D. UNE EXPÉRIMENTATION POSSIBLE

La scalabilité propre aux outils numériques ne permet pas seulement une montée en charge rapide : elle est aussi particulièrement propice à l'expérimentation . Certains outils pourraient ainsi être testés, soit en période de crise, soit même en période de « veille », pour faire la « preuve du concept », facilitant ensuite, et en cas de besoin, leur généralisation.

Cette expérimentation pourrait d'abord se faire sur la base du volontariat individuel . On a trop négligé, dans la gestion de la crise du Covid-19, les avantages du crowdsourcing (ou production participative) et de ses extensions possibles : si beaucoup d'énergie a été dépensée pour empêcher l'identification des personnes et le croisement des données, nombreux sont ceux qui, moins rétifs à l'égard du numérique, auraient été sans doute été heureux de pouvoir volontairement contribuer à la lutte contre la pandémie , en donnant leur consentement éclairé à l'exploitation de leurs données pour faire avancer la recherche épidémiologique ou médicale, pour aider à mieux calibrer les mesures, ou tout simplement pour bénéficier, en échange, de contraintes allégées ou plus courtes. Peut-être aurait-on pu, au minimum, le leur proposer ?

L'expérimentation pourrait aussi être « sectorielle » , et ne porter que sur certaines données ou certains outils dans un premier temps - c'est d'ailleurs l'esprit même du dispositif dans son ensemble. Le dossier médical partagé (DMP) , par exemple, pourrait avoir une place importante dans certains cas d'usage : une expérimentation pourrait concerner les Français qui en disposent déjà à ce jour.

Enfin, l'expérimentation pourrait être locale : de même que l'on peut imaginer des confinements ou des couvre-feux locaux, on peut imaginer des outils numériques déployés à l'échelle locale . Cela apparaît d'autant plus pertinent que les collectivités territoriales pourraient être amenées à jour un rôle important dans certains cas de figure , non seulement en tant que « producteurs » mais aussi en tant que « destinataires » des données, par exemple s'il s'agit de porter assistance à des personnes vulnérables isolées, d'adapter l'offre de mobilité, ou encore d'apporter un soutien ciblé à certains acteurs économiques ou activités culturelles. La région Grand Est, particulièrement avancée dans le déploiement de la fibre optique , pourrait même lancer des expérimentations plus poussées, par exemple avec la remontée d'informations issues d'objets connectés, permettant une véritable « télémédecine de crise ».

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Le présent rapport, quoi qu'il en soit, ne propose ou ne défend aucun outil numérique en particulier .

Il considère, précisément, que de tels choix abstraits n'ont guère de sens , et que le recours à une technologie ou à une autre doit s'apprécier au cas par cas, en fonction de la situation, et au regard des restrictions apportées aux libertés « physiques ». En revanche, il est nécessaire de nous préparer dès maintenant à toutes les possibilités , car nul ne sait de quoi seront faites les prochaines crises. Si nous ne nous préparons pas, nous ne pourrons que subir - subir les conséquences d'une crise sans avoir les outils pour la combattre, ou subir ces outils que d'autres auront développés à notre place, sans pouvoir alors défendre nos valeurs.

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