3. Intervention de M. Francis Girault,
conseiller du président directeur général d'Elf-Aquitaine

M. Francis Girault - Vous m'avez demandé de parler de l'expérience de partenariat que le groupe Elf a développé en Inde. Je le ferai sous deux angles. Le premier concernera les leçons que nous pouvons tirer aujourd'hui de l'expérience acquise, et le second aura trait à la façon dont nous intégrons le partenariat dans notre stratégie de développement.

Le groupe Elf est présent en Inde depuis relativement peu de temps. En termes commerciaux, nous sommes présents depuis une dizaine d'année, en termes industriels, depuis trois ans.

La production d'hydrocarbures en Inde est faible. Elle est de l'ordre de 30 millions de tonnes, et nos géologues, comme ceux des grandes compagnies internationales, n'estiment pas que l'Inde puisse receler des ressources importantes en matière d'hydrocarbures.

C'est pourquoi le groupe a cherché à se développer sur d'autres marchés en Inde : produits pétroliers, chimie et pharmacie.

Aujourd'hui, nous menons cinq opérations en Inde, deux dans le domaine des dérivés du pétrole -lubrifiants et GPL- deux dans la chimie et une dans la pharmacie.

Au total, notre chiffre d'affaires est de l'ordre de 300 millions de francs pour un investissement inférieur au total à 100 millions de francs.

Au-delà de ces opérations, nous avons cinq projets en cours dans des domaines identiques à ceux que j'ai énoncés. Nous espérons, d'ici la fin du siècle, pouvoir atteindre le milliard de francs de chiffre d'affaires dans ce pays.

Quelles sont les leçons qu'Elf tire aujourd'hui de son expérience de partenariat en Inde ?

Dans les cinq opérations existantes, nous travaillons en partenariat. Il est intéressant de rapidement relater comment ceux-ci ont été noués.

Dans le domaine des lubrifiants, notre partenaire gérait une entreprise de câblerie, sans point commun direct avec notre activité. Séduits cependant par son goût de l'entreprise et l'excellente qualité de sa gestion, nous avons monté avec lui une opération dans laquelle nous détenons 51 %, et notre partenaire indien 49 %.

Celle-ci a débuté il y a trois ans, à Bombay. Ceux qui ont visité la ville depuis deux ans ont pu voir la diligence avec laquelle notre partenaire fait de la publicité, puisqu'on voit le nom d'Elf partout, notamment en venant de l'aéroport.

Ce partenariat nous a conduits à ouvrir une usine, inaugurée l'an dernier, de 20.000 tonnes de lubrifiants. En l'espace de dix-huit mois, nous sommes donc passés d'un partenaire commercial à un partenaire industriel et, aujourd'hui, nous envisageons une extension de cette usine.

Nous avons également noué des partenariats industriels avec d'anciens licenciés dans le domaine de la chimie et de la pharmacie.

Pour ce qui est de la chimie, nous menons une opération à Madras, dans le domaine des additifs plastiques. Notre partenaire nous a été révélé par la qualité de ses produits, que nous rencontrions fréquemment sur les marchés du Moyen-Orient. Cet industriel disposant de surcapacités, nous lui avons proposé de rentrer en joint venture. Là encore, nous avons monté une opération où Elf détient 51 % des parts et notre partenaire 49 %, pour l'aider à développer et à assurer l'homologation de ses produits, et à les vendre sur toute la partie asiatique, où nous avions déjà des implantations, ainsi qu'au Moyen-Orient...

C'est une opération qui marche fort bien et qui nous conduit à envisager d'étendre ce partenariat sur des opérations nouvelles que nous sommes en train de développer au Qatar dans le domaine du PVC.

C'est donc davantage les qualités entrepreneuriale et de gestion de nos partenaires que leur expérience antérieure ou leur taille qui nous ont conduit à les sélectionner et à privilégier la voie du partenariat.

Le partenariat tient une place dans la stratégie de développement de Elf en Inde.

Nous avons aujourd'hui en Inde des projets qui intéressent des secteurs en très fort développement : chimie de spécialité, lubrifiants, GPL.. Ces projets se situent généralement entre 10 et 20 millions de dollars. Ils ne nécessitent pas d'investissements capitalistiques très élevés. Nous n'avons donc pas besoin de rechercher des associations avec de gros industriels.

Nous continuons donc à rechercher des accords avec des entreprises plutôt moyennes, mais d'autres d'une grande volonté de développement et d'une forte expérience commerciale.

Nous sommes également conduits à favoriser une recherche élargie de partenariats puisque nos activités étant diversifiées, entrer dans un seul partenariat avec un grand groupe n'aurait pas grand sens, celui-ci ne couvrant pas nécessairement tous nos champs d'activités.

Enfin, le gap culturel est infiniment moins grand que celui que nous connaissons dans d'autres pays d'Asie. La compréhension avec nos partenaires se fait de manière rapide et aisée, ceci nous permet de ne pas à expatrier un trop grand nombre de personnes, puisque ces opérations sont souvent dirigées par nos partenaires. Elles peuvent inclure des expatriés au niveau technique et exportation, mais pas nécessairement au niveau gestion.

En conclusion, nous trouvons dans notre expérience indienne une source de particulière satisfaction, qui nous incite à développer nos activités en Inde. Nous disposons déjà au sein du groupe et d'un nombre d'Indiens suffisant pour constituer un vivier. Ceci constitue à nos yeux un des éléments essentiels de développement de nos atouts dans ce pays pour les années à venir.

M. le Président - La parole est maintenant à M. Saab, chef de la mission Prospective à EdF.

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