5. Préconisations

Les développements qui précèdent montrent les limites, sinon l'absurdité , de la logique financière des contrats de plan : les engagements contractualisés se focalisent sur des montants financiers au détriment des projets, alors même que le suivi financier des contrats est d'une fiabilité très incertaine, produit avec retard (au mieux juin de l'année n+1), et ne donne guère d'indications sur l'avancement réel des projets.

Votre rapporteur ne saurait donc préconiser de rechercher un suivi exact des contrats de plan. Il s'agit là d'un objectif largement illusoire , au moins tant que le champ de la contractualisation ne sera pas resserré, et dont la poursuite ne pourrait que détourner les énergies du suivi physique des contrats.

Votre rapporteur se doit également de rappeler encore que le taux de consommation de crédits n'est en aucun cas le gage de la pertinence d'une politique publique. Pour certaines actions, dont la réalisation dépend d'initiatives privées, comme les dispositifs d'aide à l'investissement des entreprises, un taux d'exécution de 100 % sur 6 ans est d'ailleurs plutôt inquiétant, en ce qu'il suggère que l'octroi des aides a été rationné, donc que le dispositif était mal calibré (ou bien trop généreux, ou bien insuffisamment doté).

Il est toutefois souhaitable et possible d'améliorer le dispositif mis en oeuvre pour le suivi des troisièmes contrats de plan :

- en élaborant et en négociant les modalités de suivi avant la signature des contrats ;

- en reliant systématiquement les engagements de l'Etat portés au contrat à des articles budgétaires ;

- en précisant dans le contrat les règles du jeu , en particulier les règles d'actualisation, en matière de calcul des engagements ;

- en écartant du contrat les politiques de droit commun, qui bénéficient par ailleurs de crédits non contractualisés fongibles avec les dotations contractualisées ;

- en associant au suivi les " co-financeurs ", en particulier les Départements et les Villes ;

- en privilégiant un suivi continu et qualitatif, à la réalisation d'un document annuel exhaustif ;

- en évitant que les bilans d'exécution ne juxtaposent en fait un bilan effectué par l'Etat de ses propres dépenses et un bilan similaire établi par la Région, donc en impulsant des procédures de " certification " mutuelle des bilans d'exécution ;

- en sensibilisant les administrations déconcentrées, et plus particulièrement les services de la comptabilité publique, à l'importance pour les Régions d'un suivi sincère des contrats de plans ;

- en rendant de facto obligatoire la codification (le " fléchage " des crédits contractualisés ") ;

- en veillant à l'amélioration progressive de la compatibilité des logiciels informatiques des administrations déconcentrées et des Régions, et à la transmission systématique de données informatisées. Les services de la DATAR et du ministère de l'Intérieur ont ainsi proposé un outil de suivi des opérations liées à un contrat de plan (Présage), en cours d'expérimentation dans certaines régions ;

- en donnant à la DATAR un accès informatique aux applications de la comptabilité publique et les moyens humains d'un contrôle des bilans effectués par les Régions et les ministères ;

- en respectant l'esprit, sinon la lettre, de l'obligation inscrite à l'article 13 de la loi du 29 juillet 1982 : le dépôt par le Gouvernement, chaque année avant la fin du premier trimestre, d'un rapport au Parlement retraçant l'ensemble des actions engagées au cours de l'exercice précédent et rendant compte de l'exécution des contrats. En particulier, le Gouvernement pourrait adresser au Parlement un " jaune " budgétaire relatif aux contrats de plan.

Le rapport CHÉRÈQUE préconisait également une mesure plus radicale : l'identification des crédits contractualisés dans des articles budgétaires distincts.

Cette mesure serait source de transparence vis à vis du Parlement et des Régions. Elle faciliterait considérablement le suivi financier global des contrats de plan. L'expérience de certains articles budgétaires entièrement contractualisés, comme pour le Tourisme, est d'ailleurs assez satisfaisante à cet égard.

Selon la DATAR, " l'Etat réfléchit [donc] à ce principe...Ainsi, les politiques de l'Etat pourraient être financées sur un article budgétaire et un article budgétaire bis, l'un réservé à la contractualisation, l'autre à la mise en oeuvre de la mesure hors contrat de plan ".

Cette idée est néanmoins controversée. En effet, l'inscription séparée des crédits contractualisés dans la loi de finances serait une source de rigidité considérable pour les dépenses de l'Etat, sans que cette rigidité ne soit toujours un facteur d'efficacité de la dépense publique.

De plus, ce principe soulèverait des difficultés pour la première année d'exécution du contrat. En effet, le projet de loi de finances est établi et voté bien avant la signature des contrats.

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