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2. Le coût des dommages liés au changement climatique est très difficile à évaluer
La
théorie économique suggère de mettre les coûts d'une
politique au regard de ses avantages. Un tel bilan coûts/avantages est
cependant extrêmement difficile, sinon impossible, dans le cas du
changement climatique :
- il est difficile de rapporter des coûts présents (de
maîtrise des émissions) à des bénéfices
futurs (la mitigation des conséquences dommageables du changement
climatique) lorsque ceux-ci sont lointains : le coût d'un dommage
survenant dans 100 ans varie de 1 à 50, selon que le taux
d'actualisation retenu (c'est-à-dire la préférence pour le
présent) est de 5 % ou de 1 % ;
- les prévisions d'émissions sont très
sensibles aux hypothèses retenues en matière de
croissance, de progrès technique et de prix relatifs des
différentes sources d'énergie, comme l'illustrent les projections
ci-dessous de l'OCDE :
PROJECTIONS DES ÉMISSIONS DE CO2 À
L'HORIZON 2050
SELON DIVERSES HYPOTHÈSES POUR LA CROISSANCE
MONDIALE
SUR LA PÉRIODE 1990-2050
Taux de croissance annuel moyen 1990-2050 |
Emissions de CO2 en 2050 |
3,3 % |
30 |
2,3
% |
17 |
1,3 % |
9 |
Source : OCDE, 1995. |
- le
lien entre les émissions (flux) de CO2 et l'évolution
des concentrations (stocks) de gaz à effet de serre dans
l'atmosphère est loin d'être parfaitement élucidé.
L'incertitude tient surtout au manque d'informations précises sur les
processus d'élimination des gaz à effet de serre (l'action des
" puits ") et à la complexité des interactions entre
les gaz dans l'atmosphère ;
- enfin, même si les incertitudes scientifiques étaient
levées, le coût prévisible du changement climatique
demeurerait très difficile à estimer avec précision. La
valorisation de risques irréversibles dont l'horizon est lointain
soulève en effet des dilemmes, notamment éthiques, qui sont
presque insolubles, par exemple : quel coût donner à la
disparition d'une espèce naturelle ou d'un
écosystème ?
Les tentatives d'estimation du coût du changement climatique fournissent
toutefois deux enseignements :
- d'une part, l'ordre de grandeur des dommages liés au changement
climatique est de plusieurs points du PIB mondial annuel13(*) (0 à 21 % selon les
études recensées par le GIEC, avec une moyenne de 3,6 %).
Selon le GIEC, le coût du changement climatique serait ainsi de 5
à 125 $ par tonne de carbone actuellement émise (le Conseil
d'analyse économique donnant pour sa part une fourchette plus
large : coût négatif à 200 $ / tonne) ;
- d'autre part, les pays en développement seront les principales
victimes du changement climatique car leurs économies sont plus
fragiles et plus dépendantes des milieux naturels, tandis que certains
pays froids pourraient globalement en bénéficier, du fait de
l'augmentation de leurs rendements agricoles.
ESSAI
D'ESTIMATION DU |
||
Europe orientale et ex-URSS |
- 0,3 % |
|
OCDE - Europe |
1,3 % |
|
Amérique du Nord |
1,5 % |
|
OCDE - Pacifique (Japon, Corée, Nouvelle-Zélande, Australie) |
2,8 % |
|
Moyen-Orient |
4,1 % |
|
Amérique Latine |
4,3 % |
|
Asie du Sud et du Sud-Est |
8,6 % |
|
Afrique |
8,7 % |
Source : TOL (1994), repris dans le rapport du
GIEC
(1995),
chapitre 6, p. 63.
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