C. LE CAS DU ROYAUME-UNI

1. Un dispositif mis en oeuvre par des structures privées

• Au Royaume-Uni, le secteur du cinéma est placé sous la double tutelle du Ministère du patrimoine (DNH, en charge de la culture) et du Ministère du commerce et de l'industrie (DTI).

• Dans l'ensemble, le soutien prend la forme d'aides sélectives à la production. Le système de soutien automatique a été supprimé en 1985.

• Les structures en charge du soutien au cinéma sont le British Film Institute (BFI, fondation à vocation culturelle, en partie financée par le DNH), British Screen Finance Ltd (BSF, à vocation économique, subventionnée par le DTI) et le European Coproduction Fund (ECF, administré par le BSF). En 1995, une nouvelle aide au cinéma a été créée, financée par une part des ressources de la Loterie Nationale et gérée l'Arts Council of England. Ces structures ne financent que la production, même si à terme, l'Arts Council doit financer également l'exploitation et la distribution.

• A côté de ce dispositif, les provinces financent des dispositifs spécifiques, notamment en Ecosse, au Pays de Galles et à Londres. La structure londonienne est une société privée, indépendante des collectivités locales, même si elle reçoit une subvention ; elle est la seule à soutenir l'investissement dans les salles, alors que l'action des autres structures régionales est centrée sur l'aide à la production (y compris les phases de développement des projets et de postproductions.

• Dans le cadre de la dynamique de privatisation qui a prévalu au cours des années 1980-90, toutes les structures nationales et régionales, en dehors de l'Arts Council et du BFI sont des sociétés privées, qui reçoivent des fonds privés, notamment des télévisions.

• Par ailleurs, des incitations fiscales permettent aux individus qui investissent dans le capital d'une société qualifiée de bénéficier d'exonérations d'impôts.

• Tous les diffuseurs sont soumis à des quotas de diffusion de productions européennes. Les chaînes de télévision hertziennes doivent faire appel à des producteurs indépendants, pour au moins 25% de leurs programmes. Par ailleurs, les chaînes commerciales hertziennes (hors Channel 4) doivent diffuser au moins 65% de productions originales. BSkyB, de son côté, s'est engagée à pré-acheter tous les films soutenus par BSF, acquérant ainsi les droits de diffusion sur les télévisions payantes au Royaume-Uni.

Budget annuel des fonds, 1994

(M £)

Montant à distribuer

BFI Production

1,7

BSF

4,31

ECF

2,0

Total aides nationales

8,01

Agence du film de Londres

0,5

Fonds écossais de production

0,51

Fonds du film de Glasgow

0,15

Fonds gallois de production

0,06

Total aides régionales

1,23

TOTAL

9,24

Source : Territoires

• A partir de 1995, il faut ajouter 16 M £ provenant de la Loterie Nationale, gérés par l'Arts Council of England.

2. BFI

• BFI est financé par le DNH, Channel 4, ITCA (association de télévisions indépendantes du réseau ITV) et des coproducteurs (4 000 membres).

• Il a pour objectif de soutenir des projets qui ne pourraient pas être produits dans un cadre strictement commercial. Il gère les aides suivantes :

- aide au développement et à la production de longs métrages ; BFI intervient comme coproducteur ;

- aide à la coproduction de courts métrages ; BFI intervient sous formes de subventions, mais cette procédure s'assimile à un investissement en production, dans la mesure où BFI peut participer aux recettes de distribution du film ; une procédure spécifique soutient les projets de nouveaux réalisateurs ;

- aide aux projets d'animation, dans le cadre du Musée de l'image animé (MOMI), en collaboration avec Channel 4.

• BFI Production produit 2 à 3 films par an.

3. BSF

• Il s'agit d'une société privée, sous contrat avec l'Etat. Ses principaux actionnaires sont Channel 4, United Artists Screen Entertainment, Rank, Cannon, Granada Television. Le financement est assuré par les investissements des actionnaires, une dotation du gouvernement et les revenus des investissements antérieurs ; les retours des investissements correspondent à environ 60% du budget de BSF.

• L'objectif de BSF est de renforcer l'industrie du film britannique. Il distribue deux types d'aides :

- aide au développement de longs métrages ; l'aide est accordée sous forme de prêts sans intérêt, éventuellement remboursables, pour financer les étapes de préparation des films ;

- aide à la production de longs métrages ; cette aide constitue un prêt considéré comme un investissement dans la production ; le taux de ce prêt est supérieur de 2% au taux de base bancaire.

• BSF produit environ 11 films par an.

4. Arts Council of England

• Le budget du Conseil est alimenté par une subvention du DNH (pour des programmes de soutien à l'audiovisuel) et par une partie des recettes de la Loterie nationale. Les ressources de la Loterie nationale doivent financer la production, la distribution et l'exploitation ; seul le premier volet est aujourd'hui opérationnel ; l'aide à la production est une subvention.

• L'objectif du Conseil est de faire émerger des sociétés intégrées, sur le modèle des majors américains. Trois franchises ont été attribuées à des studios pour le développement et la production de films, pour une durée de 6 ans.

• Les bénéficiaires sont :

- Pathé Production, en partenariat avec Guild, BSkyB, Pathé, Studio Canal+, BZW, Coutts, Thin Man, Lynda Myles ; ils ont obtenus 49,5 MECU, pour la production de 35 films ;

- The Film Consortium a obtenu 45,37 MECU, pour la production de 39 films ; le consortium regroupe Scala Pictures, Parallax, Skreba, Greenpoint, Virgin, BMG Vidéo, Cofiloisirs ;

- DNA Films Ltd (Duncan Kenworthy, Andrew Mac Donald), qui a obtenu 43,5 MECU, pour 16 films.

• Une quatrième franchise de 94,5 MECU n'a pas été attribuée. Elle bénéficiera à des projets individuels non commerciaux.

5. ECF

• Il s'agit d'une société privée détenue à 100% par BSF. L'objectif de l'ECF est de soutenir le développement de la coopération de l'industrie cinématographique nationale avec celle d'autres pays européens, pour la production de films. Le fonds s'engage à soutenir au moins 5 coproductions par an. Le fond était financé jusqu'en 1997 par une subvention garantie par le DNH.

• L'aide est accordée sous forme de prêts, dont le retour doit être supérieur à 30%.

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