CHAPITRE V

EMPLOI ET RELATIONS SOCIALES DANS L'ASSURANCE FRANÇAISE

Comment le secteur de l'assurance a-t-il traversé les évolutions fortes et diversifiées de ces dernières années, en matière d'emploi et de relations sociales ?

On s'intéressera dans un premier temps à la situation actuelle de l'emploi en analysant sa répartition professionnelle et géographique, ainsi que ses principales caractéristiques socio-économiques.

Les grandes évolutions de l'emploi en France seront ensuite étudiées et rapprochées avec celles des autres pays européens.

Les principaux facteurs de la relative stabilité constatée de l'emploi en France seront ensuite étudiés (formation, réduction et aménagement du temps de travail, coûts salariaux).

Enfin l'évolution des relations sociales de la profession des assurances sera appréhendée en analysant la convention collective nationale des sociétés d'assurance et l'accord sur l'exercice de la profession d'agent général entre la Fnsaga et la Ffsa.

I. ADAPTATION SANS TRAUMATISME DE L'EMPLOI CHEZ LES DIVERS ACTEURS DE L'ASSURANCE

A. UNE RELATIVE STABILITÉ DE L'EMPLOI MAIS DES TRANSFORMATIONS IMPORTANTES DES MÉTIERS

Le secteur de l'assurance n'est plus le créateur d'emplois qu'il a été dans les années 1970, cependant ses effectifs sont restés jusqu'à présent relativement stables. En parallèle, l'informatisation et l'introduction des nouvelles technologies ont eu un impact non négligeable sur la nature des emplois.

1. Diversité traditionnelle des métiers de l'assurance et évolutions récentes

On trouve dans l'assurance des métiers communs aux entreprises de tous les secteurs : secrétariat, informatique, communication, gestion financière etc... mais également des métiers spécifiques qui répondent aux différentes phases du déroulement du contrat. Deux des seize familles de métiers définis par l'observatoire de l'évolution des métiers de l'assurance concentrent à elles seules pratiquement 60 % des salariés de la profession. Il s'agit de la famille " gestion des contrats " (27,4 % des effectifs) et de la famille " commercial " 211( * ) (32,3 % des effectifs).

Tableau 62
Répartition par familles de métiers en 1996

Familles de métiers

Poids en %

Effectifs

- Conception et adaptation des produits

- Contrôle technique et prévention

- Gestion des contrats

- Commercial

- Comptabilité

- Réassurance

- Administration

- Secrétariat et assistanat

- Communication

- Gestion des actifs

- Informatique et télécommunication

- Etudes et conseil

- Gestion et organisation

- Logistique

- Ressources humaines

- Direction

2,1

1,7

27,4

32,3

4,9

1

3

7,1

0,7

1

5,8

2,1

1,9

5,4

2,2

1,4

2 600

2 000

33 200

39 200

5 900

1 200

3 600

8 600

900

1 200

7 000

2 600

2 300

6 500

2 700

1 700

Ensemble

100

121 200 212( * )

Source : Observatoire de l'évolution des métiers de l'assurance - rapport 1997

Les changements de nomenclature (passage de familles d'emplois à des filières en 1994 peaufinées par la suite par la création de base de données de l'observatoire de l'évolution des métiers de l'assurance) rendent difficile le suivi de l'évolution des métiers. La mise en parallèle des deux premières nomenclatures est d'autant plus déconseillée, que la première nomenclature s'est révélée à l'usage, selon la FFSA, trop floue, entraînant des affectations erronées dans certaines catégories de la part de certaines entreprises. Tout au plus peut-on constater :

- une stabilisation des effectifs en informatique et en gestion des ressources humaines ;

- une baisse des effectifs en travaux administratifs qui correspond à la suppression radicale de ces tâches par l'informatisation des procédures ;

- une diminution des personnels de secrétariat qui correspond à l'usage généralisé de l'informatique dans l'ensemble des emplois et à l'intégration des tâches ;

- une augmentation des effectifs en souscription, production, gestion des contrats qui correspond à un recentrage sur les métiers dits spécifiques. Ces métiers ont cependant fondamentalement évolué.

Ils ont été influencés par la performance croissante des systèmes informatiques de gestion des contrats et des clients associés au développement des télé-échanges d'information entre tous les acteurs. Les tâches de plus en plus complexes (pour la gestion des sinistres par exemple) et la technicité spécifique du métier sont intégrées aux logiciels sur le modèle des systèmes experts, ce qui tend à transformer le rôle de l'encadrement intermédiaire.

L'équipement informatique des réseaux a entraîné la suppression d'opérations traditionnelles réalisées au Siège et/ou dans des unités administratives spécialisées et a suscité la création de nouvelles fonctions de contrôle, de support et d'expertise.

Pour les métiers de gestion, une évolution importante concerne le développement de la polyvalence qui conduit à remplacer les tâches de masse répétitives et peu qualifiées par une mission plus globale de gestion d'un portefeuille de clients, dans toutes ses dimensions (produits, tarifs, contrats...).

Les mutations technologiques (et notamment les nouveaux modes de télécommunications) ont provoqué des changements d'organisation du travail. Sont aussi apparues de nouvelles formes d'organisations du travail telles que les plates-formes téléphoniques. En France cette activité ne concerne qu'environ 900 salariés soit 0,5 % des effectifs totaux de la profession, mais ces plates-formes téléphoniques devraient se généraliser au sein des compagnies d'assurance. Elles sont des outils de démarchage de clientèles nouvelles et de renseignement et de gestion des sinistres. Elles visent un renforcement de la proximité relationnelle.

Le télé-acteur gère la relation au client en temps réel ce qui nécessite une forte capacité d'initiative et de créativité. Il doit faire preuve d'engagement et de vivacité d'esprit afin d'établir une relation de confiance avec le client dans un laps de temps très court.

Le mouvement de mutations technologiques, l'intégration des tâches administratives, la nouvelle relation aux clients, ont provoqué des changements d'organisation du travail et de la structure qui implique aussi :

- une modification des modes de management et des modèles d'autorité ;

- un renouvellement et des relations avec le marché du travail et de la formation. On passe d'un système à entrée unique en termes de niveaux et de spécialités, sauf pour quelques experts (jusqu'aux années 1970, l'essentiel des recrutements s'opérait au niveau des études " générales " au mieux jusqu'en terminal) à un système à entrées multiples en terme de niveaux et de spécialités. Cette substitution dans les systèmes d'entrée rompt radicalement avec la tradition du secteur et conditionne une complète réorganisation du marché interne :

- le renouvellement des critères des modes de gestion du personnel.