2. La DATAR n'a pas les moyens nécessaires à la coordination nationale des politiques contractualisées

La DATAR est investie d'une mission de coordination étroite des politiques contractualisées, mais les Régions s'interrogent sur son rôle effectif en la matière.

Certes, la DATAR assure avec une efficacité et une célérité reconnues, et malgré des moyens réduits (une cellule dédiée de 4 personnes, renforcée en cas de besoin par des collaborations ponctuelles), l'ingénierie procédurale des contrats de plan : élaboration et rédaction des circulaires et définition des calendriers, puis secrétariat général de la procédure : envoi et réception des courriers aux préfets et aux ministères ; information des administrations ; centralisation des demandes des préfets ; récapitulation des propositions des ministères ; convocation, organisation et synthèse des réunions interministérielles et des CIADT ; suivi de l'exécution des contrats etc.

Certes, la DATAR avait édicté pour les contrats de plan 1994-1999 des procédures d'élaboration en principe fortement interministérielles : " les préfets n'adressent à la DATAR que des propositions globales de développement. Les ministères prennent connaissance de la partie qui les concerne et instruisent celle ci dans le cadre de documents uniques où figure l'action de tous les départements ministériels ".

Certes, la DATAR, service du Premier ministre, a préparé les grands arbitrages politiques rendus par les conseillers du Premier ministre chargés de l'Aménagement du territoire, notamment sur les " enveloppes " attribuées à chaque région et à chaque ministère.

Certes, selon le ministère de l'Emploi et de la Solidarité " lors des réunions organisées [par la DATAR] à la DATAR ou à Matignon, il n'est pas rare que la position d'un ministère s'affine au regard des principes et des réponses énoncés par d'autres ministères ". De même, selon le secrétariat d'Etat au Commerce extérieur, " la coordination interministérielle est permanente et existe à plusieurs niveaux, ...[notamment] lors des discussions budgétaires (avec le Budget, la DATAR) " : en d'autres termes, les réunions interministérielles organisées par la DATAR constituent bien des opportunités pour la coordination des politiques de l'Etat.

Néanmoins, certaines Régions regrettent que " la DATAR ne coordonne pas assez les outils d'aménagement du territoire et l'environnement du contrat de plan (PAT, fonds structurels) avec le contrat de plan lui-même ".

Par ailleurs, l'influence de la DATAR sur la coordination des actions contractualisées est difficile à appréhender : il semble que la DATAR assure beaucoup plus l'ingénierie procédurale des contrats de plan qu'une mission de réflexion transversale sur les politiques et les projets contractualisés.

En réponse à votre rapporteur la DATAR indique d'ailleurs " il est difficile de reconstituer quelles dispositions [retenues ] avaient été proposées au cabinet du Premier ministre par la DATAR ". En revanche, plusieurs réponses ministérielles mentionnent des propositions, finalement non reprises, qui avaient été avancées par la DATAR (comme la contractualisation des transports collectifs urbains, qu'il pouvait paraître logique de coordonner avec les infrastructures routières périurbaines).

En fait, il semble que la DATAR ne dispose pas des moyens d'expertise suffisants pour porter en amont une appréciation technique sur la coordination interministérielle des contrats de plan ou sur leur cohérence au regard des impératifs d'aménagement du territoire, puis, le cas échéant, pour infléchir les orientations retenues par certains ministères.

En effet, les moyens humains alloués à la DATAR pour son rôle pivot en matière de contrats de plan, de l'ordre d'une dizaine de personnes équivalent-temps plein 124( * ) , sont étonnamment modestes.

La coordination interministérielle des contrats de plan est donc très limitée à l'échelle nationale, et votre rapporteur regrette que le transfert de la coordination des contrats de plan du Commissariat général du Plan à la DATAR, décidé pour la troisième génération de contrats, ne se soit pas accompagné de la mise en place des moyens nécessaires pour que la DATAR puisse réellement impulser une politique cohérente d'aménagement du territoire au travers des contrats de plan.

Ce manque de coordination se retrouve d'ailleurs au niveau de chaque région.

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