B. RÉÉQUILIBRER L'ORIENTATION FILLES-GARÇONS VERS LES DIFFÉRENTES FILIÈRES AGRICOLES

Dans le droit fil des actions déjà engagées par le ministère de l'agriculture et de l'alimentation, dans le cadre son plan national en faveur de l'égalité femmes-hommes, en concertation notamment avec le ministère de l'éducation nationale, la délégation recommande de poursuivre sur la voie de la lutte contre les stéréotypes de genre à l'oeuvre dans l'enseignement agricole, en menant des actions de sensibilisation ciblées dès l'école primaire, puis au cours du cursus de l'enseignement agricole ainsi qu'auprès des élèves de l'enseignement supérieur .

La délégation partage notamment cette réflexion exprimée par Christine Valentin, vice-présidente de l'APCA, lors de sa table ronde du 3 juin 2021 : « nous devons intervenir bien avant la formation agricole (...) dans les écoles primaires. (...) Il est important de leur faire découvrir ce métier et de leur prouver qu'il est accessible aux femmes. (...) Un travail doit également être mené à l'intérieur des écoles, au travers des conseillers d'orientation et des stages de découverte en quatrième et troisième. (...) La lutte contre les stéréotypes selon lesquels le travail à la ferme serait un métier d'homme doit être poursuivie, même si nous avons déjà progressé ces vingt dernières années ».

En outre, Françoise Liébert, haute fonctionnaire à l'égalité entre les femmes et les hommes du ministère de l'agriculture et de l'alimentation, a rappelé les actions de sensibilisation menées par le ministère dans le cadre de l'enseignement agricole par le biais d'actions pédagogiques auprès des élèves, notamment grâce à un réseau « insertion égalité » et à l'enseignement socioculturel. Cette particularité de l'enseignement agricole vise à plus de respect mutuel, d'égalité, de mixité des métiers.

Dans ce cadre et depuis les années 2000, le ministère de l'agriculture signe régulièrement la convention interministérielle pour l'égalité filles-garçons dans l'éducation. Il organise également des journées d'information ciblées en partenariat avec la MSA, les organisations professionnelles agricoles ou des associations telles que 100 000 entrepreneurs , intervenant dans les forums d'orientation professionnelle et faisant la promotion de l'entrepreneuriat, notamment auprès des jeunes filles.

À cet égard, Françoise Liébert a précisé devant la délégation : « nous nous évertuons à faire évoluer ces références culturelles dans l'enseignement agricole. Vous avez raison de souligner que nous devrions le faire plus tôt, dès l'école primaire. Le ministère de l'éducation nationale a évidemment rédigé une feuille de route pour faire reculer ces stéréotypes auprès des jeunes enfants. L'égalité réelle et l'accès à un travail facilité ainsi qu'à une rémunération correcte en résulteront pour les femmes dans l'agriculture comme pour toutes les autres catégories socioprofessionnelles ».

La lutte contre les stéréotypes de genre dans le cadre de l'enseignement agricole est primordiale si l'on souhaite aboutir à un rééquilibrage de la présence de femmes et d'hommes au sein des différentes filières agricoles, de production et de services notamment.

Recommandation n° 28 : Lutter contre les stéréotypes de genre à l'oeuvre dans le secteur agricole, en menant des actions de sensibilisation ciblées dès l'école primaire, puis au cours du cursus de l'enseignement secondaire agricole ainsi qu'auprès des élèves de l'enseignement supérieur agricole.

Enfin, la délégation a pris connaissance, avec beaucoup d'intérêt, de la création, le 15 octobre 2020 à l'occasion de la Journée internationale de la Femme rurale , du réseau Gaïa , « réseau des femmes d'Agri.Cultures de Nouvelle-Aquitaine », porté à sa connaissance par Sylvie Brun-Rageul, directrice de Bordeaux Sciences-Agro, dans le cadre de son audition par les rapporteurs de la délégation le 29 juin 2021.

LE RÉSEAU GAÏA , RÉSEAU DES FEMMES D'AGRI.CULTURES DE NOUVELLE-AQUITAINE

Lancé le 15 octobre 2020, à l'occasion de la Journée internationale de la Femmes rurale, le réseau Gaïa est né d'un constat : les femmes sont encore trop peu présentes et visibles à des fonctions de hautes responsabilités et de représentation dans le monde agricole et ses structures de représentation. Ainsi par exemple, alors que depuis 2012 les assemblées des chambres d'agriculture comptent 1 / 3 de femmes, le nombre de femmes présidentes de chambres départementales d'agriculture se comptent encore sur les doigts d'une main.

Or les femmes sont des forces motrices du développement de nouvelles activités en agriculture. Leurs projets d'installation sont sources d'innovation (circuits courts, certification en bio, etc.) pour le secteur. Ce réseau vise également à leur permettre également d'échanger sur leur vision de l'agriculture et de ses transformations.

Gaïa a vocation à être un réseau de proximité qui se déploie sur tout le territoire de la région Nouvelle-Aquitaine, et pourquoi pas, à essaimer ensuite vers d'autres régions.

De nombreuses enquêtes ont révélé que les femmes s'investissent moins dans les réseaux que les hommes, alors même qu'il s'agit de puissants leviers de carrière et de développement personnel. De plus, les femmes dans le monde agricole peuvent se sentir isolées et rencontrer des difficultés communes à différents moments de leur parcours professionnel : sexisme, sentiment d'illégitimité. Gaïa est un réseau d'échange et d'entraide autour de problématiques partagées.

Une cinquantaine de femmes ont déjà fait part de leur intérêt de participer à ce réseau. Le réseau Gaïa va organiser une à deux fois par an des temps de rencontre régionaux (conférence, coaching collectif...). Des groupes sororité vont se réunir régulièrement sur le territoire pour développer l'échange, l'entraide et lutter contre l'isolement.

Le réseau Gaïa est ouvert à l'ensemble des femmes d'Agri.Cultures en lien avec le monde agricole, agroalimentaire et forêt-bois en Nouvelle-Aquitaine (agricultrices, élues, salariées de structures agricoles, représentantes d'organisations professionnelles agricoles, conseillères agricoles, cheffes d'entreprises, enseignantes, chercheuses, consultantes, etc.). Il est à la fois destiné à des femmes en responsabilité et à des plus jeunes qu'elles pourront « mentorer », accompagner.

Source : Sabine Brun-Rageul, directrice de Bordeaux Sciences Agro

La délégation recommande de soutenir et de développer ce genre d'initiatives de nature à mobiliser des réseaux de femmes dans le secteur agricole.

Recommandation n° 29 : Soutenir et développer la création de réseaux de femmes dans le secteur professionnel agricole.

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