SEANCE DU 6 FEVRIER 2001


M. le président. La parole est à M. Cornu, auteur de la question n° 961, adressée à Mme le secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés.
M. Gérard Cornu. Madame le ministre de l'emploi et de la solidarité, les questions qui vous sont posées révèlent l'existence de problèmes dans les professions paramédicales, que ce soit dans le domaine public ou dans le domaine privé.
Ma question a trait à la situation très sérieuse, voire ubuesque, des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs libéraux.
En effet, en août 2000, le conseil d'administration de la Caisse nationale d'assurance maladie a décidé arbitrairement et sans concertation avec les professionnels concernés une baisse de 3 % des honoraires des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs libéraux, rétrogradant ainsi la valeur de la lettre clé AMK à ce qu'elle était en avril 1997, c'est-à-dire à 13 francs au lieu de 13,40 francs.
Cette baisse a été décidée à la suite de l'augmentation en volume des soins remboursés aux assurés sociaux au cours des quatre premiers mois de l'année 2000, décision à laquelle il convient d'adjoindre les sanctions collectives infligées à l'ensemble des professionnels de santé en cas de dépassement des enveloppes. Or, cette augmentation des soins est due essentiellement aux retards considérables pris par les caisses dans le remboursement aux assurés en 1999, retards qui ont été imputés comptablement sur l'exercice 2000. Ajoutez à cela l'instauration de la couverture maladie universelle qui concerne 5 millions de nos concitoyens et provoque inévitablement une inflation des dispenses de soins médicaux et paramédicaux. Or, je le rappelle, la kinésithérapie libérale ne représente que 0,9 % du budget total de la sécurité sociale, contre 58 % pour les dépenses hospitalières.
En conséquence, madame la ministre, ma question est fort simple : le Gouvernement a-t-il l'intention de réévaluer très prochainement la valeur de la lettre clé des kinésithérapeutes ?
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Elisabeth Guigou, ministre de l'emploi et de la solidarité. Monsieur le sénateur, les trente-sept mille masseurs-kinésithérapeutes libéraux, professionnels de grande compétence et dont la qualité du travail est reconnue, jouent un rôle très important puisqu'ils prennent en charge non seulement, de façon classique, la rééducation, mais aussi des affections qui étaient traitées jusqu'à présent par des médicaments ou par une hospitalisation. A ce titre, ils sont évidemment un élément clé, avec les infirmières, du maintien à domicile des patients.
Depuis 1998, je veux le souligner, la situation économique des masseurs-kinésithérapeutes s'est améliorée - certainement pas autant qu'ils le souhaiteraient ! - après, c'est vrai, s'être considérablement dégradée vers le milieu des années quatre-vingt-dix. Il y a donc eu un rattrapage.
Par ailleurs, le Gouvernement a procédé, en octobre 2000, à une réforme de la nomenclature des masseurs-kinésithérapeutes. Dans ce cadre, la majeure partie des actes qu'ils accomplissent ont été revalorisés. Le prix moyen des actes a été augmenté.
Nombre de masseurs-kinésithérapeutes protestent contre la décision prise par les caisses d'assurance maladie, en juillet 2000, de baisser de 40 centimes la valeur de leur lettre clé. Je veux toutefois attirer votre attention sur le fait que, dans son troisième rapport d'équilibre, au mois de novembre, la Caisse nationale d'assurance maladie a indiqué qu'une revalorisation des lettres clés était envisageable. Une telle évolution pourrait ainsi intervenir dans le cadre conventionnel, comme c'est normal.
En fait, les mouvements des masseurs-kinésithérapeutes, que j'ai reçus ou rencontrés à plusieurs reprises, traduisent un malaise plus profond que j'ai perçu et pris en compte. J'ai d'ailleurs invité les syndicats représentatifs des masseurs-kinésithérapeutes à la réunion organisée le 25 janvier 2000 avec les professionnels libéraux et les caisses d'assurance maladie. Deux thèmes ont été mis en avant : la promotion de la qualité au sein du système de soins et la rénovation du contrat qui lie les professionnels de soins à l'usager, aux caisses et à la collectivité.
J'ai chargé d'une mission trois personnalités qui - je l'annonce au Sénat - vont être désignées aujourd'hui : Mme Rochaix, économiste à l'université d'Aix-Marseille, M. Bernard Brunhes, expert des questions de santé, et le professeur Glorion, président de l'ordre national des médecins. Ces personnalités procéderont à une concertation élargie avec l'ensemble des acteurs concernés par l'organisation de notre médecine de ville, et donc avec les représentants des infirmières et des masseurs-kinésithérapeutes.
Leur travail, réalisé, bien sûr, en liaison avec le groupe de contact que j'ai demandé aux présidents des commissions des affaires sociales des deux assemblées de créer, nous permettra, sur la base des propositions qui pourront être dégagées, de voir comment nous pouvons améliorer la situation des professionnels libéraux et, en particulier, celle des masseurs-kinésithérapeutes.
M. Gérard Cornu. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Cornu.
M. Gérard Cornu. Madame la ministre, j'entends bien qu'il y a eu une nouvelle nomenclature, mais je rappelle que celle-ci était attendue depuis vingt-huit ans, et il est fondamental de ne pas la lier à l'avenant conventionnel.
La valeur de la lettre clé AMK est passée de 13,40 francs à 13 francs, conformément à la décision prise en juillet dernier, mais la nouvelle nomenclature n'a été appliquée qu'au mois d'octobre. Entre les mois d'août et d'octobre, il s'est donc posé un problème, d'autant que le seuil d'efficience a changé. Le 3 août, ce seuil, qui était de 47 000 AMK par kinésithérapeute et par an, est passé à 45 000 AMK. Or, c'est le seuil d'efficience qui déclenche les sanctions collectives. Nous sommes donc dans un cercle vicieux.
Madame la ministre, la situation est grave, à tel point que se manifeste, dans plusieurs départements, la volonté de dénoncer l'avenant conventionnel. Je sais que vous vous en préoccupez. Je tenais néanmoins à souligner l'urgence qu'il y a à trouver une solution pour l'ensemble des professions paramédicales et, en particulier, pour les masseurs-kinésithérapeutes.

SITUATION FINANCIÈRE DES CONSEILS D'ARCHITECTURE,
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