Séance du 9 mars 2000







M. le président. La parole est à M. Balarello.
M. José Balarello. Monsieur le président, ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.
Monsieur le ministre, à l'heure où les enseignants sont dans la rue et où le mécontentement est croissant au sein de l'éducation nationale, je souhaite vous interroger sur deux points : le premier concerne l'annonce de la suppression de la dissertation au baccalauréat de français dès 2002, le second a trait à la situation des lycées professionnels.
Il y a quelques jours, dans un grand quotidien national, 150 enseignants, chercheurs, écrivains et comédiens ont dénoncé « l'assassinat programmé de la littérature dans nos lycées »,...
M. Henri Weber. C'est très exagéré !
M. José Balarello. ... acte qui serait commis sous couvert d'une réforme que vous auriez lancée et dont le but est la démocratisation de l'enseignement secondaire.
En effet, comme le laisse supposer le Bulletin officiel de l'éducation nationale du 12 août 1999 communiquant aux enseignants le nouveau programme de français pour les classes de seconde, la dissertation serait supprimée du baccalauréat de français dès 2002. Pouvez-vous nous confirmer cette décision ?
M. Emmanuel Hamel. Consternant !
M. José Balarello. Dans l'affirmative, avez-vous l'intention par la suite d'étendre cette réforme, élaborée sans la participation des professeurs, à toutes les disciplines qui ont recours à la dissertation telles que l'histoire, la géographie, la philosophie et les sciences économiques et sociales ?
Ne craignez-vous pas qu'après avoir limité l'enseignement du grec puis du latin nous n'en arrivions rapidement à un nivellement par le bas de l'enseignement public en France, en proposant une culture au rabais dans les collèges et lycées, alors que l'étude de la littérature française est un moyen d'intégration important qui permet de faire accéder des jeunes dont les parents sont immigrés de fraîche date à notre culture ?
Par ailleurs, sauf à éliminer les élèves des lycées publics de tous les grands concours comme l'ENA, Polytechnique, l'agrégation ou le CAPES, qui comportent des épreuves de dissertation et de littérature française, voulez-vous nous indiquer comment vous concevez au niveau de l'enseignement supérieur les conséquences d'une telle réforme ?
J'en arrive au second point de ma question.
Alors que les enseignants des lycées d'enseignement professionnel manifestent et que de nombreux secteurs font face à une pénurie de main-d'oeuvre, la confédération de l'artisanat et du bâtiment estime à 30 000 les offres d'emploi non pourvues dans l'artisanat et 51 % des entreprises du bâtiment déclarent rencontrer des difficultés de recrutement.
Ne pensez-vous pas que s'il est utile, comme vous le faites, de développer les rapports avec l'entreprise de façon plus importante, il faut cependant mettre plus de moyens financiers à la disposition des lycées d'enseignement professionnel, afin que ces jeunes, en dehors d'un métier, aient des bases solides et afin que vous puissiez créer d'autres emplois ? (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Je vous remercie d'avoir posé cette question, monsieur le sénateur.
Non seulement nous n'allons pas supprimer la dissertation qui, aujourd'hui, n'est choisie que par 8 % des candidats au baccalauréat, mais nous allons la rendre obligatoire pour les épreuves de français au baccalauréat, puisque nous rénovons la filière du français dont nous prolongeons l'étude jusqu'en terminale.
Mon combat, depuis que j'exerce mes responsabilités au ministère de l'éducation nationale, consiste à dire que le français est la discipline numéro un dans tout l'enseignement... (Applaudissements.) et si j'ai demandé que, dans l'enseignement du français, figure la rédaction d'une lettre ou des épreuves d'imagination, ce n'est surtout pas en substitution de la dissertation.
Par ailleurs, nous faisons en sorte que tous les lycées professionnels fonctionnent à l'avenir en coopération avec le monde économique, puisqu'ils doivent signer un contrat soit avec les entreprises, soit avec les chambres de métiers. Certains sont hostiles à cette option, je pense pourtant qu'elle répond à une nécessité.
Dans l'enseignement professionnel intégré, nous avons fait passer les horaires des professionnels de vingt-trois heures à dix-huit heures par semaine. En contrepartie, au lieu d'être libres pendant les deux mois de stage des élèves, nous leur demandons de suivre ceux-ci quatre jours au cours de leur passage dans l'entreprise.
C'est cela l'enseignement professionnel intégré ! Je me félicite d'avoir entrepris cette réforme, qui répond à l'intérêt du pays, de l'emploi et des jeunes. (Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE et des Républicains et Indépendants.)
M. Jean-Pierre Raffarin. Il reste à l'expliquer aux professeurs !

AVENIR DE LA GYNÉCOLOGIE MÉDICALE