b) Des législations fiscales trop disparates

Plutôt que de dresser un panorama exhaustif des nombreuses disparités fiscales entre les différents Etats membres, la mission d'information a souhaité examiner plus spécifiquement la question de l'installation des jeunes agriculteurs.

Il est important de souligner que les décisions prises dans certains domaines, et qui ont une influence considérable sur l'installation des jeunes agriculteurs, relèvent de l'autorité exclusive des Etats membres.

En effet, l'aperçu des difficultés des jeunes qui s'installent comme agriculteurs révèle qu'il s'agit, pour la plupart, des mêmes obstacles que ceux rencontrés par les petites et moyennes entreprises au moment délicat de la succession : droit de succession, fiscalité, difficultés de crédit. L'analyse de ces problèmes et de leurs conséquences économiques montre l'utilité pour les Etats membres de coordonner certains aspects de leurs politiques et d'envisager la possibilité d'adopter un certain nombre de mesures , sur le plan fiscal et légal, pour faciliter la succession des entreprises et notamment des entreprises agricoles.

En matière de succession, les régimes juridiques, aussi bien que les pratiques familiales, suivent et renforcent des conceptions différentes de l'exploitation agricole. Dans certains Etats membres, la conception fortement patrimoniale de l'exploitation entraîne le partage égalitaire en nature des biens agricoles au moment de la succession, ce qui conduit à un émiettement de la propriété foncière. Ailleurs, le droit de succession reflète le principe de la préservation de l'entreprise agricole, et dans certains cas cet objectif s'allie à la sauvegarde économique des cohéritiers.

La mission d'information souhaite que l'Union Européenne incite vivement les Etats membres à examiner, dans le cadre de leur compétence, les éventuelles solutions à apporter aux difficultés rencontrées par les jeunes dans le cadre de la succession des entreprises agricoles. Par exemple, là où une compensation aux héritiers est prévue, il serait souhaitable que le paiement de cette compensation puisse être échelonné sur plusieurs années afin d'assurer la poursuite des activités de l'entreprise sans la priver de ses ressources financières, ou même pour éviter que le jeune ne renonce à la reprise.

La charge fiscale liée à l'opération de transmission (ou aux aides à l'installation) s'avère une des principales difficultés pour les jeunes agriculteurs. Les régimes fiscaux en matière de transmission montrent des différences marquées soit d'un Etat à l'autre, soit selon le mode de transmission (héritage ou transmission du vivant comme la vente et la donation) au sein d'un même Etat. Il y a donc lieu de recommander aux Etats membres d'examiner, dans le cadre de la formulation de leur politique économique, la possibilité d'octroyer des exonérations ou des réductions fiscales sur la transmission des entreprises agricoles. Comme condition, les repreneurs pourraient être tenus de s'engager à poursuivre l'activité économique pendant une certaine période. La survie d'un plus grand nombre d'entreprises permet une diminution des pertes d'activité économique et d'emploi et la conservation d'une source de recettes fiscales et de contributions sociales.

La mission d'information souhaite que les Etats membres fassent prévaloir un principe de neutralité fiscale pour les opérations effectuées en vue de préparer efficacement la transmission d'une entreprise agricole : instauration d'une société, fusion, scission, échange d'actions ou autres.

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