V. LES PROPOSITIONS DE LA COMMISSION

Une remarque préalable s'impose : la problématique de la politique de lutte contre le cancer est d'abord qualitative, et non pas quantitative.

En l'absence de corrélation mécanique entre les sommes dépensées et les résultats obtenus, il importe de s'attacher surtout aux aspects organisationnels, qui permettront de parvenir à une plus grande efficacité tout en dégageant les marges financières nécessaires pour couvrir certaines dépenses inévitablement croissantes.

Les propositions tendant à dynamiser la politique de lutte contre le cancer sont regroupées sous les quatre rubriques suivantes : connaître ; coordonner ; informer ; et contrôler.

A. CONNAÎTRE

1. Recenser l'ensemble des fonds publics consacrés à la lutte contre le cancer

L'absence de chiffres précis et exhaustifs sur les sommes consacrées à la lutte contre le cancer est en soi révélatrice de l'inorganisation de cette politique. Le contraste est particulièrement frappant avec la politique de lutte contre le sida, dont les dépenses sont connues avec la plus grande précision.

Par principe, le ministère de la Santé s'est refusé à mettre en place une structure verticale chargée de la lutte contre le cancer, afin de diluer le poids des lobbies (qui ne sont pas étrangers à la structuration de la lutte contre le sida). Mais, dans certains pays étrangers plus avancés que la France en matière de santé publique, on trouve des structures administratives spécialisées par pathologie.

Certes, une cellule cancer existe au sein de la direction générale de la santé. Mais les moyens humains qui lui sont affectés, correspondant à un emploi budgétaire et demi, limitent forcément ses ambitions.

En tout état de cause, le Parlement devrait être en situation de prendre connaissance chaque année, dans le cadre de la conférence nationale de la santé préparatoire au projet de loi de financement de la sécurité sociale, des montants et de la répartition des dépenses de lutte contre le cancer.

2. Pérenniser le Conseil national du cancer

Le Conseil national du cancer a été créé par un arrêté du ministre délégué à la Santé en date du 14 avril 1995. Il est constitué de personnalités du monde de la cancérologie, dans ses quatre composantes principales : les CLCC, les CHU, les centres hospitaliers non universitaires et les établissements privés.

Le conseil s'est réuni très régulièrement et s'est exprimé sous la forme de neuf avis, sur les thèmes les plus variés. Toutefois, il n'apparaît pas que ses avis aient été suivis de beaucoup d'effets. Le mandat du conseil est arrivé à échéance et n'a pas été renouvelé.

Organe de réflexion central, le Conseil national du cancer mérite d'être pérennisé, dans une composition élargie au-delà du secteur hospitalier. Son avis devrait être obligatoire sur tous les actes réglementaires intéressant la lutte contre le cancer.

3. Adapter les systèmes d'information médicaux à la prise en compte du cancer

Le PMSI doit être adapté aux spécificités de la lutte contre le cancer, afin de prendre en compte les coûts invisibles de la concertation pluridisciplinaire.

Par ailleurs, les GHM (Groupes Homogènes de Malades) en radiothérapie comme en chimiothérapie méritent d'être affinés.

4. Approfondir l'étude des disparités régionales

Les études épidémiologiques des Observatoires Régionaux de la Santé, qui fonctionnent avec des moyens très réduits, présentent le plus grand intérêt. Elles pourraient utilement être axées sur les pathologies tumorales.

L'action des Comités techniques régionaux de cancérologie peut également être optimisée. Ces comités devraient participer au recueil de données et statistiques régionales, ainsi qu'à l'élaboration des SROSS (Schémas Régionaux d'Organisation Sanitaire).

Une exploitation des premiers travaux des Agences Régionales de l'Hospitalisation permettrait sans doute de dégager des éléments d'analyse comparative intéressants.

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