C. DISPOSER D'UNE PERMANENCE D'ALERTE : L'HYPOTHÈSE DE DEUX PORTE-AVIONS

a) Un second porte-avions ?

La disponibilité du Charles de Gaulle est évaluée à 63 % , ce qui pose question notamment pour la mise en oeuvre de la dissuasion nucléaire. Le PANG vise une disponibilité du même ordre (65 %), que la propulsion soit conventionnelle ou nucléaire. Le prochain PA devrait nécessiter, comme l'actuel, un ATM tous les 10 ans.

L'enjeu d'un deuxième porte-avions, c'est de pouvoir disposer d'une permanence d'alerte , concept à distinguer de la permanence à la mer (qui nécessite trois à quatre porte-avions). Ce deuxième PA permettrait d'être plus réactif, plus résilient, d'agir davantage dans la durée.

La décision de construire un deuxième porte-avions de nouvelle génération n'a pas à être prise dans le cadre de la LPM en cours mais elle devrait l'être pour la LPM suivante (post-2025). Cette décision aurait évidemment un coût, mais elle permettrait de bénéficier d'économies d'échelle sur le coût des études. Ces économies d'échelle sont probablement assez importantes. Elles pourraient être de l'ordre de 30 % à 40 % du coût total (à confirmer par les études réalisées).

Avec les porte-avions Foch et Clemenceau , la France a déjà disposé de cette double capacité. Les Britanniques ont aussi choisi cette option, dans le cadre d'une propulsion conventionnelle, ce qui s'est traduit par les entrées en service successives des deux porte-avions de 65 000 tonnes HMS Queen Elisabeth , qui doit devenir opérationnel en 2021, et HMS Prince of Wales .

La permanence de l'alerte n'implique pas la mise à disposition d'un second groupe aéronaval, ni celle d'un second groupe aérien embarqué.

Elle impliquerait, en revanche, une augmentation des moyens du groupe aérien embarqué (aéronefs et personnel) d'environ un tiers et nécessiterait des ressources humaines supplémentaires .

b) Une accélération du calendrier ?

Rappelons que la LPM 2019-2025 disposait que des études devraient « fournir les éléments de décision relatifs à une éventuelle anticipation du lancement de sa réalisation et au format de cette composante pour garantir sa permanence ». Une période de « tuilage » avec le Charles de Gaulle était donc envisagée. Cette possibilité avait d'ailleurs été confirmée par Mme Florence Parly, Ministre des armées, lors de son audition au Sénat le 20 février 2018.

Les délais rendent encore possible une période de « tuilage » entre le Charles de Gaulle et le nouveau porte-avions, dans l'hypothèse d'une accélération de calendrier . A condition de s'en donner les moyens, il semble encore possible de mettre ce nouveau porte-avions à la mer au début des années 2030 pour une mise en service vers 2035.

c) Une prolongation possible du Charles de Gaulle ?

La durée de vie du Charles de Gaulle , compte tenu des contraintes de sûreté nucléaire, est de 40 ans.

Pourra-t-on le prolonger quelques années supplémentaires ?

Il est très difficile de répondre à cette question aujourd'hui. Cela dépendra de la résistance des cuves, en fonction de ce que révèlera le troisième arrêt technique majeur prévu en 2027-2028. Cette prolongation ne pourrait toutefois vraisemblablement être que de courte durée.

Utiliser le Charles de Gaulle au-delà de 2038 nécessiterait une quatrième opération de régénération du combustible nucléaire et d'adaptation aux évolutions technologiques.

Cette prolongation n'est donc pas décidable aujourd'hui mais elle mérite examen.

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