- moins de gelées au printemps ;

- une période favorable aux cultures qui débute plus tôt et se termine plus tard ;

- des besoins croissants en eau pour les plantes ;

- une augmentation du nombre de journées de canicule en été.

Les relevés de températures sous abri effectués à Agen témoignent d'une progression moyenne de 2°C par rapport aux années soixante-dix .

2. Une modification du régime des précipitations dans le temps et dans l'espace

Selon le constat posé par l'Onerc, à l'horizon 2080-2100, il pleuvra de plus en plus dans les régions nord, de moins en moins dans les régions sud mais les sécheresses augmenteront aussi bien au nord qu'au sud : « Quand on regarde l'évolution saison par saison, notamment en été, on constate que la quasi-totalité des modèles climatiques prévoit un assèchement sur l'ensemble du territoire français. C'est un point important : avec plus de précipitations annuelles, la moitié nord en aura davantage en hiver mais moins en été, tandis que, pour les régions sud, les quantités de précipitations diminueront quelle que soit la période de l'année 52 ( * ) . »

Les conséquences du réchauffement seront aussi perceptibles sur le moindre enneigement des régions montagneuses, qui alimentent une bonne partie des grands fleuves, et sur la baisse importante des glaciers dans les Alpes françaises.

Source : Réseau Action Climat France - Mission Climat,
d'après le Giec, Météo France, l'OCDE et le Conservatoire du littoral


* 47 Coordonné par le climatologue Jean Jouzel, vice-président du Giec, et effectué par l'Onerc.

* 48 Audition du 15 juillet 2015 dans le cadre du déplacement à Toulouse.

* 49 Voir glossaire en annexe.

* 50 Audition du 15 juillet 2015 dans le cadre du déplacement à Toulouse.

* 51 Les contraintes et opportunités du changement climatique : Comment gérer la question des canicules de manière durable en associant ville et campagne ? - ACMG (www.acmg.asso.fr), Université Bordeaux II, University of Trás-os-Montes and Alto Douro, Vila Real, Portugal.

* 52 Compte rendu, joint en annexe, de l'audition de l'Onerc par la délégation - 10 mars 2015.

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