TROISIÈME PARTIE - DES MOYENS INDISPENSABLES À PRÉSERVER ET À ADAPTER À L'AUNE D'UNE PLAUSIBLE AGGRAVATION DU RISQUE DE FEUX À MOYEN TERME

I. UN RISQUE DONT LA PROBABILITÉ ET L'INTENSITÉ S'ACCROÎSSENT, NOTAMMENT SOUS L'EFFET DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

A. UN TERRITOIRE DE PLUS EN PLUS VULNÉRABLE FACE AUX INCENDIES DE FORÊTS

1. Une augmentation non contrôlée des surfaces forestières

Comme cela a été évoqué au début du présent rapport , les espaces boisés sont en expansion, notamment dans les départements reconnus comme très sensibles au risque , à l'instar de ceux de Corse, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales.

Cette augmentation de la surface forestière est d'autant plus inquiétante qu'elle se fait parfois au détriment de terrains agricoles , lesquels faisaient office de « zones tampons » face aux incendies, ainsi que le relève l'association « Forêt méditerranéenne ». 24 ( * ) Ce phénomène récent d' « accrues forestières » est particulièrement observé dans la zone Sud. Cumulé à un embroussaillement croissant, ce phénomène génère ainsi de plus en plus de viviers de départs de feux ou d'espaces propices à la propagation des flammes.

2. Une urbanisation croissante dans les zones à risque

L'extension des espaces boisés se trouve par ailleurs aggravée par une autre tendance, celui d'une urbanisation accélérée , plus particulièrement dans les milieux forestiers méditerranéens . En effet, les zones construites en forêt se multiplient, sans qu'il s'agisse nécessairement d'habitations prévues dans les documents d'urbanisme. Le rapport précité de la mission interministérielle de 2016 évoquait ainsi le problème de « cabanisation » dans les massifs forestiers.

L'urbanisation aggrave le risque d'incendie à double titre . D'une part, elle augmente les probabilités de départs de feux, qui sont pour l'essentiel d'origine humaine.

Rappelons qu'en France, seuls 5 % à 10 % des feux sont d'origine naturelle, alors que dans d'autres pays comme les États-Unis, les feux de foudre, seule cause naturelle d'incendie, sont beaucoup plus fréquents. D'autre part, la croissance de l'urbanisation entraîne avec elle une augmentation du nombre de personnes vulnérables dans les zones à risque . D'après un recensement effectué en 2008 par l'ONF, 500 000 constructions et 1,5 million de résidents étaient situés dans une zone à fort risque. En outre, la présence d'habitations - habitées ou non - complique les opérations de lutte de la sécurité civile, qui doivent alors prioritairement concentrer l'extinction des flammes sur les constructions, quitte à laisser brûler le reste de la forêt.

Comme le préconise l'IRSTEA 25 ( * ) , une plus grande maîtrise de l'urbanisation et une gestion active des forêts, consistant en une revalorisation de certains espaces boisés peu entretenus, sont nécessaires pour empêcher les départs de feux et favoriser les opérations de lutte.


* 24 Note de l'association « Forêt méditerranéenne », « Changer notre regard sur les incendies de forêt et agir sans délais, avril 2019 ».

* 25 Thomas Curt, unité de recherche d'Aix-en-Provence de l'IRSTEA, note sur les conséquences du réchauffement climatique sur le risque incendie de forêts, septembre 2017.

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