B. UNE RÉACTION INDISPENSABLE

Il faut replacer la négociation dans son contexte. Il faut reconnaître que, globalement, la négociation répond à un besoin ou du moins, s'inscrit dans la lignée d'un processus économique, dont il est maintenant admis qu'il est à l'origine de la prospérité que le monde des pays développés connaît depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La France elle-même a intérêt à la poursuite - sous conditions - de ce processus.

Les forces qui poussent à l'internationalisation des économies, qu'elles soient économiques ou politiques, sont donc particulièrement fortes. Il faut en tenir compte et chercher le dialogue plutôt qu'un affrontement qui empêcherait notre pays de trouver les alliances dont il a besoin pour la sauvegarde du pluralisme culturel.

1. Les possibilités techniques

En dépit du soutien que la France a pu trouver chez certains de ses partenaires à l'occasion de la conférence qui s'est tenue sous l'égide de l'Union européenne du 6 au 8 avril 1998 à Birmingham, la France reste relativement isolée dans sa défense de l'exception culturelle. Les soutiens dont elle peut faire état sont peu nombreux : le Canada, l'Italie, la Belgique, la Grèce et l'Australie. En revanche, un certain nombre de pays y sont farouchement opposés, à commencer par les États-Unis, le Japon et le Danemark.

La marge de manoeuvre de la France est donc étroite. Sur le plan technique, le ministre de la Culture et de la Communication a fait savoir qu'il existait trois possibilités pour faire prendre en considération la spécificité des produits et industries culturels.

" La première possibilité est l'inscription dans l'Accord d'une réserve simple : cette réserve dite " réserve liste A " est soumise au principe de statu quo. C'est pourquoi nous la refusons absolument puisqu'elle remettrait fondamentalement en cause notre marge de manoeuvre future dans la définition des priorités et des objectifs d'une politique culturelle gouvernementale. En effet, la réserve simple ne permet pas d'aggraver ou de créer de nouvelles mesures discriminatoires. Or, nous devons absolument conserver notre capacité à adapter nos politiques culturelles aux évolutions de la société, aux progrès technologiques, à tout ce qui peut surgir de nouveau et que nous ne pouvons pas anticiper à ce jour.

" La deuxième possibilité est celle d'une réserve élargie, dite " réserve liste B ". Là encore, je ne suis pas favorable à cette solution puisqu'elle exige, pour être efficiente, que l'ensemble des pays membres de l'Union, ainsi que les PECO s'accordent sur ce qu'ils souhaitent inscrire en matière culturelle dans cette réserve. Or, le plus petit dénominateur commun européen en matière culturelle est loin d'approcher la vision de la France.

" La troisième option, celle d'une exception générale, est celle que la France a demandé pour la mise en oeuvre de l'exception culturelle. L'exception générale est inscrite dans le corps du texte et non en annexe. Elle permet la violation du statu quo et, surtout, s'applique à l'ensemble des signataires, contrairement aux réserves qui n'exonèrent que les seules parties contractantes les ayant introduites. Par ailleurs, l'exception générale n'est pas susceptible d'être remise en cause, alors que les réserves devront être réévaluées régulièrement dans le cadre d'une procédure de roll back."

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