B. UNE INCIDENCE NOTABLE DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE SUR L'INTENSITÉ ET LA FRÉQUENCE DES FEUX DE FORÊTS

L'ensemble des personnes entendues et des études réalisées à ce sujet demeurent prudentes, mais tendent à considérer que le réchauffement climatique provoquera en France une probable extension surfacique et chronologique du risque d'incendies de forêts tout en favorisant l'émergence de feux de plus en plus intenses.

1. Les « méga-feux », un phénomène de plus en plus fréquent aux conséquences lourdes

La notion de méga-feux désigne un cas nouveau dans la typologie des feux de forêts, en raison de son émergence liée au changement climatique . Recouvrant des réalités différentes selon les pays, sa définition scientifique reste à préciser, mais il est admis qu'on parle de méga-feu dès lors que la surface parcourue par les flammes ainsi que sa vitesse de propagation atteignent des dimensions exceptionnelles - par exemple, au-dessus de 10 000 hectares pour la surface -, et que les dommages causés sont largement supérieurs à ceux des incendies « classiques ». La mortalité est en effet plus élevée et les dégâts environnementaux sont souvent durables, surtout si de tels feux étaient amenés à se reproduire année après année.

La France est concernée par ce phénomène , certes dans des proportions infimes par rapport aux grands feux sévissant en Amérique du Nord, en Sibérie, en Amazonie ou en Indonésie. D'après l'association « Forêt méditerranéenne », « ces incendies dépassent de loin les capacités d'extinction des secours terrestres et aériens réunis , qui se rabattent sur des tentatives de protection des biens et des personnes » . Elle cite notamment l'incendie ayant eu lieu à Rognac en août 2016, qui a pris une ampleur telle - 2 655 hectares brûlés, 14,9 km parcouru, une vitesse de propagation de 5,3 km/h - que la protection des populations a été sérieusement menacée malgré l'importante mobilisation des acteurs de la Sécurité civile.

2. Une extension à la fois géographique et chronologique du risque d'incendies

En 2010, le rapport de la mission interministérielle précité avait publié une étude conjointe de Météo-France, de l'ONF et de l'IGN, estimant qu'en 2040, 6,4 millions d'hectares seraient soumis au risque d'incendie , soit près d'un million d'hectares supplémentaires par rapport à 2008, principalement situés dans l'Ouest et le Centre-Ouest du pays. D'après cette même étude, 9,88 millions d'hectares seraient concernés par le risque feux de forêts d'ici à 2060 , et l'accroissement des surfaces sensibles gagneraient alors l'ensemble du territoire.

L'extension géographique du risque de feux de forêts

Localisation du risque en 2008

Localisation du risque en 2040

Source : Rapport de la mission IGA-CGEDD/CGAAER sur les conséquences du changement climatique dans les décennies à venir (2030-2050) sur l'aléa feux de forêts, 2010

Ces prévisions tendent hélas à se confirmer alors que de plus en plus de départs de feux sont recensés au nord de la zone Sud et de l'Aquitaine , notamment dans les Pays-de-la-Loire, le Centre-Val-de-Loire, en Normandie et en Bretagne. 323 feux et 4 500 hectares de surfaces consumées y ont été recensés fin juillet 2019.

Cette expansion géographique coïncide également avec une multiplication des « feux de chaumes », débordant parfois sur les espaces boisés. Les départements au nord de la Loire sont effet de plus en plus sujets à des épisodes de sécheresse plus longs et plus intenses, favorisant l'éclosion des feux. Ces nouveaux départs de feux sont font désormais l'objet d'un suivi particulier par la DGSCGC, qui recensait 15 000 hectares de chaumes incendiés sur les trois premiers trimestres de 2019.

Quant à l'extension chronologique du risque de feux , elle peut d'abord consister en des périodes de feux plus longues, de trois à six mois selon les prévisions, ou une accumulation de feux ponctuels sur une période plus longue que les quatre mois actuels de la saison des feux.

Les inquiétudes à ce sujet peuvent cependant être nuancées alors que le changement climatique emporte également de prévisibles allongements des périodes de pluies, et que certaines pratiques humaines favorisant les départs de feux (feux de pâturage par exemple) sont propres aux départements méditerranéens et n'ont donc pas cours dans le quart nord-ouest de la France.

Une meilleure préparation s'impose néanmoins, tant s'agissant du dispositif de prévention que des moyens lutte .

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page