C. UNE GESTION PLUS EFFICACE DU MARCHÉ DE LA VIANDE BOVINE

1. Un scénario qui voue ce secteur à sa perte

La mission d'information ne reviendra pas sur les critiques qui ont été faites à l'encontre des propositions de la Commission Européenne relatives au secteur de la viande bovine. Tout au plus peut-on remarquer que ces propositions traduisent parfaitement l'absence de pragmatisme de l'Union Européenne en matière agricole.

L'option envisagée par Bruxelles conduit inévitablement à la disparition programmée de ce secteur, et ce pour trois raisons essentielles :

le pari de l'exportation sans restitution sur les pays d'Asie qui justifie une baisse de 30 % des prix, est irréaliste , alors que le marché intérieur absorbe 90 % de la production Européenne,

l'abandon des mécanismes d'intervention publique et la régulation du secteur bovin sur le modèle du secteur porcin seront lourds de conséquences pour une production qui va connaître des déséquilibres offre/demande considérables dans les prochaines années,

malgré une augmentation de la part du FEOGA affectée au secteur de la viande bovine, le soutien par les primes animales conduit à une pénalisation des systèmes extensifs à l'herbe.

La mission d'information considère que ce scénario est le pire qu'on puisse imaginer. La production est livrée au seul cours du marché mondial avec des compensations partielles, -à savoir, 50 à 60 %- des pertes de revenus, à condition que les prix se stabilisent à environ 13 F/kg. Or, les cours risquent de descendre beaucoup plus bas puisque nos concurrents d'Amérique du Sud, d'Australie et de Nouvelle-Zélande se situent à des prix de 6 à 8 F/kg.


Rappelons que l'élevage bovin est présent sur la majeure partie du territoire national avec 345 exploitations dont 45 % en production allaitante, 35 % en production laitière et 20 % mixte.

La France rassemble 36 % du cheptel des 15 Etats Européens avec une production annuelle de 1,9 millions de tonnes soit 24 % de la production communautaire.

La localisation de la production allaitante est située dans des zones herbagères, donc quasiment inconvertibles dans la plupart des cas. Dans les régions montagneuses, le troupeau allaitant occupe 70 % des surfaces.

D'autre part, les éleveurs spécialisés ont les revenus agricoles les plus bas -50% de moins que le revenu moyen-.

Le marché a été particulièrement déstabilisé par la crise de l'ESB, la chute de la consommation et les difficultés d'exportation. Un équilibre précaire a pu être retrouvé par des mesures exceptionnelles de stockage à l'intervention et par les mesures d'abattage sanitaire.

Au-delà de la crise de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), deux autres éléments contribuent au déséquilibre du marché :

- l'absence de régulation de la production ;

- un accès au marché mondial limité du fait des règles du GATT -environ 10 % de la production communautaire-.

La proposition de la Commission empêche toute exportation sans restitution et ne permettra pas non plus de regagner des parts sur le marché intérieur puisque la filière n'a jamais répercuté la baisse de prix à la production, et ce, malgré des chutes de prix à la production supérieur à 20% (étude OFCE de 1996).

Par ailleurs, les gains de productivité sont quasi inexistants en raison :

- d'un niveau élevé de charges ;

- de l'interdiction des activateurs de croissance ;

- de la prédominance dans le secteur de petites structures familiales.

Enfin, rien ne prouve que ces compensations ne seront pas remises en cause dans les prochaines négociations de l'OMC comme cela avait été le cas lors des dernières négociations.

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