B. LES EXPLOITANTS PROGRAMMENT EN PRIORITÉ DES FILMS AMÉRICAINS, QUI RESTENT PLUS LONGTEMPS À L'AFFICHE QUE LES FILMS FRANÇAIS

• Mis à part le cas particulier de 1996, les salles programment un nombre croissant de films américains (54,8% en 1995).

• Les films américains restent plus longtemps à l'affiche que les films français : en 1995, un film français restait en moyenne 17,3 semaines à l'écran, contre 27 semaines pour un film américain.

• On peut expliquer ce phénomène par le fait que seuls sont distribués en France les films américains ayant déjà généré des recettes aux Etats-Unis.

C. UNE SITUATION ÉCONOMIQUE LARGEMENT DÉPENDANTE DE L'ÉVOLUTION DE LA FRÉQUENTATION ET DE LA POLITIQUE DES GRANDS GROUPES DE PROGRAMMATION

1. La chute du nombre de sociétés d'exploitation cinématographique observée entre 1989 et 1995 concerne principalement les petits exploitants

• Au cours de la période, la taille des sociétés d'exploitation a eu tendance à croître.

- En 1989, 94% des entreprises réalisait un chiffre d'affaires inférieur à 5MF; en 1995, elles ne sont plus que 80%.

- Dans le même temps, le % des sociétés réalisant un chiffre d'affaires supérieur à 20 MF doublait et passait à 2%

• Le niveau de concentration du secteur, exprimé en fonction du C.A réalisé par les entreprises, est resté à peu près stable entre 1989 et 1995 ; cependant il est plus élevé que dans les secteurs de la production et de la distribution cinématographique.

- Le chiffre d'affaires réalisé par les trois premières entreprises est passé de 39% du chiffre d'affaires total du secteur en 1989 à 42% en 1995.

- Le chiffre d'affaires réalisé par les dix premières entreprises est passé de 46% du chiffre d'affaires total du secteur en 1989 à 50% en 1995.

• Le secteur a pourtant connu un phénomène de concentration assez brutal au cours de la période, qui se mesure assez bien au travers de l'évolution du nombre d'entreprises.

- Le nombre total de sociétés d'exploitation a en effet chuté de 18% entre 1989 et 1995.

- Les sociétés de petite taille sont les plus concernées par ce phénomène de " mortalité " (disparition ou fusions)

• Le nombre de sociétés réalisant un chiffre d'affaires de moins de 500 KF a chuté de 63% entre 1989 et 1995

• Le nombre de sociétés réalisant un chiffre d'affaires de moins de 5 MF a baissé de 10% entre 1989 et 1995

• Dans le même temps, le nombre de société réalisant un chiffre d'affaires de plus de 20 MF a augmenté de 70%

• Cette évolution s'explique sans doute par " l'effet multiplexes ".

• Face à ces évolutions, la taille des entreprises exprimée en nombre moyen de salariés permanents a augmenté de façon sensible au cours de la période, passant de 6,1 à 7,1 salariés

- Le secteur emploie ainsi en 1995, 5185 salariés de manière permanente

• Après une période de " débauchage " jusqu'en 1992, le secteur s'est mis à réembaucher au rythme moyen de 3,6% l'an.

• Le secteur n'emploie pas d'intermittents du spectacle.

- Les charges salariales sont relativement importantes puisqu'elles représentent en 1995 un tiers des dépenses courantes (hors consommation intermédiaire). Cependant, elles sont passées de 36% en 1989 à 32% en 1995.

2. Un secteur dont la rentabilité reste médiocre malgré l'importance du soutien public

• Le C.A. du secteur a connu au cours de la période 1989-1995, un taux croissance inférieur à celui du PIB, de 1,2% par an en moyenne.

- Cette évolution traduit la crise de fréquentation observée depuis 1986, et ce, jusqu'en 1992.

• La marge nette du secteur est demeurée constamment négative au cours de la période.

- Le déficit courant oscille suivant les années entre 10 et 17% du C.A.

- On constate néanmoins, avec la reprise de la fréquentation, une légère amélioration depuis 1993 ( 11% du C.A en 1995).

• Au cours de la période la capacité d'autofinancement du secteur a eu tendance à se dégrader, malgré un niveau de subventions publiques assez élevé.

- Les investissements corporels, traduisant la politique de modernisation des salles, ont fortement augmenté au cours de la période (+18,6%). Leur poids dans la valeur ajoutée nette est ainsi passé de 19% à 48% entre 1989 et 1995

- Cependant les ressources en capital sont demeurées très faibles tout au long de la période, même si on a observé une légère amélioration à partir de 1993, principalement due, d'ailleurs, à la forte hausse des subventions d'équipement

• Le résultat brut courant, alimentant les fonds propres, est resté négatif depuis 1991, même si le déficit a tendance à se résorber depuis (-341 MF en 1992, -50 MF en 1995)

• Les subventions d'équipement observent une forte hausse à partir de 1993, représentant un apport moyen de 300 MF

- D'une manière générale , le niveau des subventions publiques (subvention d'équipement et d'exploitation) accordées au secteur de l'exploitation est passé de 5,4% en 1989 à 7,1% du total des charges courantes en 1995.

- En conséquence, le déficit de financement entre les ressources en capital et les investissements corporels s'est accru, particulièrement en 91, 92, 94 et 95.

• Le taux d'autofinancement est donc resté négatif tout au long de la période

• En 1991, il atteignait -89%, en 1992, -134%; il s'est stabilisé à -65% en 1994 et 1995

- Comme pour les producteurs, les exploitants ont dû trouver des financements complémentaires auprès des organismes financiers, et se sont endettés.

• Les frais financiers se sont accrus jusqu'en 1992 pour atteindre 29% de la valeur ajoutée nette du secteur

• Depuis 1992, ils ont tendance à décroître mais représente toujours 18% de la valeur ajoutée nette en 1995.

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