3. La coordination interministérielle des contrats de plan reste très limitée au niveau régional

La procédure de contrat de plan renforce le rôle des préfectures de région , et plus particulièrement des secrétaires généraux pour les affaires régionales (SGAR), qui, lors de l'élaboration des contrats, assurent la coordination des services régionaux de l'Etat en liaison avec les préfets de départements.

Les services des SGAR ont d'ailleurs été étoffés pour répondre aux besoins suscités par la préparation et le suivi des contrats de plan.

Il devrait en résulter une meilleure coordination des politiques publiques en région.

Cependant, les appréciations des Régions sont mitigées . Certes, les Régions reconnaissent que la procédure de contrat de plan " favorise le rôle des SGAR ", mais la plupart estiment que " le contrat de plan n'influence que faiblement la coordination interministérielle ", et certaines concluent même que, dans le cadre des contrats de plan, " la coordination [interministérielle] serait souhaitable " ou, plus crûment, "qu'il n'y a pas de coordination interministérielle ".

En effet, la contractualisation ne favorise la coordination interministérielle que lors de la préparation des contrats. Par la suite, les administrations déconcentrées exécutent les contrats de manière très largement autonome .

Le ministère de l'Agriculture reconnaît ainsi honnêtement que la coordination interministérielle " n'existe plus après la signature des contrats de plan hormis pour quelques thèmes (conventions de massifs, projets interrégionaux) où peuvent intervenir de façon complémentaire les ministères de l'Agriculture, de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement (FNADT) et de l'Industrie, ainsi que lors de la synthèse annuelle des engagements pris par chacun des ministères ".

Cela s'explique notamment, selon la Direction du Budget, par le fait que " l'exécution des contrats relève fondamentalement du contexte budgétaire de chaque ministère ".

Par ailleurs, même lors de la préparation des contrats, la coordination interministérielle déconcentrée est bridée par la pré-ventilation sectorielle des crédits, qui limite aussi bien les incitations pour les administrations déconcentrées à coopérer, que les marges de manoeuvre des préfets pour la négociation des contrats.

En outre, la coordination interministérielle déconcentrée de la préparation des contrats de plan est bridée par l'insuffisance des moyens d'expertise transversale des SGAR.

Par exemple, la plupart des SGAR ne disposent pas des données ou des moyens de cartographie nécessaires pour effectuer une synthèse des besoins locaux dans les différents secteurs. De même, les SGAR ne sont guère en mesure de conduire des études d'impact transversales des contrats de plan, notamment en matière d'emploi ou d'environnement.

De même, la coordination interministérielle est limitée par la rotation rapide des préfets de région, par leur méconnaissance des départements de la région autres que celui où ils sont installés, et qu'ils ne peuvent en principe quitter, enfin, par leur autorité de fait inégale sur les services déconcentrés, dont ils ne sont pas toujours assez les " patrons ".

Au total, plutôt que de coordonner les interventions de l'Etat autour d'objectifs communs à l'ensemble de ses administrations, les contrats de plan se contentent souvent, au mieux d'organiser la complémentarité de leurs financements et d'arbitrer entre leurs objectifs dissonants, au pire de juxtaposer des politiques sectorielles sans véritable articulation.

Votre rapporteur ne peut donc que rejoindre les préconisations du Conseil économique et social, formulées dans son avis des 27 et 28 octobre 1998 sur le Développement local et les politiques d'aménagement du territoire : " le Conseil économique et social estime indispensable de renforcer la mission de coordination que peuvent exercer les préfets de région vis-à-vis des différents services de l'Etat implantés sur leur territoire. Au delà de ce renforcement, devraient être recherchés les moyens d'assurer la continuité de leurs interventions afin d'éviter que soient freinées en cours de mise en oeuvre des actions de développement déjà engagées ".

Comme le résume 125( * ) M. Christian PONCELET, Président du Sénat, " les préfets doivent enfin devenir de véritables partenaires pour les élus locaux en assumant la coordination de l'ensemble des services déconcentrés. Ils doivent être capables d'engager l'Etat et tout l'Etat ".

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