3. L'assurance santé au Royaume-Uni : addition du " State Social Security System " et de l'assurance-maladie privée 156( * )

La loi de 1911 sur l'assurance nationale (" National Insurance Act ") a instauré un système légal et obligatoire destiné à compléter les prestations offertes par Friendly Societies (sociétés de secours mutuels), qui ont continué d'octroyer une couverture d'assurance aux ouvriers non visés par la loi de 1911.

En 1948 est créé, malgré l'opposition de certaines catégories de professions médicales, le " National Health Service " (Service national de santé), auquel l'ensemble des résidents peut recourir. Il propose à titre gratuit pour les patients des soins de médecine générale, des soins dentaires et ophtalmologiques, des soins de spécialistes dans les établissements hospitaliers de l'Etat, ainsi que des services médico-sociaux tels que soins à domicile, transport par ambulance etc.

Le NHS, qui absorbe au milieu des années 90, environ 40 milliards de livres par an, tire 83 % de ses ressources de l'impôt, 13 % de la part NHS des cotisations versées par les salariés, les employeurs et les travailleurs indépendants et 3 % du paiement direct par les patients.

Plusieurs polices d'assurance privée sont offertes au Britanniques :

- " l'assurance frais médicaux " qui couvre les frais de soins médicaux et englobe les garanties octroyées par les " Hospital Contributory Schemes ", vieux de plus d'un siècle, qui sont des entités à but non lucratif (au nombre de 29) participant au financement des établissements hospitaliers privés locaux, ainsi que les prestations versées par les " Hospital Cash Plans ", qui sont des assurances proposées par 16 institutions (soit " Provident Associations ", c'est-à-dire sociétés mutuelles de prévoyance, soit entreprises d'assurance) et dont l'objet est le versement d'allocations forfaitaires pendant les périodes d'hospitalisation (cette assurance est souscrite soit au profit des salariés, soit à titre individuel par 11 % de la population et est pratiquée par les " Provident Associations " ou les sociétés d'assurance) ;

- la " Permanent Health Insurance " (assurance incapacité de travail de longue durée) qui couvre la perte de revenu consécutive à une maladie ou à une incapacité de travail de longue durée, proposée depuis un siècle par deux compagnies d'assurance ainsi que par les " Friendly Societies " (le nombre total d'organisations favorisant cette assurance est passé de 400 avant 1948 à 30 après la création du, lesquelles font toutes partie intégrante, aujourd'hui, du secteur de l'assurance santé privée) ;

- " l'assurance accidents individuelle ", qui couvre la perte de revenu consécutive à une maladie ou une incapacité de travail de courte durée ;

- " l'assurance-maladies critiques " (" Critical illness "), qui prévoit le versement d'un montant forfaitaire en cas de diagnostic de maladies graves déterminées.

La demande d'assurance privée, loin de décroître après la création du NHS, n'a cessé de croître pendant cinquante ans.

Les primes d'assurance " frais médicaux " privée varient suivant l'âge et la statistique de l'ensemble des contrats individuels de la branche. Par conséquent, elles sont calculées suivant l'importance et le coût des sinistres enregistrés pour l'ensemble de la communauté. Les primes augmentent avec l'âge des assurés. La majorité des assureurs demandent à leurs futurs clients de remplir un formulaire de leurs antécédents médicaux, qui est étudié avec minutie par l'assureur. Lorsqu'elles ne demandent pas de " formulaire d'antécédents ", ce document est remplacé par un moratorium faisant état des soins précédemment reçus par le demandeur, qui ne peut donc bénéficier de prestations pour un traitement concernant directement ou indirectement ses antécédents médicaux (sauf à l'issue d'une période de deux années consécutives en principe).

Un nombre important de personnes assurées continue de faire appel occasionnellement aux soins partiels du NHS. Environ 15 % des patients du secteur privé ne sont pas couverts par une assurance et paient eux-mêmes l'intégralité des frais.

Contraint depuis sa mise en place par des problèmes de financement et de modernisation des équipements, le NHS, qui prodigue des services d'une grande qualité, a été conduit à établir des listes d'attente. Plus d'un million de personnes attendent en moyenne pendant une durée qui peut être de plusieurs mois. Il a été réformé en profondeur au début des années 90 : les fonctions d'acheteur et de vendeur de services médicaux ont été dissociées pour permettre une gestion plus efficiente.