N° 309

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1996-1997

Annexe au procès-verbal de la séance du 15 avril 1997

RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) par le groupe de travail (2) sur la mise en oeuvre de la directive 92/43/CEE du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages ,

Par M. Jean-François LE GRAND,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis Minetti, vice-présidents ; Georges Berchet, William Chervy, Jean-Paul Émin, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Claude Billard, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Jacques Dominati, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard Dussaut , Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis Grignon, Georges Gruillot, Claude Haut, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond Lauret, Jean-François Le Grand, Félix Leyzour, Kléber Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni, Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan, René Rouquet, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Jean-Pierre Vial.

(2) Ce groupe de travail est composé de : M. Jean-François Le Grand, président; Mme Janine Bardou, MM. Michel Doublet, Louis Minetti, Paul Raoult, Michel Souplet.

Environnement. - Rapports d'information.

Mesdames, Messieurs,

On peut considérer qu'à la mi-1996, tous les éléments étaient réunis pour que la mise en oeuvre de la directive 92/43/CEE Habitats naturels tourne au drame dans le monde rural : un texte mal connu et mal interprété, une règle de jeu quasi inexistante, un défaut majeur de communication, des réactions de défense de la part de groupes sociaux se sentant pris au piège ou en butte à des défenseurs intégristes d'une philosophie de l'absurde en ce qui concerne la protection de la nature ; avec en toile de fond un sentiment anti-européen tenace, alimenté par des textes communautaires, pris dans le domaine de l'environnement et transposés avec difficulté en droit français.

La Commission des Affaires économiques a décidé, en juin 1996, la constitution d'un groupe de travail pour analyser les raisons du phénomène et faire des propositions.

Les conclusions auxquelles ce groupe est parvenu n'ont pas pour objet de remettre en cause les engagements européens de la France.

Mais il fait un certain nombre de recommandations pour que la directive 92/43/CEE Habitats naturels soit exploitée avec bénéfice pour le monde rural, en étroite concertation avec l'ensemble des acteurs socio-économiques et des défenseurs de l'environnement.

PREMIÈRE PARTIE -

LA DIRECTIVE 92/43/CEE/HABITATS NATURELS : UN CONTENU INTÉRESSANT MAIS UNE APPLICATION FRANÇAISE EN FORME DE PSYCHODRAME

I. LES ÉLÉMENTS INTÉRESSANTS DE LA DIRECTIVE 92/43/CEE CONCERNANT LA CONSERVATION DES HABITATS NATURELS AINSI QUE DE LA FAUNE ET LA FLORE SAUVAGE

A. LES COMPÉTENCES DE LA COMMUNAUTÉ EN MATIÈRE DE CONSERVATION DE LA NATURE AU REGARD DU PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ

Le principe de subsidiarité ayant été consacré en matière d'environnement par l'article 130R du Traité de Rome et de façon plus générale à travers l'article 3B du Traité de Maastricht, il convient de s'interroger sur la pertinence d'une action communautaire portant sur la conservation de la nature au regard de ce principe.

Certains éléments justifient une action communautaire en ce domaine si les objectifs visés sont mieux réalisés au niveau communautaire qu'au niveau des États membres.

D'une part, le préambule de la directive affirme que les habitats et les espèces menacés font partie du patrimoine naturel de la Communauté, les États membres étant considérés comme les dépositaires de ce patrimoine commun.

Nombre de problèmes et de menaces relatifs au maintien de la diversité biologique étant de nature " transfrontalière ", il paraît donc justifié de plaider pour une harmonisation au niveau communautaire de certaines règles de gestion. Le cas des espèces migrantes constitue le meilleur exemple d'action communautaire.

D'autre part, le clivage entre États membres économiquement faibles et économiquement forts est accentué par l'inégale répartition des espèces et des habitats ; la diversité biologique est nettement plus abondante et préservée dans les pays du sud de l'Europe qui sont en même temps les moins favorisés économiquement, ce qui, sans mécanismes financiers compensatoires, fait peser des charges financières disproportionnées sur ces pays. Une action entreprise au niveau communautaire devrait permettre d'aboutir à une répartition équitable des efforts de conservation entre tous les États.

Enfin, la directive, si elle fixe des objectifs, ne définit pas les moyens d'y parvenir. C'est au nom du principe de subsidiarité une obligation de résultat qui pèse sur les Etats membres, à charge pour eux de définir les moyens adéquats.

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