N° 390

SENAT

SESSION ORDINAIRE DE 1995-1996

Annexe au procès-verbal de la séance du 29 mai 1996.

RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan 1 ( * ) à la suite d'une mission effectuée en Inde, pour étudier l'économie de ce pays, ainsi que ses relations économiques, commerciales et financières avec la France,

Par MM. Jean FRANÇOIS-PONCET, Louis ALTHAPÉ,

Bernard DUSSAUT, Jean-Paul EMIN, Jean HUCHON,

Bernard JOLY, Félix LEYZOUR, Daniel PERCHERON,

Jean-Jacques ROBERT et Michel SOUPLET,

Sénateurs.

INTRODUCTION

Cinq ans après la décision de l'Inde de libéraliser son économie, le moment n'est-il pas venu pour la France de tourner sérieusement son regard vers ce nouveau géant qui émerge en Asie ?

Tout se passe comme si notre pays, satisfait de la relance de ses relations politiques et économiques avec la Chine, se contentait des résultats qu'elle y obtient pour assurer sa présence dans cette partie essentielle de la planète.

Quiconque regarde l'Asie comme un tout ne saurait, pourtant, se dispenser de prendre en compte simultanément le marché chinois et le marché indien. En ne s'intéressant qu'à l'un d'entre eux, la France ne cède-t-elle pas à un effet de mode ?

Tout, il est vrai, distingue, à première vue, les deux pays. Dictature solidement contrôlée, la Chine se caractérise par son unité linguistique et ethnique, son irréligiosité foncière, son goût frénétique pour l'argent et son adhésion enthousiaste à l'économie de marché baptisée, pour la circonstance. « économie socialiste de marché ».

L'Inde, au contraire, est une démocratie authentique où se côtoient des peuples d'origines très diverses. 20 langues et 7 religions -pour ne retenir que les principales- qui a fait longtemps preuve, dans l'ordre économique, d'un dédain puritain et mystique et n'a opéré que très récemment sa conversion au marché et son ouverture sur l'extérieur.

Malgré ces différences, tout invite à porter simultanément attention aux deux pays. Leur importance démographique nous y incite : si les tendances actuelles se poursuivent, l'Inde pourrait compter 1,4 milliard d'habitants et la Chine 1,6 milliard en 2025, ce qui en ferait les deux premiers marchés du monde.

Le poids géopolitique des deux puissances est lui aussi, comparable. Dotées d'importants arsenaux militaires, ambitionnant, l'une et l'autre, d'exercer un rôle majeur dans le sud-est asiatique, elles pourraient être amenées à s'affronter au siècle prochain, comme elles l'ont déjà fait à la fin des années 1950. Leurs relations sont aujourd'hui pacifiques et leurs liens économiques et commerciaux tendent à se renforcer. Mais l'avenir de leurs rapports est plus qu'incertain.

L'Inde a attendu 1991 pour engager une réforme économique d'envergure et s'ouvrir aux investissements étrangers. Paradoxalement, c'est la Chine, dont 1'idéologie était la plus éloignée du capitalisme, qui s'en est rapprochée la première, dès 1978. Les succès remportés par celle-ci notamment dans l'amélioration des conditions de vie de sa population, n'ont sans doute pas été sans influer sur les choix de l'Inde.

À l'inverse des firmes américaines et allemandes, les entreprises françaises n'ont jusqu'ici répondu qu'avec peu d'empressement à l'appel du marche indien. À l'évidence, l'Inde souffre des idées toutes faites qui dévalorisent son image chez nos concitoyens. Le sous-continent reste aux yeux d'un grand nombre, un pays arriéré, plongé dans la misère, handicapé par des antagonismes et des interdits religieux, enfermé dans un système de caste archaïque qui freine le progrès et dans une société pluri-ethnique et multi-culturelle menacée d'éclatement.

Sans nul doute l'Inde connaît des tensions intérieures sérieuses qui ralentissent son développement économique. Mais la plupart des craintes diffuses, qui s'expriment ici et là, ne résistent pas à une analyse sérieuse et ne justifient pas qu'on ignore son formidable potentiel de développement.

Aussi a-t-il paru nécessaire à votre Commission d'effectuer une mission d'information dans ce pays après avoir accompli une démarche similaire en Chine il y a deux ans. Elle a voulu évaluer les chances et les handicaps de l'économie indienne avec autant d'objectivité et d'exactitude que possible, en cherchant à mesurer la place que la France pourrait et devrait y prendre.

* 1 Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Gérard Larcher, Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy. Gérard César, Louis Minetti, vice-présidents Georges Berchet, William Chervy, Jean-Paul Émin, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé. Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Claude Billard, Marcel Bony, Jean Boyer, Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat, Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Jacques Dominati, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard Dussaut, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Philippe François, Aubert Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Edmond Lauret, Jean-François Le Grand, Félix Leyzour, Kléber Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Jean Peyrafitte, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Mme Danièle Pourtaud, MM. Jean Puech, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudiére, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan. René Rouquet, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Jacques Sourdille, André Vallet. Jean-Pierre Vial.

Inde - Rapports d'information.

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