B. Les séparatismes

Depuis l'indépendance, l'Union indienne a été soumise à des revendications séparatistes menaçant son unité et débouchant périodiquement sur des conflits sanglants. Si l'on met à part la Partition du Pakistan en 1947 et la création de l'État indépendant de Bangladesh, l'Inde a, jusqu'à présent, résisté aux aspirations centrifuges. Mais les affrontements auxquels elles ont donné lieu, en particulier au Penjab et au Cachemire, ont été humainement et financièrement très coûteux et demeurent source de tensions, sans parler des mouvements qui agitent régulièrement l'Assam et les autres petits États du Nord-Est, d'origine tibèto-mongole.

Les relations entre le Penjab et New-Delhi, sont passées par une phase de tension aigüe qui a culminé avec l'assassinat d'Indira Gandhi par ses gardes du corps sikhs. Des contentieux subsistent, concernant notamment la question du partage des eaux entre le Penjab et ses voisins, ou l'industrialisation souhaitée par les Penjabis et récusée par Delhi, en raison de la proximité du Pakistan.

Mais les rapports se sont très largement normalisés, soulignant la capacité de l'Union Indienne à surmonter les divisions qui, de temps à autres, paraissent menacer son unité.

Il en va tout autrement, naturellement, de ses relations avec le Pakistan et de leur incidence sur la situation au Cachemire.

Malgré les trois guerres entre l'Inde et le Pakistan, dont le Cachemire a été l'enjeu et le théâtre en 1948, 1965 et 1971, aucune solution négociée n'a pu mettre fin aux hostilités larvées, qui opposent militants cashemiris et armée régulière, depuis 1989.

L'État de Jammu et Kashmir, rattaché à l'Inde en 1947, conformément au choix du Maharadjah du Cachemire, regroupe, en fait, trois composantes :

- le Jammu à majorité hindoue ;

- le Cachemire à majorité musulmane ;

- le Laddakh à majorité bouddhiste.

Le Pakistan, invoquant les résolutions des Nations Unies, demande qu'un référendum soit organisé pour décider du sort de la partie à majorité musulmane et exige le retrait des troupes indiennes. L'Inde estime que les résultats des consultations électorales organisées dans cet État ont validé la politique du Gouvernement indien et rendent un référendum inutile.

La guerre qui oppose depuis 1989 les rebelles cashemiris aux forces armées indiennes a fait plusieurs dizaines de milliers de morts. L'Inde accuse le Pakistan de soutenir le mouvement séparatiste et refuse de se prêter à des concessions qui risqueraient d'attiser des revendications séparatistes dans d'autres parties de l'Union.

Le conflit a un coût élevé. Il oblige les deux pays à un effort militaire qui grève leur budget. L'Inde consacre environ 2,5 % de son PIB au développement de son appareil militaire et le Pakistan 7,5 %. En 1994, le budget militaire indien s'est élevé à 7,3 milliards de dollars.

Aucun dialogue véritable n'a pu être établi entre les deux pays depuis le retour au pouvoir de Mme Benazir Butto. Islamabad subordonne le rétablissement des relations à la solution de la question du Cachemire. L'Inde entend, aujourd'hui, faire porter le dialogue sur l'ensemble des problèmes.

Le Pakistan encourage militairement l'insurrection au Cachemire et s'est efforcé d'y contrarier le déroulement du processus électoral, craignant que celui-ci ne facilite le retour des mouvements séparatistes, dans le giron de l'Union.

Le retombées négatives du conflit sont pourtant évidentes pour les deux pays. Elles ne freinent pas seulement de développement économique du sous-continent, elles contribuent à son isolement diplomatique. C'est ainsi que l'ASEAN refuse d'accueillir dans ses rangs l'Inde qui le souhaite, de crainte des tensions qui ne manqueraient pas d'en résulter avec le Pakistan.

Les troubles au Cachemire gênent le développement économique dans la région, rendant les investisseurs étrangers méfiants et empêchant le Gouvernement de se concentrer sur des questions plus constructives, telles que procurer une meilleure éducation et résorber la pauvreté.

Bien plus, la publicité internationale faite sur la violence au Cachemire est préjudiciable aux deux nations.

Les coûts immatériels qui en résultent sont peut-être même plus élevés que le montant chiffrable des dépenses militaires.

Un troisième effet négatif du conflit indo-pakistanais est son impact sur la coopération économique régionale. Dans plusieurs parties du monde développé, des efforts sont faits pour constituer des zones élargies de libre-échange, dans la zone Asie pacifique et en Amérique latine notamment, avec à la clé la progression des investissements et de la croissance. L'association du Sud asiatique pour la coopération régionale (SAARC), constituée voici dix ans. a constaté que peu de progrès dans cette voie avait été réalisé, en partie à cause de la tension entre l'Inde et le Pakistan.

Il y a là une grande différence avec la Chine, qui malgré son différend avec Taïwan, n'a pas hésité à faire largement appel aux investisseurs taiwanais, qui ont joué un rôle de premier plan dans le succès de la politique d'ouverture chinoise.

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