4. Le problème des critères de péréquation

La répartition régionale des dotations de l'Etat pour les troisièmes contrats de plan Etat-Régions aura donc essuyé un feu nourri de critiques .

Pouvait-il en être autrement ?

Comme le souligne une Région, les marges de manoeuvre de l'Etat étaient relativement réduites : à dépenses publiques constantes, cette répartition est en effet un jeu à somme nulle. Dès lors, il était relativement difficile de remettre en cause les avantages acquis, puisqu'il aurait fallu baisser les enveloppes d'un trop grand nombre de régions.

Par ailleurs, il existe a priori trois critères possibles pour répartir les montants contractualisées :

- en fonction des " besoins ", notamment tels qu'appréhendés à partir d'indicateurs d'équipement ou d'accès à certains services publics ;

- à partir de la rentabilité socio-économique des projets ;

- à partir des écarts de développement .

Malheureusement, ces critères sont souvent divergents . Par exemple, la rentabilité socio-économique des investissements qui seraient nécessaires à la satisfaction de besoins dans des zones d'habitat dispersé et au relief difficile, sera souvent peu élevée.

De même, selon la Cour des Comptes, la modulation financière des dotations contractualisées en fonction du niveau de développement " a eu aussi des effets pervers dans le domaine routier. Les orientations nationales à quinze ans définies par le ministère de l'Equipement n'ont pu être respectées, car ce ne sont pas les régions qui avaient le plus de retard à combler qui ont reçu le plus de moyens ". En d'autres termes, il n'y a pas toujours de corrélation entre le niveau de développement et les besoins.

La DATAR souligne en outre qu'il " s'est avéré impossible de définir une approche méthodologique consensuelle " pour mesurer les écarts de développement entre les régions. La notion de développement est en effet par essence une notion multidimensionnelle et qualitative, qui ne saurait se laisser enfermer dans des indicateurs chiffrés. Dans leurs réponses à votre rapporteur, certaines régions expriment ainsi le souhait que soient prises en compte, pour la répartition des enveloppes contractualisées, leur position géographique excentrée ou frontalière, la fragilité particulière de leur tissu économique, leur situation particulière en matière d'environnement, etc.

Enfin, faut-il prendre en compte le niveau ou la tendance des critères considérés ?

Faut-il privilégier des critères globaux ou bien rechercher des critères pour chacun des grands domaines contractualisés, par exemple des critères relatifs à la situation du marché du travail pour les crédits emploi-formation ?

Ces questions suggèrent qu'il n'existe sans doute pas de critères incontestables pour la répartition des enveloppes de l'Etat.

Ce constat lucide n'invite aucunement à renoncer à l'idée d'une péréquation entre les régions.

Mais les critères retenus doivent être transparents, effectivement appliqués, et étendus à d'autres modalités d'intervention de l'Etat (par exemple la présence de services publics), afin que la redistribution opérée par les contrats de plan ne soit pas subrepticement compensée par ailleurs.

Ces critères devraient surtout faire l'objet d'un large débat préalable, notamment dans le cadre du Parlement.

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