B. *****

1. *****

*****

Recommandation n° 57 : Poursuivre la mutualisation dans le développement des outils, la formation et les échanges de bonnes pratiques entre les services de renseignement.

2. La nécessaire émergence d'une filière industrielle souveraine

La sécurité dans l'espace cyber contre tout adversaire repose sur la pleine autonomie dans la mise en oeuvre des outils de cyberdéfense et donc la maîtrise de capacités critiques souveraines. Plus encore lorsqu'il s'agit de protéger les services de l'État et les activités d'importance vitale ou de soutenir l'action des armées ou des services de renseignement.

Dans nombre de technologies-clés, l'excellence scientifique française est reconnue grâce au niveau de formation de ses mathématiciens et ingénieurs et à la qualité de ses organismes de recherche. Mais la constitution d'une industrie française de logiciels de cybersécurité, capable de rivaliser avec les entreprises américaines ou israéliennes tarde à venir. Ce qui pose un problème pour l'autonomie de notre cyberdéfense et renchérit probablement les coûts.

Cette situation est mise en évidence dans le rapport commun des inspections sur les missions et effectifs de l'État contribuant à la cybersécurité de février 2019. Ce rapport note que la Revue stratégique de cyberdéfense préconise que la France se dote d'une véritable stratégie industrielle. Si la filière française a connu une croissance de 12 % de 2013 à 2016, elle présente trois faiblesses : sa dépendance aux composants électroniques fournis par une industrie du numérique de moins en moins européenne, un tissu de PME trop peu structuré, une filière qui peine à s'organiser au niveau national. Dès lors, même dans l'administration, les produits étrangers liés à la souveraineté numérique représentent une place importante des achats.

Aussi l'acquisition par la DGSI du service proposé par Palantir en 2016 a-t'elle suscite deux initiatives françaises :

• un groupe de 22 sociétés françaises (dont Atos, Airbus Defence & Space et Thalès) réunies au sein d'un cluster Data intelligence initié par le GICAT 194 ( * ) , en 2016, propose depuis la fin de l'année 2018 une alternative technologique et commerciale à Palantir, visant les acteurs institutionnels de la défense et de la sécurité et dans un second temps les marchés civils. La DRSD a signé un marché pour son système d'information SIRCID avec Airbus Defence & Space ;

• en novembre 2017 la DGA a notifié l'initiative Artemis à la société Atos-Bull, à la société Capgemini et au groupement Thalès-Sopra-Stéria. Cette initiative vise à la mise en place d'un écosystème permettant aux innovateurs d'apporter leurs créations et de les faire mûrir jusqu'à des solutions utilisables par les forces grâce à une gamme de produits complète. A terme, Artemis a vocation à faire émerger des applications utilisant l'intelligence artificielle pour le traitement massif des données qui permettent aux combattants de se concentrer sur les informations importantes afin de prendre des décisions rapides et efficaces.

On peut y ajouter l'initiative soutenue par la DRM d' « Intelligence Campus » et celle du « Campus de la Cybersécurité » lancée par l'ANSSI afin de réunir et renforcer l'ensemble des acteurs de l'écosystème français 195 ( * ) .

Le rapport des inspections générales, préconise qu'une stratégie industrielle de souveraineté en cybersécurité en lien étroit avec les enjeux numériques soit élaborée sous la conduite du SGDSN pour établir un état des lieux des dispositifs multiples de soutien à la politique de recherche et à la politique industrielle, fixer les priorités au niveau du CODIR Cyber et assurer le pilotage au niveau du COPIL Cyber. Cet objectif est louable mais la proposition manque d'ambition. Pour réussir cette stratégie doit être impulsée et coordonnée au plus haut niveau politique de l'État 196 ( * ) . Le développement de cette politique ambitieuse de cybersécurité passe aussi par une politique de gestion des compétences, des formations et de carrières au sein des administrations de l'État.

La mise en oeuvre de cette stratégie devrait pouvoir orienter l'action des services de renseignement pour protéger et promouvoir les intérêts fondamentaux de la Nation dans le domaine économique.

Recommandation n° 58 : Associer les services de renseignement au travail prospectif d'élaboration d'une nouvelle stratégie industrielle de souveraineté en cybersécurité et orienter leur action dans sa mise en oeuvre.


* 194 Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres

* 195 Mission confiée par le premier ministre à Michel Van Den Berghe, directeur général d'Orange Cyberdéfense

* 196 Comme le propose, à l'instar de la coordination du renseignement et de la lutte contre le terrorisme les trois anciens hauts responsables de la défense et des affaires étrangères dans la tribune données au Monde le 28 janvier 2020 précité.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page