ANNEXES

ANNEXE N° 1 :

Observations des commissions
sur l'application des lois en 2000-2001

(Extraits du « bulletin des commissions »)

AFFAIRES CULTURELLES

Mardi 30 octobre 2001

La commission a tout d'abord entendu une communication de M. Jacques Valade, président , sur l'application des lois entre le 1 er octobre 2000 et le 30 septembre 2001.

Rappelant que les commissions permanentes du Sénat établissent chaque année un bilan de l'application des lois intervenues dans leurs secteurs de compétence, dont la synthèse fait l'objet d'une communication du Président du Sénat à la Conférence des Présidents, M. Jacques Valade, président , a souligné, pour le regretter, que cet exercice démontrait régulièrement que tous les gouvernements enfreignent avec constance la règle, qu'ils s'assignent avec la même constance, de la publication des textes d'application des lois dans les six mois de leur promulgation. Il a noté que les délais annoncés pour cette publication, souvent supérieurs à six mois, étaient rarement tenus et qu'il arrivait que des lois soient modifiées sans être jamais devenues applicables. Il a relevé que le bilan de l'année écoulée confirmait ces constatations et en a donné des exemples dans les différents secteurs d'activité de la commission :

- dans le domaine de la culture, la parution du décret rendant applicable le dispositif de la loi n° 2000-643 du 10 juillet 2000 relative à la protection des trésors nationaux n'est intervenue qu'à la fin de septembre, la seule disposition de la loi devenue applicable dans les six mois étant un « cavalier » relatif à l'organisation administrative du centre national d'art et de culture Georges-Pompidou.

Quant aux dispositions relatives au contrôle des sociétés de perception et de répartition des droits introduites dans le code de la propriété intellectuelle par la loi n° 2000-719 du 1 er août 2000, elles sont également devenues applicables avec retard : les membres de la commission de contrôle de ces sociétés, qui devait être mise en place avant la fin de l'année 2000, ont été nommés le 14 juin 2001 ;

- dans le secteur de la communication audiovisuelle, parmi les textes d'application de la loi du 1 er août 2000 encore à paraître, figurent notamment ceux qui définiront les conditions d'exploitation des services de télévision numérique de terre (TNT) : leur publication, qui constitue un préalable au dépôt des candidatures à l'attribution des fréquences, était annoncée pour le 15 octobre et elle a été reportée au 15 décembre, retard qui se répercutera sur le dépôt des candidatures et peut-être sur les phases ultérieures de la procédure d'attribution des fréquences. M. Jacques Valade, président , a également noté que n'avait pas été déposé dans le délai prévu le rapport au Parlement relatif aux télévisions de proximité, qui doit faire l'objet d'un débat parlementaire : ce dépôt devrait, selon le ministère, intervenir prochainement, mais il restera à trouver, dans chaque assemblée, les périodes et les dates nécessaires pour le débat ;

- dans le domaine de l'éducation, aucune nouvelle mesure réglementaire n'est intervenue depuis le 1 er octobre 2000 : demeure en particulier partiellement inapplicable la loi d'origine sénatoriale du 15 décembre 1998 relative à l'obligation scolaire ;

- la loi n° 99-587 du 12 juillet 1999 sur l'innovation et la recherche, qui devait être entièrement applicable à la fin de 1999, ne l'est toujours pas, notamment pour ce qui concerne la mise en place de services de valorisation de la recherche dans les établissements publics d'enseignement supérieur et de recherche ;

- enfin, dans le secteur de la jeunesse et des sports, cinq lois ont été promulguées entre mars 1998 et juillet 2000, mais l'activité réglementaire suit difficilement l'activité législative.

Certes, a noté M. Jacques Valade, président , la loi n° 99-1124 du 28 décembre 1999, adoptée en urgence pour permettre le rétablissement dès le 1 er janvier 2000 des aides locales aux clubs sportifs, est tout récemment devenue applicable. Mais le régime de ces aides n'a été fixé que par un décret du 4 septembre 2001, et la loi n'avait reçu aucune autre mesure d'application avant février 2001. Le retard de la parution des décrets relatifs aux statuts types des nouvelles formes de sociétés sportives a d'ailleurs nécessité une intervention du législateur, dans le cadre de la loi du 17 juillet 2001 portant diverses dispositions d'ordre social, éducatif et culturel, afin de prolonger les délais imposés à certains clubs pour se transformer en société.

La loi n° 99-223 du 23 mars 1999 sur le dopage n'est pas non plus entièrement applicable. La loi n° 2000-627 du 6 juillet 2000 modifiant la loi de 1984, adoptée en urgence, n'a reçu que deux décrets d'application, ce qui crée dans certains secteurs un vide juridique préoccupant et a déjà contraint à intervenir par voie législative, pour prolonger les décisions d'homologation de certains diplômes sportifs, et par voie réglementaire, pour prolonger la validité des délégations des fédérations délégataires.

M. Jacques Valade, président , a souligné que le cas de la jeunesse et des sports illustrait bien les différentes causes de retard dans la publication des textes d'application : lenteurs de la concertation interministérielle et de la consultation, quand elle est nécessaire, des autorités communautaires, intervention de nombreux organes consultatifs, renvoi au décret de la définition de procédures complexes...

Il a estimé cependant que ces explications n'avaient pas valeur d'excuse ni de justifications à l'inertie à traduire la loi dans la réalité quotidienne.

Invitant les membres et les rapporteurs de la commission à continuer à faire usage des différents moyens dont ils disposent pour améliorer cette situation -questions orales et écrites, questions posées lors des auditions ministérielles, « rappel » des mesures d'application attendues dans les avis budgétaires- il a en conclusion proposé à la commission d'envisager de mener des missions d'information sur l'application des lois dans des secteurs où la non-parution des décrets est un véritable désaveu de l'acte législatif.

AFFAIRES ÉCONOMIQUES

Mardi 23 octobre 2001

Le président Gérard Larcher a présenté une communication sur l'application des lois relevant de la commission des affaires économiques du 1er octobre 2000 au 30 septembre 2001.

Il a, pour commencer, signalé que les retards dans la parution des décrets s'accumulaient. Il a rappelé « qu'au prix de lourdes séances nocturnes, d'amendements examinés à marche forcée », l'activité législative était intense.

C'est ainsi qu'au cours des douze derniers mois, la commission des affaires économiques et du plan a vu la publication de sept lois relevant de sa compétence :

- loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains ;

- loi n° 2001-5 du 4 janvier 2001 relative à l'élargissement du conseil d'administration de la société Air France et aux relations de cette société avec l'Etat et portant modification du code de l'aviation civile ;

- loi n° 2001-6 du 4 janvier 2001 portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire en matière de santé des animaux et de qualité sanitaire des denrées d'origine animale et modifiant le code rural ;

- loi n° 2001-43 du 16 janvier 2001 portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine des transports ;

- loi n° 2001-153 du 19 février 2001 tendant à conférer à la lutte contre l'effet de serre et à la prévention des risques liés au réchauffement climatique la qualité de priorité nationale et portant création d'un Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en France métropolitaine et dans les départements et territoires d'outre-mer ;

- loi n° 2001-454 du 29 mai 2001 relative à la réalisation d'un itinéraire à très grand gabarit entre le port de Bordeaux et Toulouse ;

- loi n° 2001-602 du 9 juillet 2001 d'orientation sur la forêt.

M. Gérard Larcher, président , a cependant observé que le rythme de travail intense auquel est soumis le Parlement n'était pas prolongé par une activité réglementaire d'intensité comparable, et que le nombre de décrets appliquant les lois examinées par la commission se maintenait à un niveau relativement faible. Il a ainsi précisé que même si cette situation n'était pas nouvelle, et que bon nombre des retards s'étaient accumulés depuis les gouvernements précédents, 68 textes d'application avaient été enregistrés cette année (67 l'an dernier), alors que ce chiffre, depuis 1990, dépassait habituellement la barre des 80 décrets.

Sur l'ensemble des 126 lois examinées par la commission depuis 1981, 93 sont entièrement applicables, 28 ne le sont que partiellement, et 5 n'ont reçu aucun des décrets attendus.

Au total, 234 textes d'application devraient encore être pris pour appliquer pleinement toutes les lois suivies par la commission depuis 1981.

M. Gérard Larcher, président, a ensuite estimé que, qualitativement, la parution des décrets d'application relevait parfois de l'aléatoire, de l'arbitraire ou de l'absurde.

C'est ainsi que le travail réglementaire accompli au cours des 12 derniers mois a été principalement orienté vers cinq lois :

- loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains (9 décrets et 2 arrêtés) ;

- loi n° 2000-698 du 26 juillet 2000 relative à la chasse (5 décrets et 4 arrêtés) ;

- loi n° 2000-108 du 10 février 2000 relative à la modernisation et au développement du service public de l'électricité (11 décrets et 2 arrêtés) ;

- loi n° 99-574 du 9 juillet 1999 d'orientation agricole (8 décrets) ;

- loi n° 98-467 du 17 juin 1998 relative à l'application de la convention du 13 janvier 1993 sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur fabrication (4 décrets et 2 arrêtés).

Au total, a-t-il précisé, 62 des 68 textes d'application publiés (soit 91 %) concernent des lois publiées après l'installation du Gouvernement de M. Lionel Jospin.

M. Gérard Larcher, président, a ensuite regretté que cette année encore, l'applicabilité des lois votées après déclaration d'urgence soit inférieure à celle des autres lois : ainsi, sur les 17 lois examinées par la commission depuis 1988, 7 sont aujourd'hui applicables, 9 ne le sont que partiellement, et une ne l'est pas du tout.

Il a estimé que, bien souvent, cette procédure qui, au prix d'une discussion parlementaire tronquée, permettait de raccourcir de quelques semaines la navette entre les deux chambres, ne conduisait à aucune accélération significative de la mise en oeuvre de la loi, comme si l' « urgence » n'était qu'une parenthèse refermée au lendemain de la publication de la loi.

S'agissant des mesures adoptées à l'initiative du Sénat, le président Gérard Larcher s'est ému de constater qu'en dépit du nécessaire vote conforme par les deux assemblées, le taux d'application des mesures introduites par le Sénat restait très inférieur à celui des mesures devant leur origine au Gouvernement ou à l'Assemblée nationale. Même si ce taux est en nette progression par rapport à l'année dernière, puisqu'il est passé de 4 % à 24 %, il reste très en deçà de celui des mesures prévues par le texte initial (46 %), de celui des mesures introduites par amendement du Gouvernement (85 %) et de celui des mesures introduites par l'Assemblée nationale (40 %).

Les principales raisons invoquées pour les retards sont les suivantes :

- des difficultés rencontrées dans le cadre d'une concertation préalable ;

- des problèmes de financement.

Il a pris à ce sujet l'exemple de la loi n° 91-639 du 10 juillet 1991 relative à la lutte contre la fièvre aphteuse qui n'est toujours pas entièrement applicable, dans l'attente d'un décret en Conseil d'Etat concernant la qualification des vétérinaires officiels ;

- l'annonce d'une réforme

C'est ainsi que le décret d'application de l'article 128 de la loi n° 99-574 du 9 juillet 1999 d'orientation agricole, relatif aux établissements publics d'enseignement supérieur agricole, est reporté, à la suite de l'annonce d'une prochaine réforme de l'enseignement supérieur agricole... ;

- un pur et simple enlisement administratif

M. Gérard Larcher, président, a ensuite constaté que c'était dans le domaine des rapports devant être déposés, conformément à la volonté du législateur, sur le Bureau des Assemblées parlementaires, que s'accumulent les retards les plus inacceptables.

Sur les 98 rapports attendus par la commission depuis 1988, 41 seulement ont été effectivement déposés, soit 42 %. Bien qu'inscrite dans la loi, une demande de rapport est traitée comme une disposition facultative ou un « voeu pieux », dont la seule fonction est d'écarter, lors du vote de la loi, des amendements dont le Gouvernement ne souhaite pas s'embarrasser.

Il a considéré comme regrettable que ces rapports ne soient ni élaborés, ni transmis au Parlement, alors que celui-ci avait le plus souvent pris la précaution de fixer un délai à ce dépôt, estimant en effet qu'en faisant le point sur l'évolution d'un secteur ou sur l'application d'une loi, ils constitueraient une source d'information précieuse tant pour les parlementaires que pour les membres du Gouvernement.

Il a cependant signalé le dépôt de trois rapports transmis au Parlement entre le 1 er octobre 2000 et le 30 septembre 2001 :

- rapport sur les retraites agricoles, le 3 janvier 2001 (article 3 de la loi n° 99-574 du 9 juillet 1999 d'orientation agricole) ;

- rapport sur l'application de l'article L.35-3 du code des postes et télécommunications (article 8-V de la loi n° 96-659 du 27 juillet 1996 de régulation des télécommunications) ;

- rapport pour l'accès de tous à la téléphonie mobile et la couverture du territoire (application de l'article 8-1 de la loi n° 96-659 du 27 juillet 1996 de régulation des télécommunications).

M. Gérard Larcher, président , a attiré l'attention de ses collègues sur ce dernier rapport, qui devait faire le point sur la couverture du territoire français en téléphonie mobile et proposer un élargissement du contenu du service public des télécommunications. Seul le premier aspect ayant été traité dans le rapport déposé sur le Bureau des Assemblées parlementaires en juillet dernier, un rapport complémentaire a été élaboré sur le second point, soumis pour avis à différentes instances, mais, a-t-il regretté, n'est toujours pas déposé, à ce jour, devant le Parlement, alors qu'il est disponible depuis avril 2001 sur le site Internet du journal « Les Echos ».

M. Gérard Larcher, président , a estimé qu'il appartenait au Parlement d'amener le Gouvernement à réagir.

Il a rappelé que le Parlement restait vigilant et se faisait fréquemment l'écho des inquiétudes et des impatiences de secteurs entiers de l'économie qui voyaient leur attente légitime frustrée pendant si longtemps.

Au travers des avis budgétaires -comme celui de M. Jacques Bellanger sur l'urbanisme-, de ses rapports -comme celui de M. Henri Revol sur le projet de loi « électricité »-, de diverses interventions de ses rapporteurs -comme celles de M. Jean Huchon sur l'application de la loi « 50 pas géométriques dans les territoires d'outre-mer »- au travers des questions écrites (huit questions écrites ont été déposées cette année sur l'application des seules lois suivies par la commission des affaires économiques et du plan), le travail de suivi du Sénat, a-t-il considéré, est réel.

Mais les réponses apportées par le Gouvernement à ces interrogations et à ces inquiétudes sont parfois aussi peu satisfaisantes que le calendrier d'application des lois lui-même.

Il a, en outre, signalé que dans sa question n° 34994 du 6 septembre 2001, M. André Dulait s'inquiétait des distorsions existantes dans les délais de réponses faites par les ministres aux questions écrites des députés et des sénateurs.

En conclusion, M. Gérard Larcher, président , a estimé qu'il était important que le Parlement assume pleinement son rôle de suivi d'application des lois. Il a considéré que même si les parlementaires ne disposaient d'aucun pouvoir réel pour remédier aux retards, ils pouvaient cependant, par le biais de questions écrites, par des interventions en séance, insister auprès du Gouvernement sur la nécessité de rendre applicables les lois existantes, condition sine qua non de la crédibilité des lois futures.

Le Sénat, a-t-il souligné, doit montrer qu'il se souvient de ce qu'il a voté hier, et que la volonté du législateur, en étant appliquée comme il se doit, occupe toute la place qui lui est dévolue par la Constitution.

Il s'est engagé à maintenir la pression sur les ministères, et à insister pour que les décrets attendus paraissent en rappelant au Gouvernement « cette évidence tautologique que la loi est la loi et doit pouvoir être appliquée pleinement et rapidement » pour que le travail des parlementaires ait un sens.

AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Jeudi 25 octobre 2001

Enfin, M. Xavier de Villepin, président, a présenté à la commission une communication sur l'application des lois entrant dans le domaine de compétence de la commission durant l' année parlementaire 2000-2001 .

M. Xavier de Villepin, président , a rappelé que l'essentiel de l'activité législative de la commission était consacré à l'examen de projets de loi autorisant la ratification ou l'approbation de traités ou accords internationaux qui n'appellent pas, la plupart du temps, de textes d'application -sauf lorsqu'ils impliquent une modification, simultanée ou consécutive, de la législation interne.

Au cours de l'année parlementaire écoulée, le Sénat a ainsi adopté en séance publique 31 accords internationaux relevant de la compétence de la commission, dont la quasi-totalité -30- avaient été déposés en première lecture sur le Bureau du Sénat.

M. Xavier de Villepin, président , a alors fait le point sur les deux projets de loi examinés lors de la précédente année parlementaire et sur lesquels la commission avait été saisie au fond.

Tout d'abord, la loi du 22 octobre 1999 portant organisation de la réserve militaire et du service de défense a fait l'objet de deux décrets d'application sur les trois prévus. Le dernier texte publié concerne l'une des dispositions les plus importantes de la réforme des réserves : la substitution du principe de volontariat à celui de l'obligation ; ce décret en Conseil d'Etat a été signé le 1er décembre 2000. Un dernier décret, relatif à l'institution d'une journée nationale du réserviste n'apparaît pas encore à l'ordre du jour.

Le texte de loi est donc, a relevé M. Xavier de Villepin, président , juridiquement prêt à être mis en oeuvre, même si sur le plan pratique, la montée en puissance de la réserve opérationnelle reste un sujet de préoccupation.

En second lieu, la loi du 14 mars 2000 relative aux volontariats civils est devenue entièrement applicable depuis le début de l'année 2001. Les premiers volontaires civils ont été recrutés au cours du deuxième trimestre de cette année. M. Xavier de Villepin, président , s'est félicité de la mise en oeuvre rapide de cette loi, qui répond à un besoin essentiel du ministère des affaires étrangères, et qui ouvre des perspectives professionnelles et humaines intéressantes pour les jeunes candidats à ce type de volontariat.

AFFAIRES SOCIALES

Mardi 30 octobre 2001

La commission a tout d'abord entendu une communication de M. Nicolas About, président, sur l'application des lois au 30 septembre 2001.

Rappelant que, conformément aux instructions du Bureau du Sénat, les commissions permanentes présentaient, chaque année, dans leur domaine de compétences, un bilan de l'application des lois et qu'un document de synthèse sera annexé au présent bulletin des commissions, M. Nicolas About, président , a considéré que cet exercice était fondamental, même si son exposé oral pouvait paraître fastidieux. Aussi s'est-il contenté de formuler cinq observations.

Citant le projet de loi de modernisation sociale, qui comportait 48 articles initialement, et qui en comportera plus de 220 dans son texte définitif, il a tout d'abord considéré qu'il était probablement demandé au Parlement de trop légiférer.

Il a observé que les projets portant « diverses dispositions », qui se gonflent en cours de navette, souvent dans l'urgence, rencontrent toujours des retards d'application. Tel a été le cas des 36 articles du volet « DMOS » de la loi portant création de la couverture maladie universelle (CMU), adoptée en juillet 1999.

Il s'est, en deuxième lieu, étonné que des lois qui ont déjà dix ans d'âge n'aient pas encore reçu tous leurs décrets d'application. Ainsi, en est-il de la loi Evin du 10 janvier 1991. L'administration a d'ailleurs, semble-t-il, renoncé à y travailler, estimant que la priorité était de réfléchir à une refonte du contexte global de la loi elle-même.

Ces retards substantiels visent également l'importante loi du 1 er juillet 1998 sur la sécurité sanitaire dont la commission avait pris l'initiative : une quinzaine de dispositions n'ont pas reçu leurs décrets d'application. Ils visent aussi la loi du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions, dont des mesures aussi sensibles que la garantie de l'accès à l'électricité ne sont applicables que depuis juin 2001.

En guise de troisième observation, il a noté qu'un certain nombre de questions soulevées les années précédentes avaient trouvé une réponse ou un début de réponse.

Ainsi, le projet de loi de révision des lois bioéthiques, qui aurait dû faire l'objet d'un examen au Parlement avant juillet 1999, a été déposé le 20 juin 2001 et fera peut-être l'objet d'une première lecture à l'Assemblée nationale en janvier 2002, soit tout de même trois ans au moins de retard sur le processus décidé en 1994.

De même, le fonds de financement des trente-cinq heures (FOREC), « créé » par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 votée en décembre 1999, a vu enfin le jour le 25 octobre dernier, après avoir laissé toutefois une « ardoise » considérable à la sécurité sociale.

M. Nicolas About, président , a regretté, de façon générale, que les décrets d'application des lois de financement de la sécurité sociale soient rarement publiés au moment où s'engage au Parlement le débat sur le projet de loi de l'année suivante.

Le rapport de l'Assemblée nationale sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2002 note ainsi que « le taux d'application de la loi de financement pour 2001 n'est que de 45 % ».

Enfin, il a déploré l'absence de diligence sur des textes particulièrement importants et sensibles : ainsi aucun texte d'application n'a été pris pour la loi du 4 juillet 2001 relatif à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) et à la contraception. Il ne lui a pas semblé inutile de rappeler que la bonne application de cette loi supposait en outre que des moyens humains et matériels soient mobilisés. De même en est-il de la loi du 20 juillet 2001 relatif à l'allocation personnalisée d'autonomie.

M. Nicolas About, président , a constaté en conclusion que, sur un certain nombre de textes de loi, le temps apparaissait inégal : d'un côté, une longue maturation ou des hésitations avant le dépôt du projet de loi, puis des délais considérables pour la mise en place des décrets d'application ; de l'autre, un examen par le Parlement dans des délais très brefs et selon la procédure d'urgence.

FINANCES

Mercredi 31 octobre 2001

Enfin, la commission a entendu une communication de M. Alain Lambert , président , sur le contrôle de l'application des lois dont elle a été saisie au fond pour la période du 1 er octobre 2000 au 30 septembre 2001.

Il a tout d'abord rappelé l'importance de ce contrôle dans les prérogatives du Parlement et souligné que cet exercice constituait un excellent instrument de mesure des difficultés pratiques d'application de certains dispositifs législatifs.

Sans entrer dans le détail de chaque loi, le président s'est limité à quelques observations. Il a tout d'abord remarqué que les délais d'application des lois les plus récentes avaient augmenté. En effet, seulement un tiers des textes demandés par les lois promulguées lors de la précédente session ont été pris à ce jour contre la moitié pour la session antérieure. Il a considéré que cette situation résultait d'une certaine inflation législative, le Gouvernement ayant beaucoup utilisé la loi comme moyen d'action politique dans la période récente.

En revanche, il a constaté qu'en ce qui concernait les lois plus anciennes, la résorption du stock continuait.

M. Alain Lambert, président , a précisé que le bilan d'application des lois auquel se livrent, chaque début de session, tous les présidents de commission était essentiellement formel, puisqu'il s'agissait de contrôler la prise des actes réglementaires prévus par les textes.

C'est pourquoi, il a souhaité que soit poursuivi l'effort de contrôle de la mise en oeuvre des textes sous l'angle qui est celui de la commission des finances, c'est-à-dire sous l'angle budgétaire.

Il a cité en exemple le contrôle de Joseph Ostermann sur le ministère de l'emploi, qui a mis en évidence les difficultés de mise en oeuvre des « 35 heures » ou celui d'Hubert Haenel sur les juridictions du Haut-Rhin, qui a mis en évidence celles de la loi sur la présomption d'innocence.

En conclusion, M. Alain Lambert, président , a affirmé que la mission de contrôle et d'évaluation de la politique budgétaire de la commission rejoignait ainsi celle de contrôle de l'application des lois.

La commission a alors donné acte au président de la communication .

LOIS

Mercredi 24 octobre 2001

M. Patrice Gélard, président , a ensuite procédé à la communication du bilan au 30 septembre 2001 de l'application des lois , examinées par la commission des lois et promulguées entre le 1 er octobre 2000 et le 30 septembre 2001.

M. Patrice Gélard, président, a indiqué qu'au cours de la session 2000-2001, 16 lois ont fait l'objet d'un examen au fond par la commission. Il a noté que ce chiffre pouvait paraître faible comparé aux 29 lois promulguées au cours de la session précédente. Mais, tout en faisant remarquer que cette baisse résultait d'un effet direct du raccourcissement de la session en raison de la suspension liée aux élections municipales et cantonales partielles, il a souligné que le travail de la commission avait tout de même représenté 40 % de l'ensemble des lois promulguées au cours de la session.

Il a rappelé que sur les 8 lois d'origine parlementaire, 3 résultaient de propositions du Sénat à savoir :

- la loi tendant à renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l'Homme et aux libertés fondamentales ;

- la loi tendant à faciliter l'indemnisation des condamnés reconnus innocents ;

- et la loi tendant à permettre aux conseillers d'arrondissement de siéger au conseil d'une communauté urbaine.

Il a ensuite déploré la longueur des délais de parution des décrets d'application qui sont publiés pour 70 % des mesures prises avec plus d'un an de retard.

Il a notamment cité le cas de la loi du 19 décembre 1997 prévoyant le placement sous surveillance électronique de certains détenus qui, plus de 4 ans après sa promulgation, n'en est toujours qu'à la mise en place expérimentale du bracelet électronique.

Enfin, il a conclu la communication sur l'application des lois en soulignant qu'outre des délais d'application significatifs, certaines lois, pourtant d'application directe, avaient rencontré de sérieuses difficultés d'interprétation. Il a qualifié de chaotique l'application de la loi organique du 5 avril 2000 relative aux incompatibilités entre mandats électoraux qui a fait l'objet de deux circulaires du ministre de l'Intérieur dont les dispositions ont été annulées par le Conseil d'Etat.

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