4. Un suivi hétérogène par les Régions

Le suivi par les Régions de leurs dépenses effectuées au titre des contrats de plan ne s'est heurté ni à la complexité de la gestion budgétaire de l'Etat, ni aux difficultés techniques ou culturelles de transmission d'information entre les services de l'Etat,

Ce suivi n'en fut pas pour autant satisfaisant.

En premier lieu, la plupart des Régions ont été confrontées en 1994 à l'absence de logiciels informatiques permettant le suivi budgétaire et comptable d'un grand nombre de programmes pluriannuels : les programmes existants ne permettaient qu'un suivi annuel des budgets.

Certaines régions, comme Rhône-Alpes indiquent avoir mis en place " un système de codification informatique, intégré à son système de gestion financière, lui permettant de connaître à tout moment les crédits de paiement qu'elles ont affectés, engagés et mandatés par action, programme, chapitre ou intégralité du contrat de plan ".

Mais la plupart des Régions, à l'instar des services de l'Etat, ont dû recourir pour le suivi des contrats de plan à des procédures extra-comptables, et, dans certains cas, manuelles, donc très lourdes à gérer, déclaratives et sources d'erreurs.

Par ailleurs les crédits régionaux contractualisés ne sont pas " estampillés contrat de plan ". En effet, la procédure budgétaire régionale ne permet pas d'identifier réellement les crédits contractualisés des crédits " de droit commun ", alors même qu'un grand nombre de programmes, par exemple en matière de tourisme, sont financés à la fois dans le cadre des contrats de plan et " hors contrat de plan ". Cela résulte notamment du flou des actions contractualisées.

Par exemple, selon les estimations du secrétariat d'Etat au Commerce extérieur, les Régions ont consacré 253 millions de francs au soutien de l'exportation dans le cadre des contrats de plan, mais aussi 323 millions de francs hors contrat de plan.

Pour tous ces programmes, les Régions - comme, dans une moindre mesure, l'Etat - peuvent donc afficher des taux d'exécution très largement supérieurs à 100 %, en ajoutant aux crédits " contractualisés " des crédits " normaux " que rien, en fait, ne distingue des premiers.

Cette difficulté fut d'ailleurs source de conflits d'interprétation entre les Régions et les préfectures, ces dernières estimant parfois qu'il convenait d'écrêter les taux d'exécution supérieurs à 100 % (cf. schéma ci-après).

DIFFICULTÉS D'INTERPRÉTATION DU TAUX D'EXÉCUTION GLOBAL DU CONTRAT


Hypothèses

Action 1

 

Action 2

Engagements

 
 

100

 
 
 

100

 
 
 
 
 
 
 
 

Exécution de chacune des actions

 
 

200

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

50

Calcul du taux d'exécution du contrat

Cas 1 : écrêtage

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

100

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

50

 
 
 

100 + 50 = 75 %

200

 
 

Cas 2 : pas d'écrêtage

 
 

200

 
 
 
 
 
 
 

100

 
 
 

100

 
 
 
 
 
 
 

50

 
 
 

200 + 50 = 125 %

200

 
 

Quel est le taux d'exécution du contrat : 125 % ou 75 % ?

Par ailleurs, certains ministères se sont plaints de n'avoir qu'une vision floue des dépenses effectivement engagées par les Régions au titre des contrats de plan.

De manière plus générale, les procédures budgétaires de l'Etat et des Régions ne sont pas homogènes, de sorte que, sous des dénominations proches, les bilans d'exécution conjoints recouvrent des réalités différentes. Plusieurs Régions regrettent ainsi l'absence d'unité de mesure commune pour les engagements des cocontractants.

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