4. Droits de l'Homme des appelés (Mardi 22 septembre)

Une audition, organisée par la Commission des questions juridiques et des droits de l'homme en juillet 1996 à Helsinki a montré qu'il existe des différences considérables entres les Etats membres au sujet du statut juridique des appelés et des droits dont ils bénéficient. Elle a révélé aussi que, dans plusieurs pays, les droits de l'homme des appelés sont limités d'une manière injustifiable.

C'est pourquoi le rapport élaboré par le socialiste néerlandais Erik Jurgens affirme que les appelés doivent bénéficier des mêmes droits et libertés et jouir de la même protection juridique que les citoyens ordinaires. Le rapporteur propose à l'Assemblée d'inviter les Etats membres à revoir leur législation nationale et leur pratique afin, notamment d'assurer la conformité des procédures devant les tribunaux militaires avec la Convention européenne des Droits de l'homme, de veiller à l'existence de voies de recours appropriées, à l'équité des procédures, à l'impartialité et à l'indépendance du tribunal ainsi qu'à la régularité de l'arrestation et de la détention éventuelles des appelés. Préoccupé par la crise économique en Asie et tout particulièrement au Japon, ainsi qu'en Russie, le rapporteur invite les institutions financières internationales ainsi que les pays membres de l'OCDE à soutenir les réformes politiques, économiques et sociales que doivent entreprendre ces pays. Le rapporteur se tourne également vers l'OCDE pour lui demander que, dans la définition finale de l'Accord multilatéral d'investissement (AMI), elle prenne mieux en compte les préoccupations nationales dans les domaines des normes sociales et de travail, l'environnement et les objectifs culturels nationaux. Dans la lutte contre le chômage, Terry Davis demande d'encourager des politiques permettant l'essor du secteur des services, davantage utilisateur de main-d'oeuvre.

Au terme du débat, la résolution 1166, amendée, figurant dans le rapport 7979, ainsi que la recommandation 1380, sont adoptées.

5. Communication du Comité des ministres - Questions de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc), et de M. Jacques LEGENDRE, sénateur (RPR) (Mardi 22 septembre)

M. Giorgos PAPANDREOU, ministre suppléant des Affaires étrangères de la Grèce, s'adresse à l'Assemblée au nom du Président en exercice du Comité des ministres et attire l'attention sur la situation critique dans certains Etats membres, notamment l'Albanie, et la crise qui perdure en République fédérale de Yougoslavie et au Kosovo. Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc), lui pose la question suivante :

" Dans la perspective de l'institution d'un commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, demande au Président du Comité des Ministres, comment s'articuleraient les procédures et les compétences de ce commissaire avec celles de la Cour européenne des Droits de l'Homme, désormais permanente, ainsi qu'avec le Comité de prévention de la torture et des traitements dégradants, et ne serait-il pas opportun de demander à la Cour unique et permanente des Droits de l'Homme un avis sur ce point, qui serait porté à la connaissance du Secrétaire Général, du Comité des Ministres et de l'Assemblée. "

M. PAPANDREOU lui répond en ces termes :

" En réponse à la question de Mme Durrieu,, je voudrais tout d'abord souligner que, de l'avis du Comité des ministres, le commissaire sera une institution non judiciaire dont la mission sera de promouvoir l'éducation et la sensibilisation aux droits de l'homme et le respect qui leur est dû.

Dès le début de son examen de la proposition de créer cette institution, le Comité des ministres a toujours pensé que le commissaire devrait s'acquitter d'autres fonctions que celles déjà remplies par la Cour européenne des Droits de l'Homme, ou par les organes de contrôle relevant des instruments du Conseil de l'Europe concernant les droits de l'homme, tel que le Comité pour la prévention de la torture.

Le projet de mandat du commissaire envisagé, que le Comité des ministres a récemment communiqué à l'Assemblée parlementaire pour avis, confirme cette position et précise que le commissaire aux droits de l'homme devra respecter la compétence de la Cour et des autres organes de contrôle. Je voudrais renvoyer l'honorable membre, à ce propos, aux articles 2 et 4 du projet de mandat.

En ce qui concerne l'opportunité de demander l'avis de la nouvelle Cour européenne des Droits de l'Homme, je peux informer Mme Durrieu que cette question a déjà été soulevée au sein du Comité des ministres, et je ne suis pas en mesure de préjuger l'issue de nos discussions. Quoi qu'il en soit, il ne m'est pas difficile de vous donner le point de vue de la Grèce à ce sujet : le commissaire étant une institution non judiciaire, fonctionnant en respectant la compétence de la Cour européenne des Droits de l'Homme, nous ne pensons pas vraiment que l'avis de cette Cour devrait être sollicité en l'espèce. Tout d'abord, la Cour n'est pas un organe subsidiaire du Comité des ministres, sa mission est de prononcer des arrêts, non de donner des avis dont le Comité peut très bien ne pas tenir compte. En outre, avant de demander un avis à la Cour, nous devrions être sûrs qu'elle est disposée à nous en fournir un. Nous ne souhaitons certainement pas avoir à faire face à un refus de la Cour. Le fait de formuler cette demande à la Cour équivaudrait, selon nous, à placer la Cour dans une position très embarrassante. Le rôle du Comité des ministres, par rapport à la Cour, est défini de manière claire et restrictive dans la Convention, article 54. Le Comité doit surveiller l'exécution des arrêts de la Cour sans lui demander des avis ou des conseils sur des questions nettement situées en dehors de son champ de compétence.

En conclusion, je voudrais souligner une fois encore l'importance que le Gouvernement grec attache à l'institution du commissaire européen aux droits de l'homme. Nous ferons le maximum en vue d'une adoption rapide des textes pertinents afin que le commissaire puisse être nommé dans un très proche avenir.

Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) , pose alors une question supplémentaire :

" Monsieur le Ministre, ne pensez-vous pas que la multiplicité des institutions chargées de préserver les droits de l'homme risque d'affaiblir l'efficacité de l'ensemble du système ? "

Le représentant du Comité des ministres formule la réponse suivante :

" Cela dépend du domaine dans lequel travaille chaque institution. Comme je l'ai déjà dit, le commissaire aux droits de l'homme ne sera pas un organe judiciaire ; il aura essentiellement un rôle d'éducation et pourra, entre autres, être appelé à prodiguer des conseils à différentes institutions, organisations, Etats, etc. Je pense qu'il est nécessaire de mettre en place un tel organe, car il viendra combler une véritable lacune dans le domaine de la protection des droits de l'homme en Europe. Personnellement, je suis convaincu qu'il faut résolument aller vers sa création. "

M. Jacques LEGENDRE, sénateur (RPR) , pose à son tour une question en ces termes :

" Considérant qu'il aurait créé une " antenne " de gestion des itinéraires culturels du Conseil de l'Europe hors du siège de notre Organisation à Strasbourg, demande au Président du Comité des ministres s'il peut lui préciser la base légale de cette localisation d'un organe du Conseil de l'Europe hors du siège statutaire et si la disponibilité prochaine des locaux précédemment occupés par le Parlement européen ne serait pas l'occasion de rationaliser la gestion administrative de l'Organisation en rassemblant tous les services à Strasbourg. "

M. PAPANDREOU lui répond :

" L'Institut européen des itinéraires culturels a été créé au Luxembourg à l'initiative du Gouvernement du grand-duché.

La Résolution (98) 4 sur les itinéraires culturels du Conseil de l'Europe, adoptée par le Comité des ministres le 17 mars 1998, définit un règlement -en tant que cadre de coopération formelle- pour la mise en oeuvre de cette activité, qui nécessite des ressources humaines et financières considérables, et autorise le Secrétaire général à signer un protocole d'accord avec le Gouvernement du grand-duché de Luxembourg, ainsi qu'un arrangement administratif avec le président de l'association " Institut européen des itinéraires culturels " dont le siège est à Luxembourg.

Cette activité est coordonnée pour le Conseil de l'Europe par l'Institut européen des itinéraires culturels. Il va sans dire que les instances compétentes du Conseil de l'Europe restent responsables pour l'évaluation de la pertinence et de la faisabilité de nouveaux thèmes dans le contexte du programme intergouvernemental d'activités géré par le Secrétariat.

Cette restructuration présente l'avantage pour le Conseil de l'Europe de développer un partenariat qui lui permet d'augmenter les ressources financières et humaines allouées à cette activité grâce à une importante contribution financière du grand-duché de Luxembourg.

Les Délégués des ministres examinent activement les besoins en locaux du Conseil de l'Europe et les effets de la mise en service prochaine du nouvel hémicycle du Parlement européen. "

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