M. Vincent Delahaye, rapporteur spécial

II. UN PEU MOINS D'1,4 MILLIARD D'EUROS DE DÉPENSES EN 2015

Les crédits demandés au titre des cinq programmes du CAS s'élèvent à 1 377,1 millions d'euros , soit une diminution d'environ 1,8 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2014 mais une progression de 4,7 % par rapport à l'exécution 2013.

En toute rigueur budgétaire, il convient d'écarter les crédits du programme 755 « Désendettement de l'Etat », qui regroupent en réalité le produit des amendes reversé au budget général au titre des recettes non fiscales, et qui ne sont pas à proprement parler une dépense.

Après retraitement, l'évolution des dépenses entre 2014 et 2015 reste en diminution (- 1,49 %), mais en augmentation au regard de l'exécution 2013 (+ 7,8%) , principalement du fait de l'augmentation de la dotation aux collectivités territoriales.

Total des dépenses du CAS

(en millions d'euros)

Numéro et intitulé du programme

Exécution

2011

Exécution

2012

Exécution
2013

LFI
2014

PLF
2015

Écart 2014/2015
(en %)

Écart 2013/2015
(en %)

751

Radars

228,42

197,71

218,66

220,00

217,12

-1,30

-0,70

752

Fichier national du permis de conduire

12,39

29,17

22,77

19,00

21,88

+15,16

-3,91

753

Contrôle et modernisation de la politique de la circulation et du stationnement routiers

21,22

43,37

29 ,00

31,56

30,00

-4,9

+3,45

754

Contribution à l'équipement des collectivités territoriales pour l'amélioration des transports en commun, de la sécurité et de la circulation routières

59,63

646,50

598,12

679,77

667,19

-1,85

+11,56

755

Désendettement de l'État

362,18

458,63

446,57

452,06

440,9

-2,47

-1,27

TOTAL

683,85

1375,38

1315,12

1402,39

1377,09

-1,8

4,71

Total (hors P. 755)

321,67

916,75

868,5

950,33

936,19

-1,49

+7,79

Total (hors P. 754 et 755)

262,04

270,24

270,38

270,56

269

-0,37

-0,51

N.B : exécutions 2011, 2012 et 2013 en crédits de paiement ; LFI 2014 et PLF 2015 (autorisations d'engagement = crédits de paiement).

Source : projets annuels de performances, rapports annuels de performances

A. LE PROGRAMME 751 « RADARS »

Le programme couvre les coûts relatifs au développement et au maintien en condition opérationnelle des radars et une partie de la subvention à l'Agence nationale de traitement automatisé des infractions (ANTAI), pour le fonctionnement et l'exploitation du Centre national du traitement (CNT) situé à Rennes.

Au sein de la première section du CAS, comprenant le présent programme 751 et le programme 752 « Permis de conduire », la dotation reste stable à 239 millions d'euros .

Néanmoins, en 2015, et contrairement à 2014, les moyens du programme 751 sont diminués (217 millions d'euros en 2015 contre 220 millions d'euros) au profit du programme 752.

Cette diminution est inscrite sur les trois actions du programme.

Évolution de la dépense du programme 751

(en millions d'euros)

Exécution
2011

Exécution
2012

Exécution
2013

LFI
2014

PLF
2015

Écart
2014/ 2015
(en %)

Section 1 : Contrôle automatisé

751

Radars

228,42

197,71

218,66

220,00

217,11

- 1,31%

1

Dispositifs de contrôle

132,02

128,81

118,59

118,81

117,14

- 1,41%

2

Centre national de traitement

94,37

64,70

92,34

94,30

93,62

- 0,72%

3

Soutien au programme

2,04

4,19

7,73

6,88

6,35

- 7,70%

Titre 3

Dépenses de fonctionnement

175,86

154,92

171,77

180,12

176,52

- 2%

Titre 5

Dépenses d'investissement

52,54

28,83

30 ,76

25,76

26,40

+ 2,48%

Titre 6

Dépenses d'intervention

0,18

0,09

0,28

+ 211%

Titre 7

Dépenses d'opérations financières

13,96

15,95

14,03

13,91

- 0,85%

N.B : exécutions 2011, 2012 et 2013 en crédits de paiement ; LFI 2014 et PLF 2015 (autorisations d'engagement = crédits de paiement).

Source : projets annuels de performances, rapports annuels de performances

L'action 01 (« Dispositifs de contrôle ») comprend les crédits consacrés à l'installation de nouveaux radars et à leur maintenance en condition opérationnelle.

Ses crédits diminuent de 1,41 % en 2015 pour s'établir à 117 millions d'euros .

En 2015, comme le retrace le tableau ci-dessous, le Gouvernement prévoit de stabiliser le nombre de dispositifs de contrôle automatisé à 4 200 . Néanmoins, comme l'indique le projet annuel de performances, il est prévu de remplacer 130 radars mobiles et 123 radars fixes par 120 radars mobiles-mobiles, 43 radars chantiers, 50 radars discriminants et 40 radars vitesse moyenne .

Nombre de radars en France depuis 2013

Fin 2009

Fin 2010

Fin 2011

Fin
2012

Fin 2013

Fin 2014
(prévision)

Fin 2015

(prévision)

Écart
2014/2015

Radars fixes

1 661

1 823

2 055

2 177

2 203

2 125

2 050

- 75

Radars discriminants

0

0

45

135

203

205

311

+ 106

Radars fixes double-face

0

0

0

0

40

Radars mobiles

932

933

933

929

788

625

538

- 87

Radars mobiles-mobiles

0

0

0

0

79

200

319

119

Radars chantiers

0

0

0

0

0

90

43

- 47

Radars vitesses moyennes

0

0

0

33

67

120

152

+ 32

Radars feux rouges

118

435

638

713

712

733

712

- 21

Radars passages à niveau

0

2

2

34

45

62

75

+ 13

Total hors pédagogiques

2 711

3 193

3 673

4 021

3 992

4 200

4 200

=

Radars pédagogiques

0

0

273

1 730

1 636

879

890

+ 11

TOTAL

2 711

3 193

3 946

5 751

5 628

5 079

5 090

+ 11

Source : projet annuel de performances annexé au projet de loi de finances pour 2015

Au total, l'action 01 porte 90,7 millions d'euros de dépenses de fonctionnement (- 2,4 millions d'euros par rapport à 2014), dont 68,9 millions d'euros sont consacrés au maintien en condition opérationnelle des dispositifs de contrôle (entretien, adaptation, réparation et remplacement des radars vandalisés).

En matière d'investissement, le Gouvernement prévoit d'engager des dépenses de l'ordre de 26,4 millions d'euros en 2015 couvrant le remplacement de 253 appareils (123 radars fixes et 130 radars mobiles) et 120 véhicules :

- 120 radars mobiles-mobiles pour 6,3 millions d'euros ;

- 40 radars vitesses moyennes, pour 6,7 millions d'euros ;

- 43 radars chantiers, pour 8,6 millions d'euros ;

- 120 véhicules, pour 2,2 millions d'euros.

Comme l'année dernière, votre rapporteur spécial s'interroge sur la politique d'investissement poursuivie par la DSCR, en hausse toutefois beaucoup plus modérée en 2015 (+2,48 %) qu'en 2014 (+ 68 % 4 ( * ) ). Certes, il faut saluer l'acquisition d'outils plus intelligents, tels que les radars mobiles-mobiles, les radars chantiers et les radars vitesses moyennes.

Néanmoins, les radars chantiers et les radars vitesses moyennes présentent les coûts unitaires de maintenance les plus élevés, respectivement de 28 928 euros et 28 014 euros. Les coûts d'installation des radars vitesses moyennes et radars chantiers sont également bien supérieurs à ceux des autres dispositifs (167 475 euros par radar vitesse moyenne et 201 006 euros par radar chantier contre, par exemple, 50 750 euros pour un radar discriminant ou 52 780 pour un radar mobile-mobile).

À cet égard, il convient de s'interroger sur la pertinence du déploiement des radars vitesses moyennes et des radars chantiers, dont les coûts d'investissement et de fonctionnement sont aussi élevés . Il faut ajouter que, ni les documents budgétaires, ni les réponses au questionnaire budgétaire ne permettent de mesurer l'efficacité, en termes de sécurité routière, de ces dispositifs.

C'est pourquoi, votre rapporteur spécial propose un amendement tendant à réduire les dépenses d'investissement de 7,35 millions d'euros, soit l'installation de 20 nouveaux radars vitesses moyennes (au lieu de 40 initialement prévus) et de 20 radars chantiers (au lieu de 43) . L'économie ainsi réalisée permet d'augmenter d'autant les crédits du programme 754 « Collectivités territoriales » .

L'action 02 « Centre national de traitement » porte principalement la subvention pour charges de service public accordée à l'ANTAI au titre de la gestion du CNT de Rennes. Cette subvention s'élève en 2015 à 93,6 millions d'euros , en diminution très légère de 0, 72 % par rapport à 2014.

Par ailleurs, le fonds de roulement de l'ANTAI a fortement augmenté, du fait de moindres dépenses au titre du procès-verbal électronique 5 ( * ) . Dans ce contexte, le niveau du fonds de roulement dépassera le seuil prudentiel de 14,5 millions d'euros, même après un prélèvement de 14 millions d'euros au profit de l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) 6 ( * ) .

Le niveau exact du fonds de roulement de l'ANTAI n'a pas été communiqué à votre rapporteur spécial. La non-communication d'informations financières par une agence de l'État ne permet pas un travail parlementaire efficace, ce que votre rapporteur spécial déplore vivement.

En conséquence, il vous est proposé un amendement tendant à diminuer la subvention à l'ANTAI de 15 millions d'euros , afin de procéder à un prélèvement à due concurrence sur son fonds de roulement.

Enfin, l'action 03 « Soutien au programme » comprend 6,35 millions d'euros (- 7,7 % par rapport à 2014) destinés à financer des dépenses d'études, de communication et de fonctionnement. Depuis 2014, cette action porte les crédits destinés au fonctionnement de la Trésorerie du contrôle automatisé , en charge du recouvrement des amendes radars : cette ligne s'élève à 4,2 millions d'euros (même montant qu'en 2014).

B. LE PROGRAMME 752 « FICHIER NATIONAL DU PERMIS DE CONDUIRE »

Le programme 752, composé d'une seule action « Fichier national du permis de conduire », supporte les dépenses afférentes à la gestion des droits à conduire (permis à points) et à la modernisation du Fichier national du permis de conduire (FNPC), le projet « FAETON ».

Évolution de la dépense du programme 752

(en millions d'euros)

Exécution
2011

Exécution
2012

Exécution
2013

LFI pour 2014

PLF 2015

Écart 2014/2015 (en %)

752

Fichier national du permis de conduire

12,39

29,17

22,76

19,00

21,88

+ 15,16 %

Titre 3

Dépenses de fonctionnement

11,47

19,36

17,43

19,00

19,84

+ 4,42 %

Titre 5

Dépenses d'investissement

0,92

9,81

5,33

0

2,04

+ 100,00 %

N.B : exécutions 2011, 2012 et2013 en crédits de paiement ; LFI 2014 et PLF 2015 (autorisations d'engagement = crédits de paiement).

Source : projets annuels de performances, rapports annuels de performances

S'agissant de la gestion du permis à points, en 2015, il est prévu que plus de 17 millions de lettres simples seront adressées aux automobilistes dans le cadre de la gestion du permis à points, pour une dépense estimée à 15,7 millions d'euros , soit un coût unitaire d'environ 93 centimes par lettre. Ces lettres sont envoyées à chaque retrait ou restitution de points.

En 2012 et 2013, votre rapporteur spécial s'était interrogé sur l'opportunité de cette dépense , s'agissant notamment des lettres de retraits de points. À son initiative, la commission des finances avait alors adopté un amendement supprimant les dispositions de l'article L. 223-3 du code de la route imposant l'envoi de ces lettres et un amendement de réduction à due proportion des crédits du présent programme.

Faute de discussion en séance publique des missions budgétaires lors de l'examen des projets de loi de finances pour 2013 et 2014, il n'avait pas été possible de soumettre au vote du Sénat cette proposition. A l'occasion de la préparation du l'examen du projet de loi de finances pour 2014, votre rapporteur spécial avait interrogé le Gouvernement sur l'opportunité de maintenir ces envois. La réponse est reproduite dans l'encadré ci-dessous.

Réponse au questionnaire budgétaire du projet de loi de finances pour 2014

Question n° 13 : Indiquer les raisons qui justifient l'envoi en lettre simple de lettres de retrait de points alors que le contrevenant a déjà reçu, par courrier recommandé, un avis de contravention ?

Réponse :

Dès l'adoption de la loi n° 89-469 du 10 juillet 1989 sur le permis à point, est apparue la nécessité d'informer l'automobiliste du retrait de points par courrier, sachant qu'il s'agit d'une sanction administrative. Les droits de la défense et notamment le droit à l'information préalable ont été invoqués pour justifier cet envoi de courrier en plus de l'avis de contravention.

Ces courriers permettent une information très complète de l'automobiliste en indiquant le nombre exact de points retirés à l'occasion d'une infraction, information qui ne figure pas sur l'avis de contravention, lequel indique simplement que l'infraction entraîne un retrait de point sans en préciser le nombre exact.

À ce jour les automobilistes sont informés d'un retrait de points effectif par courrier simple (article L. 223-3 du code de la route). Le Conseil d'Etat a considéré que : " Les décisions de retraits de points (48), notifiés par lettre simple, ne sont opposables qu'à compter de la prise de connaissance par l'intéressé. Cependant, il n'en demeure pas moins que ces retraits de points restent acquis à l'encontre de l'intéressé et conservent un caractère exécutoire " (CE, avis FETY du 20 juin 1997, n°185323).

En revanche, il y a notification de toutes les décisions de retraits de points ayant entraîné l'annulation du permis de conduire, à l'occasion de la récapitulation de la mention de ces décisions dans la décision référencée 48 SI annulant le permis de conduire. Le Conseil d'Etat a ainsi rappelé que les conditions de la notification des retraits de points ne conditionnent pas la régularité de ces retraits mais seulement leur opposabilité. L'annulation du permis reste valable dès lors que la décision 48 SI récapitule tous les retraits de points ayant entraîné cette annulation (CE, 5 décembre 2005, Martineau, n°280097, confirmé par CE, 30 décembre 2011, Delpeuch, n°346331).

En conclusion, la "lettre simple" visée à l'article L. 223-3 du code de la route permet d'informer le conducteur du nombre de points retirés sur son permis après chaque infraction. La suppression de ces lettres simples, en entraînant la suppression de cette « information-notification » provoquerait une dégradation des garanties accordées aux automobilistes sur les droits de la défense concernant le régime des sanctions administratives. Une telle évolution serait en outre contraire à l'action conduite par le Défenseur des droits afin d'améliorer constamment l'information des contrevenants.

Il convient d'abord de relever que, contrairement à ce qu'indique la réponse, l'avis de contravention mentionne toujours le nombre de points retirés - ce n'était pas le cas auparavant. Cette information a été confirmée à votre rapporteur spécial par l'ANTAI.

En outre, dans le cadre de la Modernisation de l'action publique (MAP), le ministère de l'intérieur a ouvert le site Internet Télépoints ( www.telepoints.info ), permettant à tout conducteur de consulter le solde de ses points. Il existe par ailleurs plusieurs autres moyens d'informations, notamment au guichet de la préfecture.

Votre rapporteur spécial estime en conséquence que l'information mise à disposition du contrevenant est suffisante et qu'il est dès lors possible de supprimer l'obligation de l'envoi de lettres simples.

En revanche, il paraît nécessaire de maintenir les lettres recommandées informant le conducteur qu'il a atteint ou franchi un solde restant de 6 points et de la perte de la totalité des points.

Comme les deux années précédentes, compte tenu de son coût et de la faible « valeur ajoutée » de cette obligation, votre rapporteur spécial vous propose deux amendements tendant à la supprimer .

Le premier modifie l'article L. 223-3 du code de la route qui dispose que « le retrait de points est porté à la connaissance de l'intéressé par lettre simple quand il est effectif ». Les autres envois de lettre sont prévus par voie réglementaire.

Le second amendement en tire les conséquences budgétaires en supprimant 15,7 millions d'euros de crédits du programme 752 pour les réorienter vers le programme 755 « Désendettement de l'Etat » .

S'agissant de la modernisation du Fichier national du permis de conduire, 4 millions d'euros seront consacrés à des dépenses informatiques , notamment dans le cadre du fonctionnement du logiciel FAETON.

En effet, en application de la troisième directive européenne sur le permis de conduire 7 ( * ) , l'outil informatique « Système national des permis de conduire » (SNPC) est remplacé par le système FAETON. Il permet notamment la délivrance de permis sécurisés . Après des retards, le système est désormais en place, comme l'explique le Gouvernement ( cf. encadré).

Avancement et mise en oeuvre du projet FAETON

Depuis le 16 septembre 2013, la France respecte les prescriptions de la directive européenne n° 2006/126/CE du 20 décembre 2006, et le nouveau permis au format européen (type carte bancaire) est produit à partir de l'application dite «système national des permis de conduire» (SNPC).

Le SNPC a nécessité quelques adaptations, notamment la dématérialisation de la photographie du titulaire et de sa signature à partir du formulaire de demande de permis de conduire, pour permettre leur reproduction sur le titre dans le cadre du processus de fabrication mis en oeuvre par l'Imprimerie nationale sous la supervision de l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS).

À ce jour, près de 2,3 millions de permis de conduire ont été produits et remis aux usagers.

Enfin, la directive européenne ayant fixé la limite de validité des titres nationaux en 2033, la reprise des permis de conduire délivrés avant le 19 janvier 2013 sera lancée de manière industrialisée à partir de 2020.

La reprise des permis transitoires F9, délivrés entre le 19 janvier 2013 et le 16 septembre 2013 (1,5 million), sera réalisée pour des raisons budgétaires sur les exercices 2015, 2016 et 2017.

Source : réponse au questionnaire budgétaire

Une dotation d'investissement de 2,04 millions d'euros est demandée pour le maintien en condition opérationnelle de FAETON.

C. LE PROGRAMME 753 « CONTRÔLE ET MODERNISATION DE LA POLITIQUE DE LA CIRCULATION ET DU STATIONNEMENT ROUTIERS »

Outre le CNT, l'ANTAI s'est également vue confier le déploiement et la gestion du procès-verbal électronique (PVé) , dont les dépenses sont retracées sur le programme 753.

Ainsi, le programme porte une dotation de 30 millions d'euros au titre des dépenses de fonctionnement induites par le PVé et une ligne de crédits de 0,3 million d'euros relative à une quote-part de la masse salariale de l'ANTAI, le solde étant inscrit sur l'action 2 du programme 751.

Évolution de la dépense du programme 753

(en millions d'euros)

Exécution
2011

Exécution
2012

Exécution
2013

LFI
pour 2014

PLF
2015

Écart 2014/2015 (en %)

753

Contrôle et modernisation de la politique de la circulation et du stationnement routiers

21,22

46,37

29,00

32,80

31,56

- 3,78 %

Titre 3

Dépenses de fonctionnement

24,11

31,56

30

- 4,94%

Titre 6

Dépenses d'intervention

21,22

46,37

Titre 7

Dépenses d'opérations financières

4,89

N.B : exécutions 2011, 2012 et 2013 en crédits de paiement ; LFI 2014 et PLF 2015 (autorisations d'engagement = crédits de paiement).

Source : projets annuels de performances, rapports annuels de performances

Le projet annuel de performances précise que « en 2015, l'ANTAI disposera au total d'un financement de l'Etat de 123,62 millions d'euros , en tenant compte de la subvention versée par le programme 751 ?Radars? (93,62 millions d'euros) ».

Le procès-verbal électronique (PVé)

La mise en oeuvre de la dématérialisation de la gestion des infractions aux règles de la circulation routière sanctionnées par une amende forfaitaire ou par une amende forfaitaire majorée, s'est traduite par la mise en oeuvre en 2010 du projet de procès-verbal électronique (Pvé).

Cette réforme avait pour objectif de moderniser substantiellement, au profit des forces de l'ordre de l'État et des polices municipales, la gestion des amendes, en substituant au carnet à souche des outils nomades de type PDA ou terminal informatique embarqué (TIE ou IHM web). Jusqu'à l'été 2014, elle concernait les infractions des 4 premières classes relatives à la circulation routière. À l'automne 2014, ce périmètre « sécurité routière  » sera étendu à l'ensemble du domaine contraventionnel et portera le nombre d'infractions pouvant être relevées au moyen du procès-verbal électronique à plus de 1270 infractions.

Cette réforme s'est accompagnée de la création par décret n° 2011-348 du 29 mars 2011 de l'agence nationale de traitement automatisé des infractions (ANTAI), établissement public administratif placé sous tutelle du ministère de l'intérieur qui gère le dispositif

L'année 2015 marquera une nouvelle étape pour la verbalisation électronique puisque le paiement immédiat devrait être opérationnel après publication des textes réglementaires. Il sera mis en expérimentation par ailleurs de nouveaux matériels de type tablettes dans les unités de police et gendarmerie nationales.

Le déploiement dans l'ensemble des régions en métropole et outre-mer était achevé fin juin 2012 conformément au calendrier initial. À ce jour, les forces de l'ordre sont équipées de 15 649 PDA (8 634 pour la police nationale et 7 015 pour la gendarmerie nationale). La dotation de la gendarmerie nationale s'est achevée fin 2013 par une dernière tranche de 1 600 PDA.

S'agissant des collectivités locales, après un démarrage prudent la première année, 1 954 communes ont intégré le dispositif PVe au 1 er septembre 2014, dont 34 de plus de 100 000 habitants (hors Paris) sur 40. Fin 2014, la prévision de raccordement devrait aboutir à un total de 53 communes entre 50 000 et 100 000 habitants.

Enfin, le nombre d'ACO 8 ( * ) pour l'année 2013 est de l'ordre de 17,2 millions (10,8 millions en 2012). Sur les 7 premiers mois de 2014, le nombre d'ACO relevant des collectivités territoriales est supérieur à celui de l'État (7,7 millions contre 3,34).

Pour 2015, l'objectif est d'atteindre un total de 21 millions d'avis de contravention traités par PVé. La prévision relative aux plaques étrangères est de 85 000 ACO.

Un fonds d'amorçage doté de 7,5 M€ a été créé en 2011 pour aider, à hauteur de 50%, les collectivités territoriales à se doter de matériels nomades (environ 1000 € pour un PDA). Ce dispositif a été prorogé, en LFI 2014, jusqu'en 2015.

Le recours au Pvé est source de nombreux avantages par rapport au carnet à souche utilisé auparavant, dans la constatation des infractions à la circulation ou au stationnement. On peut en particulier citer le taux de poursuite avec 95,4 % pour les services de l'État et 92% pour les collectivités territoriales des messages d'infraction (MIF) qui donnent lieu à l'envoi d'avis de contravention (ACO). Le ratio ACO/MIF escompté pour 2014 est de 85% pour les services de l'État. Le taux de contestation des infractions est de 2,2%. Enfin le taux de paiement est de 62% contre 50% pour le timbre amende. Il convient enfin de souligner le gain de temps pour les fonctionnaires de police chargés de la verbalisation et la fiabilité des données induite par l'utilisation du Pvé.

Source : réponse au questionnaire budgétaire

Si l'équipement des forces de l'ordre de l'État est achevé, ce n'est pas le cas des communes, qui sont néanmoins de plus en plus nombreuses à faire le choix du PVé.

En 2011, un fonds d'amorçage avait été créé afin de les aider à acquérir les équipements de verbalisation électronique. Ce fonds était doté de 7,5 millions d'euros et devait s'éteindre fin 2013. Or il se trouve que seulement 1,75 million d'euros ont été effectivement décaissés en 2013 alors que le nombre de communes potentiellement bénéficiaires s'accroît d'année en année.

Le Gouvernement a en conséquence décidé de prolonger ce fonds de deux ans, jusque fin 2015.

D. LE PROGRAMME 754 « CONTRIBUTION À L'ÉQUIPEMENT DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES POUR L'AMÉLIORATION DES TRANSPORTS EN COMMUN, DE LA SÉCURITÉ ET DE LA CIRCULATION ROUTIÈRES »

Les amendes de la circulation et du stationnement sont, pour partie, « d'origine » locale puisqu'elles peuvent résulter de l'action des polices municipales. Il est donc normal que leur produit soit, pour partie, reversé aux collectivités territoriales. Le projet annuel de performances rappelle d'ailleurs que « ce programme permet de prendre en compte le surplus de recettes engendrées par la généralisation du procès-verbal électronique qui a débuté en 2011 ».

Le présent programme comprend une dotation de 170 millions d'euros correspondant à une fraction du produit des amendes « radars » et une dotation de 497,19 millions d'euros correspondant à 53 % du produit des amendes forfaitaires hors radars et des amendes majorées 9 ( * ) .

La dotation totale prévue par le projet de loi de finances pour 2014 s'élève donc à environ 667,19 millions d'euros .

Tout comme pour le programme 755, le montant estimé, en légère baisse par rapport à la loi de finances initiale pour 2014, est évalué sur la base des données connues à mi-2014.

Évolution de la dépense du programme 754

(en millions d'euros)

Exécution
2011

Exécution
2012

Exécution
2013

LFI 2014

PLF
2015

Écart 2014/2015 (en %)

754

Contribution à l'équipement des collectivités territoriales pour l'amélioration des transports en commun, de la sécurité et de la circulation routières

59,63

646,50

598,12

679,77

667,19

- 1,85%

N.B : exécutions 2011, 2012 et2013 en crédits de paiement ; LFI 2014 et PLF 2015 (autorisations d'engagement = crédits de paiement).

Source : projets annuels de performances, rapports annuels de performances

L'enveloppe de 170 millions d'euros est attribuée, à hauteur de 106 millions d'euros, aux communes et intercommunalités « en vue de financer des opérations destinées à améliorer les transports en commun et la circulation », et, pour les 64 millions d'euros restants, aux départements, à la Collectivité territoriale de Corse et aux régions d'outre-mer « afin de financer des opérations contribuant à la sécurisation de leur réseau routier » 10 ( * ) .

Il revient au Comité des finances locales de procéder à la répartition du produit des amendes entre les collectivités territoriales . Le projet annuel de performances rappelle que « les modalités de répartition mises en place permettent d'assurer une redistribution équitable et une mutualisation entre collectivités de différents niveaux et aux ressources inégales, notamment au regard des moyens pouvant être consacrés au contrôle du stationnement ».

L'article 63 de la loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles modifiera profondément cette répartition. A compter du 1 er janvier 2016, l'absence ou l'insuffisance du paiement de la redevance de stationnement ne donnera plus lieu à une sanction pénale (amende au montant uniforme de 17 euros) mais au paiement d'un « forfait de post-stationnement », dont le montant sera voté par le conseil municipal ou l'organe délibérant de l'intercommunalité compétente. Le produit des forfaits de post-stationnement sera donc directement attribué aux collectivités territoriales instaurant un stationnement payant. Il y aura donc perte de recettes pour l'Etat, dont il faudra tenir compte en loi de finances.

E. LE PROGRAMME 755 « DÉSENDETTEMENT DE L'ETAT »

L'intitulé de ce programme est ambitieux mais ne reflète pas entièrement la réalité puisqu'il ne s'agit que d'un « branchement budgétaire » entre le CAS et le budget général de l'État . La partie du produit des amendes non utilisées au profit du FIPD et des programmes 753 ou 754 est reversée, par le biais du présent programme, au budget général au titre des recettes non fiscales .

Ces crédits participent donc au financement de toutes les dépenses publiques, et contribuent au désendettement de l'État dans la mesure où ils viennent minorer le montant du déficit budgétaire au titre de l'exercice.

Évolution de la dépense du programme 755

(en millions d'euros)

Exécution
2011

Exécution
2012

Exécution
2013

LFI 2014

PLF 2015

Écart 2014/2015 (en %)

755

Désendettement de l'État

362,18

458,63

446,57

452,06

440,90

- 2,46 %

N.B : exécutions 2011, 2012 et 2013 en crédits de paiement ; LFI 2014 et PLF 2015 (autorisations d'engagement = crédits de paiement).

Source : projets annuels de performances, rapports annuels de performances


* 4 15,35 millions d'euros étaient inscrits en loi de finances initiale pour 2013, mais 30,76 millions d'euros ont effectivement été dépensés ; 25,76 millions d'euros ont ensuite été inscrits en loi de finances pour 2014, soit +68%

* 5 L'augmentation attendue du fonds de roulement en 2014 de l'ANTAI résulte en effet de dépenses inférieures aux prévisions au titre notamment du procès-verbal électronique (PVE), un certain nombre de communes ne s'étant pas dotées des matériels nécessaires, dont l'acquisition est facultative, à l'établissement des PVE - les élections municipales de mars 2014 ayant conduit certaines municipalités à reporter leur décision après le scrutin.

* 6 Prélèvement prévu à l'article 45 du projet de loi de finances pour 2015

* 7 Directive 2006/126/CE du Parlement européen et du Conseil du 20 décembre 2006 relative au permis de conduire.

* 8 Avis de contravention donnant lieu à paiement ou à contestation de l'amende forfaitaire.

* 9 Cette fraction de 53 % est appliquée à la somme restant après défalcation de 45 millions d'euros au titre du FIPD et de 31,6 millions d'euros au titre du programme 753.

* 10 Articles L. 2334-24 et L. 2334-25 du code général des collectivités territoriales.