SEANCE DU 1ER FEVRIER 2001


M. le président. La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, depuis plusieurs semaines maintenant, les personnels de la Société française de production, la SFP, majoritairement en grève, attendent du Gouvernement une réponse sur le sort de leur entreprise et, à travers elle, sur la sauvegarde de leur emploi.
De menaces de privatisation en plans de restructuration, la SFP affiche aujourd'hui des pertes d'exploitation qui appellent des décisions rapides.
Nous avons proposé, lors du débat relatif à la liberté de communication, l'intégration de la SFP au sein de la holding France Télévision.
En effet, avec la SFP, c'est tout l'avenir de la production et de l'audiovisuel public qui est posé dans notre pays à un moment où la multiplication des canaux de diffusion télévisuelle nécessite et nécessitera la création de millions d'heures d'émissions audiovisuelles.
Dans ce contexte, nous le pensons, la SFP peut et doit trouver une place. Cela permettrait de sauvegarder un ensemble de savoir-faire et des qualifications qui ont fait sa réputation et qui pourraient être au service de la création et de l'originalité audiovisuelles française et européenne, dans le cadre d'un ambitieuse industrie de programmes.
Il n'est plus temps aujourd'hui de laisser cette question sans réponse. Je viens d'apprendre, par l'AFP, la nomination d'un médiateur. Bien ! Mais il n'en demeure pas moins que l'Etat, c'est-à-dire nous tous, a une responsabilité particulière à l'égard des 430 hommes et femmes qui constituent le personnel de l'entreprise et qui attendent non sans inquiétude, non sans exaspération, de connaître ce que sera leur futur proche et l'avenir d'un outil auquel ils restent très attachés. Les collectivités locales, comme vous le savez, sont mobilisées. Mme Luc peut en témoigner pour ce qui concerne le conseil général du Val-de-Marne.
Un climat de confiance doit s'instaurer à nouveau et le dialogue doit déboucher sur des perspectives viables non seulement pour l'entreprise mais aussi pour la production au sein même de France Télévision et, dans un contexte très concurrentiel, dans l'ensemble du système de production audiovisuelle.
Vous le savez bien, madame la ministre, tous attendent beaucoup de la réponse que vous allez nous donner. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication. Monsieur le sénateur, le Gouvernement a parfaitement conscience que la SFP est confrontée depuis des années à des difficultés aiguës. Les causes de cette situation sont connues : c'est la surcapacité sur le marché de production, c'est aussi la concurrence de certaines entreprises qui recourent à des pratiques sociales très contestables.
La démarche du Gouvernement n'a pas changé : il a donné dans les récentes années des aides financières très importantes en espérant permettre à l'entreprise de s'adapter et d'affirmer sa compétitivité.
Aujourd'hui, l'existence de pertes d'exploitation répétées, comme vous le signalez justement, monsieur le sénateur, exige à nouveau une réponse rapide apportant une solution réaliste et durable. Je sais que certains salariés de la SFP souhaitent être intégrés au sein des autres entreprises de l'audiovisuel public,...
Mme Hélène Luc. La grande majorité !
Mme Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication. ... notamment au sein de France Télévision. Cette solution ne nous semble pas globalement appropriée. Nous recherchons une solution économique viable, de préférence en partenariat avec d'autres entreprises du secteur de la production audiovisuelle, publiques ou privées.
En effet, la SFP a un savoir-faire reconnu et des atouts que vous avez raison de souligner, monsieur le sénateur.
Dans un esprit de dialogue, j'ai reçu, le 18 janvier dernier, les syndicats, les membres du comité d'entreprise, qui m'ont fait part de leur inquiétude quant à l'avenir de la société, notamment quant à leur emploi.
Evidemment, il ne saurait être question de laisser les choses en l'état jusqu'en 2002, comme on a pu le dire dans divers lieux. Le Gouvernement a conscience des enjeux et de la nécessité d'agir sans tarder.
C'est la raison pour laquelle, ainsi que vous l'avez dit, monsieur le sénateur, Laurent Fabius et moi-même avons tout récemment confié une mission sur les perspectives d'avenir de la SFP à une personnalité, M. Roland Peylet, ancien ingénieur en chef des Ponts et Chaussées et conseiller d'Etat, qui devra rendre ses conclusions au Gouvernement dans un délai rapproché, en étroite concertation avec la direction de l'entreprise et les représentants du personnel. (Applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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