2. De substantielles modifications à apporter

Après le rétablissement par la Commission dans ses propositions de mars 1998, de la prime au maïs ensilé , ce dont la mission d'information se félicite , plusieurs points précis des propositions de la Commission nécessitent des modifications importantes.

a) Une baisse raisonnable et entièrement compensée du prix d'intervention

Globalement les débouchés de la production céréalière française se répartissent ainsi : 1/3 pour le marché national, 1/3 dans l'Union Européenne et 1/3 pour le reste du monde. En outre, la campagne 96/97 a montré qu'une production de 200 millions de tonnes dans l'Union Européenne ne posait pas de problèmes d'écoulement.

La commission propose une baisse de 20 % du prix d'intervention en matière de céréales compensée à 50 % par des aides directs.

La mission d'information considère qu'une baisse de 10 % serait amplement suffisante.

En effet, rappelons que le prix d'entrée dans l'Union Européenne est le plus bas des deux prix suivants :

- " prix mondial + équivalent tarifaire de 63 F/q " pour le blé et " prix mondial + équivalant tarifaire de 62 F/q " pour le maïs,

- " 155 % du prix d'intervention ".

A l'issue de l'accord de Marrakech, ces deux prix sont respectivement :

- pour le blé (dans l'hypothèse d'un prix mondial moyen de 83 F/q départ Golfe, auquel il faut rajouter 7 F/q de transport transatlantique) : 153 F/q et 122 F/q,

- pour le maïs (dans l'hypothèse d'un prix mondial de 65 F/q départ Golfe + 7 F de transport) : 134 F/q et 122 F/q.

Dans le cadre de la PAC actuelle , la préférence communautaire :

- est effective, tant pour le blé que pour le maïs, même dans l'hypothèse de prix mondiaux faibles (68 F/q départ Golfe, pour le blé et 55 F/q pour le maïs). Dans la pratique, le prix d'entrée calculé à partir de l'équivalent tarifaire est plus élevé que le prix d'intervention x 155 %, soit 122 F/q. C'est donc ce dernier qui détermine le prix d'entrée potentiel,

- continuerait à être effective avec une diminution des équivalents tarifaires de 52 % pour le blé et de 23 % pour le maïs. Le prix d'entrée potentiel serait alors de 105 F/q pour le blé et 110 F/q pour le maïs, niveaux de prix d'entrée considérés comme minimum pour garantir la préférence communautaire 50( * ) .

La proposition " Santer " de baisse de 20 % aurait deux types de conséquences contradictoires sur les marges de manoeuvre au sein de l'OMC :

- d'une part , la baisse du prix d'intervention se traduirait mécaniquement par une baisse du prix d'entrée potentiel puisque le seuil de " 155 % du prix d'Intervention " qui constituera le prix d'entrée, passera de 122 à 98 F/q.

En situation de prix communautaires élevés, ce prix d'entrée potentiel pourrait être insuffisant pour garantir une préférence communautaire effective pour le maïs. La préférence communautaire ne serait véritablement garantie que si le prix d'intervention était plus élevé que ce que propose la Commission soit au moins 67 F/q (on aurait alors " 155 % prix d'Intervention " = 103 F/q), ou si le mécanisme des " 155 % " était réaménagé (augmentation à " 163 % " afin d'avoir 63 F/q x 163 % = 103 F/q) ou supprimé. Ce mécanisme avait été institué dans le cadre particulier de la négociation du cycle de l'Uruguay, pour éviter que le niveau des équivalents tarifaires ne soit trop élevé lors de la première année de l'application des accords du GATT (1995). Sa suppression ne serait donc pas aberrante ;

- d'autre part, la baisse du prix d'entrée potentiel calculé à partir de " 155 % du " prix d'intervention ", qui passerait de 122 F/q à 98 F/q permettrait de réduire les équivalents tarifaires sans remettre en cause la préférence communautaire effective (qui impliquerait un prix d'entrée potentiel d'au moins 103 F/q). Ceci est particulièrement vrai pour le blé, pour lequel la protection communautaire est aujourd'hui la plus largement assurée.

Ainsi :

- pour le blé , l'équivalent tarifaire pourrait être ramené à 3 F/q (soit - 95 %, contre -52 % dans le cadre de la PAC actuelle),

- pour le maïs , l'équivalent tarifaire pourrait être ramené à 41 F/q (soit -34 %, contre -23 % dans le cadre de la PAC actuelle).

La baisse des prix de 20 % fragilise donc la protection extérieure en réduisant le différentiel entre prix intérieur et prix d'accès sur le marché Européen.

Une baisse de 10 % permettrait d'éviter un effondrement de la protection tarifaire.

La mission d'information souhaite que cette baisse raisonnable du prix d'intervention s'accompagne d'une suppression progressive des taxes à l'exportation, sur lesquelles la commission Européenne est très discrète.


Par ailleurs, aucun argument n'a été avancé par la Commission pour justifier l'absence de compensation intégrale de la baisse des prix. Faut-il y voir une volonté de rechercher une compétitivité qui entraînerait la disparition d'un nombre encore plus importants d'agriculteurs ?

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