CONVENTION SUR LA PROTECTION ET L'UTILISATION DES COURS D'EAU TRANSFRONTIÈRES ET DES LACS INTERNATIONAUX

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 170, 1996-1997) autorisant l'approbation de la convention sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontières et des lacs internationaux. [Rapport n° 199 (1996-1997).]
Dans la discussion générale, la parole est Mme le ministre.
Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, la France a signé le 18 mars 1992 à Helsinki la convention sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontières et des lacs internationaux, élaborée sous les auspices de la commission économique pour l'Europe des Nations unies.
Cette convention-cadre a pour objet d'amener les Etats riverains des mêmes eaux, superficielles ou souterraines, qui marquent leurs frontières, à coopérer en vue de prévenir, de maîtriser, de réduire l'impact transfrontière de la pollution et de protéger l'environnement des eaux, y compris le milieu marin.
Le principe et les grandes lignes de cette convention ont été approuvés lors de la conférence de Sofia en novembre 1989, qui, dans le cadre du processus de paix en Europe résultant de la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, entendait apporter une contribution concrète à la prévention et au règlement pacifique des différends nés de problèmes d'environnement.
Son champ d'application concerne tout préjudice important causé à l'état des eaux transfrontières d'un Etat par une activité humaine exercée, en tout ou partie, dans un Etat riverain.
Les parties sont guidées par les principes de précaution et du pollueur-payeur et invitées à recourir aux meilleures pratiques environnementales ainsi qu'aux meilleures technologies disponibles. Elles doivent également fixer des régimes d'autorisation et des normes de rejet ainsi que, le cas échéant, des objectifs de qualité des eaux.
Les deux lois françaises sur l'eau du 16 décembre 1964 et du 3 janvier 1992, ainsi que les directives communautaires en vigueur, toutes transposées en droit interne, couvrent déjà l'ensemble des matières traitées par la convention : ainsi, bien qu'intervenant dans le domaine de la loi, la mise en oeuvre de cette convention ne nécessitera pas de modifications du droit français.
De même, dans le domaine des accords par cours d'eau, que la convention recommande de conclure ou d'adapter, la France satisfait à l'essentiel des obligations prescrites, puisque tous ses grands fleuves et le lac Léman font l'objet d'accords de protection et bénéficient de structures permanentes de coopération.
Cette convention, ratifiée par dix-neuf Etats, dont neuf de l'Union européenne, et par cette dernière est entrée en vigueur à l'automne 1996.
La France, qui mène une coopération internationale très active dans le domaine de l'eau, estime que son approbation devrait contribuer à la diffusion du savoir-faire de l'école française de l'eau.
En effet, le marché de l'exportation des sociétés françaises oeuvrant dans ce secteur devrait s'accroître partout où des organismes de coopération et des programmes d'action seront mis en place pour l'application de cette convention. Une approbation rapide permettra donc à la France de participer, dès la première réunion des parties, à la conception et à la réalisation de ces programmes.
Par ailleurs, cette approbation n'entraînera pas pour la France d'incidence financière significative, hormis la contribution au futur budget de ladite convention, qui devra être adopté à l'unanimité à la première réunion des parties prévue au début du mois de juillet 1997.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle la convention sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontières et des lacs internationaux, qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui proposé à votre approbation. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. André Dulait, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ce projet de loi est étroitement lié aux deux textes que le Sénat vient d'adopter, puisque l'objectif de cette convention est de constituer un cadre aux coopérations bilatérales ou multilatérales engagées pour protéger l'environnement aquatique, pour prévenir et maîtriser la pollution des cours d'eau transfrontières et pour assurer une utilisation rationnelle des ressources en eau.
La convention, signée à Helsinki le 18 mars 1992 par vingt-deux pays, a été élaborée sous les auspices de la commission économique pour l'Europe des Nations unies, l'une des cinq commissions économiques régionales figurant parmi les organes subsidiaires du Conseil économique et social de l'ONU. Elle a son siège à Genève et rassemble les cinquante-cinq Etats du continent européen, ainsi que les Etats-Unis et le Canada.
Je crois utile de rappeler l'approche française en matière de préservation de la qualité de l'eau : sous la tutelle du ministère de l'environnement, les agences de l'eau et les comités de bassin constituent les outils privilégiés d'une gestion intégrée du milieu aquatique et une structure remarquable de l'action conduite dans le domaine de l'eau.
Ainsi, les six agences de l'eau existantes mettent en oeuvre les orientations définies par leurs comités de bassin, véritables « parlements locaux de l'eau », pour protéger les ressources en eau et assurer leur dépollution.
Dans le cadre de l'Union européenne, la Commission a participé, au nom de la Communauté, aux négociations préparatoires de la convention d'Helsinki. Elle est donc partie à cet instrument international, qui prévoit par ailleurs des conditions spécifiques d'exercice du droit de vote respectivement par l'Union et ses pays membres.
Un projet de « directive mère » sur la qualité écologique de l'eau est actuellement à l'étude : la politique communautaire de l'eau devrait se trouver ainsi juridiquement clarifiée.
Quelles sont les principales dispositions de la convention d'Helsinki ?
Les Etats signataires sont invités à tout mettre en oeuvre pour prévenir, maîtriser et réduire toute pollution sur les eaux des fleuves transfrontières et des lacs internationaux.
Les mesures devront être fondées sur les trois principes qui ont été précédemment évoqués, à savoir : le principe de précaution, le principe du pollueur-payeur, initié par la législation communautaire, et la préservations des ressources en eau sur le long terme.
Le cadre que constitue la convention d'Helsinki est déjà abondamment rempli par les nombreux accords que la France a passés avec ses voisins. Les eaux du lac Léman, de la Sarre, de la Moselle, du Rhin, plus récemment de la Meuse et de l'Escaut, font toute l'objet d'une coopération bilatérale ou multilatérale dans le cadre de commissions internationales.
De même, sur le fond des dispositions et des orientations proposées par la convention, l'adéquation de la politique suivie par la France, y compris dans le cadre des normes communautaires, est d'ores et déjà acquise.
Cette convention constituera cependant un outil précieux à l'égard notamment de pays d'Europe centrale et orientale où les préoccupations environnementales ne constituent pas encore pour tous des priorités. Ce sera l'occasion pour l'Union européenne mais aussi pour la France de promouvoir un « savoir-faire » en la matière et d'aider ses futurs partenaires à élaborer les normes écologiques les plus exigeantes possible pour la qualité du milieu aquatique, en accord avec les possibilités économiques des pays concernés, pour participer à la préservation d'un bien rare.
Je ne peux donc, au bénéfice de ces observations, que vous recommander, mes chers collègues, l'adoption de ce projet de loi. (Applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontières et des lacs internationaux, faite à Helsinki le 17 mars 1992, et signée par la France le 18 mars 1992, dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

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