Électrifier l'Afrique

M. le président.  - L'ordre du jour appelle la proposition de résolution pour le soutien au plan d'électrification du continent africain : « plan d'électricité - Objectif 2025 » présentée en application de l'article 34-1 de la Constitution, par M. Jean-Marie Bockel et plusieurs de ses collègues.

M. Jean-Marie Bockel, auteur de la proposition de résolution .  - Ce projet de résolution tient à coeur à plusieurs d'entre nous du fait de notre engagement de longue date sur tous les sujets qui tiennent à notre relation avec l'Afrique. Je salue M. Jean-Louis Borloo, qui assistera bientôt à ce débat dans nos tribunes, pour avoir créé, l'an dernier, la fondation « Énergie pour l'Afrique ». Cette agence intergouvernementale, gérée par les Africains et pour les Africains, a reçu le soutien de nombreux dirigeants africains, de grandes entreprises et d'organisations internationales mais surtout des États africains.

Le vote à l'unanimité du Parlement panafricain en témoigne : sa résolution vise à étendre la couverture électrique du continent sub-saharien de 25 à 80 % en dix ans. La balle est aussi dans notre camp car l'intérêt de l'Afrique, c'est l'intérêt de l'Europe et, donc, de la France. Pas moins de 70 % de la population africaine n'a pas accès à l'énergie qui est la condition nécessaire à l'accès à l'éducation, à la santé, comme au développement économique.

Cet enjeu nous concerne directement car l'Afrique émet peu de CO2. Il faut préserver ce puits de carbone que représente la forêt africaine face à la déforestation qui menace du fait de la hausse de la population. Déjà un à deux millions d'hectares disparaissent chaque année.

Développons les énergies hors réseau : les énergies renouvelables et pas seulement le solaire. « Énergies pour l'Afrique » propose une subvention de 5 milliards de dollars par an pendant dix ans versée par les pays riches et pollueurs avec une révision tous les trois ans selon le principe que nous connaissons bien du bonus-malus. Le dispositif est vertueux, gagnant-gagnant. Cela représente certes beaucoup d'argent mais quels enjeux ! Le montant est deux fois inférieur aux engagements pris à Copenhague en 2009, qui sont restés lettre morte faute de contenu précis.

À un mois de la COP 21, encourageons l'initiative de Jean-Louis Borloo qui nous a rejoints dans les tribunes ! (Applaudissements) La conférence de Paris sera l'occasion de défendre cette résolution.

Outre l'aspect environnemental, l'électrification est nécessaire pour accompagner l'explosion démographique. La croissance actuelle ne suffit pas. L'inaction aurait des conséquences dommageables, tant pour l'Afrique que pour l'Europe. En développant l'accès à l'électricité, on pourrait porter la croissance de 5 à 10, voire 15 %. Les flux migratoires seraient contenus, au profit de la jeunesse africaine.

Si la présence française est en recul, l'Afrique est notre avenir, comme nous l'écrivions déjà avec M. Lorgeoux en 2013. Nous avons un rôle à jouer du fait de notre histoire et de nos relations avec beaucoup d'États africains.

Il est temps d'agir. Adopter cette résolution, c'est adhérer à un projet global, conforme à un intérêt mutuel. Notre avenir se joue aussi en Afrique. (Applaudissements au centre, à droite, sur les bancs écologistes et du RDSE)

M. Jean-Claude Requier .  - Le temps de l'Afrique est venu, dit l'économiste ivoirien Tchétché N'Guessan, Le continent est désormais considéré comme une terre d'avenir. La vision afro-pessimiste a cédé la place à une vision plus optimiste, attentive aux promesses de croissance d'un continent qui pourrait être peuplé de 2 milliards d'habitants en 2030.

Bien des défis demeurent : démographique, économique et énergétique. Près de 70 % de la population n'a pas accès à l'électricité ce qui bride le développement et la croissance. C'est pourquoi l'initiative « Énergies pour l'Afrique » est bonne.

L'Afrique dispose d'atouts pour développer les énergies renouvelables. Le solaire est sur tout le continent, l'éolien sur les trois quarts des façades maritimes, l'hydraulique est exploitable dans les régions centrales et méridionales et la géothermie dans la vallée du Grand Rift. Pourtant, alors que 21 pays seraient en mesure d'exploiter de façon rentable l'énergie hydraulique, seulement 7 % de ce potentiel est exploité. Le Sénégal se tourne vers le charbon parce c'est moins cher alors qu'il est baigné par le soleil et que le vent y souffle.

Les instruments existent, à la Banque mondiale, à la Banque africaine du développement, aux États-Unis. Malheureusement, plusieurs pays européens membres du comité d'aide au développement de l'OCDE baissent leur concours financier. L'aide au développement en France est de 0,36 % du revenu national brut en 2015, contre 0,5 % en 2014.

Reste que, élu d'un département rural, je reprendrai la fameuse formule : « La Corrèze avant le Zambèze » et j'ajouterai : « Le Transvaal après le Cantal, Nouakchott après le Lot ! ». (Sourires)

Cependant, conscient des enjeux, je voterai cette résolution. Pour paraphraser Lénine qui disait « Le communisme, c'est les soviets plus l'électricité », je dirai que l'Afrique, c'est l'électricité plus l'eau, le soleil et le vent ! (Applaudissements sur les bancs écologistes, du RDSE, au centre et à droite)

M. Jean-Claude Lenoir .  - J'ai cosigné cette proposition de résolution car l'initiative de Jean-Louis Borloo est particulièrement adaptée aux défis que connaît l'Afrique : démographique, d'abord, puisque sa population devrait atteindre les 2 milliards en 2050, soit deux fois plus qu'aujourd'hui et dix fois plus qu'en 1950 ; économique, ensuite, dans un continent dont les ressources considérables attisent les convoitises : pétrole, charbon, uranium, terres rares de nombreux pays. Le taux de croissance des pays africains est élevé. Les techniques agraires, en particulier celle du brûlis, contribuent aux émissions de gaz à effet de serre.

Cette proposition de résolution vise à couvrir 80 % de la population d'ici à 2025. Ce défi, les pays du Nord l'ont aussi connu et l'ont relevé. Il y a quelques années, le président Lula avait lancé un vaste plan d'électrification au Brésil.

L'électricité, c'est aussi l'éducation. À plus forte raison dans un continent défavorisé. À Haïti, des professeurs nous ont interpellés : ils ne souhaitent plus que nous leur envoyions des cahiers et des stylos, mais des tablettes. Grâce au numérique, l'Afrique pourrait sauter plusieurs étapes du développement et nous rattraper. Il est important d'aider l'Afrique à se développer, à fournir aux jeunes les postes qu'ils attendent.

Ces pays africains attendent avec impatience cette initiative. Le directeur de l'ONU pour le développement industriel, le Sierra-léonais, Kandeh Yumkella, conseille Jean-Louis Borloo.

Le recours aux énergies renouvelables s'impose. À mon tour je paraphraserai Vladimir Oulianov, et je dirai que « l'Afrique, c'est l'électricité et la solidarité ». Je soutiens pleinement ce projet porté par l'énergie de Jean-Louis Borloo. Ceux de mon groupe qui ne voteront pas ce projet de résolution s'abstiendront dans un esprit très positif. (Applaudissements)

Mme Chantal Jouanno .  - Merci à Jean-Marie Bockel d'avoir proposé cette résolution et à Jean-Louis Borloo d'avoir pris cette initiative pertinente à la veille de la COP 21.

Si l'Afrique connaît une croissance de 5 % par an, celle-ci ne suffit pas à faire face à sa croissance démographique, d'autant que cette croissance est inégalement répartie : les femmes, qui perdent chaque année 400 milliards d'heures à aller chercher de l'eau, et les filles déscolarisées, en sont tenues à l'écart.

En Europe, certains craignent l'afflux de migrants. Plutôt que d'appeler à construire des murs, électrifions l'Afrique : cela permettra de tripler sa croissance, de l'aider à sauter les étapes du développement.

Cette proposition de loi est ambitieuse, trop peut-être pour certains. Rappelons-nous que l'Europe a construit son réseau en moins de trente ans à une époque, les années 1920, où les techniques étaient moins évoluées. Cette initiative repose sur un concours de fonds publics et privés. Au total l'aide publique serait de 50 milliards de dollars sur dix ans, la moitié du budget de la région Île-de-France !

La France a un rôle majeur à jouer en raison de son histoire et de ses relations avec les pays africains. N'est-ce pas aussi le rôle du Sénat que de préparer l'avenir ? Nous ne lutterons pas contre les crises par des murs ou des discours qui, souvent, se retournent contre les femmes, mais par des actes.

Les sénatrices et les sénateurs UDI-UC voteront avec enthousiasme cette proposition de résolution. (Applaudissements à droite et au centre)

M. Michel Billout .  - Cette proposition de résolution a la particularité de demander au Gouvernement de soutenir une initiative privée, celle d'Énergies pour l'Afrique, présidée par l'ancien ministre Jean-Louis Borloo, que je salue à mon tour.

Le développement de la France se joue aussi au Sud, c'est vrai. Le fossé en matière d'électrification est béant. Le combler suffit-il à résoudre les problèmes dont souffre l'Afrique ? L'idée est généreuse. Elle a le mérite d'être simple. Peut-être est-elle d'ailleurs un peu simpliste voire ambiguë quand Jean-Louis Borloo la défend en affirmant qu'elle freinera l'afflux des migrants.

Créer une agence spécialisée ; pourquoi pas, mais comment la financer ? Faut-il remplacer l'humanisme par le gagnant-gagnant et la défense de son intérêt ? Est-il opportun de soutenir une initiative privée au moment où l'aide publique au développement diminue ? Enfin, cette initiative s'articule mal avec les préconisations de Kofi Annan. Selon l'ONU, il faudrait 70 milliards de dollars par an pour développer les énergies renouvelables en Afrique.

Le groupe communiste républicain et citoyen ne votera pas ce texte, victime de trop d'imprécisions et d'ambiguïté. Les bonnes intentions ne font pas une bonne politique (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste républicain et citoyen)

M. Jeanny Lorgeoux .  - Dans ce monde tourneboulé qui, tel un derviche tourneur, ne cesse d'approfondir son vertige, demeurent des vérités granitiques : l'eau, la lumière sont les fondements de la vie. L'eau n'est pas duplicable à souhait ; en revanche, la lumière naturelle peut être prolongée par la lumière créée par l'homme : l'électricité. Si l'humanité veut tendre vers la fraternité pour rompre sa détestable propension à l'autodestruction, elle doit se rassembler pour sortir des ténèbres, selon la belle formule de François Mitterrand.

Comme nous le disions avec Jean-Marie Bockel dans notre rapport de 2013, l'urgence rejoint l'évidence. La majeure partie de l'Afrique est plongée dans l'obscurité dès la nuit tombée, offerte au « vent mauvais qui l'emporte » comme le dit Verlaine. Le développement se concentre dans les villes, au détriment des campagnes.

Ce n'est pas faire injure à Jean-Louis Borloo de rappeler que, depuis quarante ans, nous avons été quelques-uns à réclamer - dans le désert, je le reconnais - l'électrification de l'Afrique, avec Houphouët-Boigny, Kofi Annan, Nelson Mandela, Jacques Pelletier, Éric Orsenna, Michel Roussin, Luionel Zinsou.

La cause africaine est noble. C'est aussi l'intérêt de la France. Nous devons prolonger l'action de tous ceux qui oeuvrent déjà dans l'anonymat : ONG, collectivités locales dans le cadre de la coopération décentralisée, les grands pays, ou l'Agence française de développement. Cette agence a aidé à raccorder 150 000 pensions en Afrique, soutenu des opérations au Bénin, au Sénégal, au Congo ; un meilleur mix énergétique au Sénégal ; financé l'électrification du Cap Vert. À l'heure où l'on nous rebat les oreilles avec le matérialisme, défendons l'humanisme, un humanisme qui rejoint l'économie et la lutte contre le réchauffement climatique.

Avec le développement de l'Afrique, les cohortes de la misère se réduiront et les murs tomberont. Les pays africains l'ont bien compris, ils s'attellent à combler les inégalités entre les pays, entre les villes et les campagnes, à associer les industriels.

La COP21 aidera à financer 10 GigaWatts supplémentaires d'ici à 2020, et 30 GigaWatts d'ici à 2030.

Le nouveau président de la Banque africaine de développement s'est fixé pour priorité d'allumer l'Afrique. Vu la contrainte du réchauffement climatique et l'explosion démographique, il faut recourir aux énergies renouvelables : le nucléaire, l'hydraulique avec Impa 3 au Congo, la biomasse comme en Afrique de l'Ouest, le solaire, l'éolien.

En Europe, on oublie combien l'électricité est précieuse tant elle est abondante. Cependant, la vie s'arrête dès que se produit une panne. Faisons en sorte, en votant cette proposition de résolution que la vie redémarre aussi pour nos frères africains. (Applaudissements)

M. Joël Labbé .  - Cher Jean-Marie ... Bockel (On a eu peur, on rit. M. Rachline s'exaspère). Adopter cette proposition de résolution à la veille de la COP21 constituerait un geste politique fort. Faire de la politique, n'est-ce pas rendre possible ce qui est nécessaire ? J'attribuais cette phrase à l'Abbé Pierre, on m'a affirmé qu'elle est de Jacques Chirac. Elle serait de Richelieu... De quoi réconcilier tout le monde finalement. De Jacques Chirac, je retiens son « La maison brûle ».

Je salue l'initiative de Jean-Louis Borloo. Il nous a convaincus. En Afrique, 50 % de la population à moins de 25 ans. Dans 10 ans, 80 % du continent pourraient être électrifiés. C'est techniquement possible. Tout est question de financement : 200 milliards en 10 ans, que l'on peut récolter grâce au concours de fonds privés et publics.

L'objectif est accessible, pour peu que l'on s'inscrive dans un modèle réaliste et non excessif comme en Europe. La population africaine doit-elle accepter de rester à l'écart du bien-être qu'elle veut étaler à la télévision ? Alors les migrations - je le dis à ceux qu'elles dérangent - ne pourront s'arrêter. Les populistes, les tenants de la haine, de l'inhumanité ?

M. David Rachline.  - C'est moi ça ? Sortez les violons !

M. Joël Labbé.  - ...auront beau appeler à construire des barbelés, des murs, ces propos sont poisseux, ils ne sont pas à la hauteur de la France. (Applaudissements sur les bancs du groupe écologiste, du groupe socialiste et républicain ; M. Jean-Marc Gabouty applaudit également) Jean-Louis Borloo l'a dit : « Qu'est-ce qu'on attend pour se bouger ? »

Les politiques devront être menées en relation avec les responsables politiques africains mais aussi avec les peuples africains. La transparence devra prévaloir, sans quoi les grandes multinationales continueront de prélever leurs profits.

Le développement de l'Afrique, c'est un développement global, la fin de terres exploitées en monoculture et arrosées de pesticides. La souveraineté alimentaire, c'est aussi de cette façon que nous construisons un monde de paix et de solidarité. (Applaudissements sur les bancs écologistes et du groupe socialiste et républicain)

M. David Rachline .  - Après de tels propos, je ne m'étonne pas que les écologistes et leurs amis communistes soient au fond du trou, désertés par leurs électeurs (Protestations sur les bancs du groupe écologiste et du groupe communiste républicain et citoyen), ce dont je me félicite...

Et quelle discourtoisie que celle de M. Jean-Marie Bockel qui a recherché ma signature avant de la biffer sans explication, par pur sectarisme. S'il n'en voulait pas, s'il ne voulait pas le soutien de millions d'électeurs, pourquoi avoir proposé de m'associer à son texte ? Je compte bien faire savoir aux Français cette mauvaise manière.

L'initiative de M. Borloo tourne enfin la page d'une aide à l'Afrique politique et souvent politicienne, fondée sur une culpabilisation exacerbée, oublieuse des bienfaits de la colonisation et loin de bénéficier au plus grand nombre. L'électrification du continent conditionne effectivement son développement ; le recours à une fondation est bienvenu. Le projet porte une vision saine de l'homme, qui a besoin d'enracinement ; un de ses objectifs est d'aider les Africains à se développer sur leur territoire, je dis bien leur territoire. Je crois à l'enracinement des peuples. (Mouvements divers sur les bancs du groupe communiste républicain et citoyen) Comme des millions de Français, je préfère voir les Africains vivre en Afrique dans un environnement sûr plutôt que dans des bidonvilles aux portes de Calais, là où vous les accompagnez. (Même mouvement) Enfin, une aide au développement enracinée et non mondialisée !

Mme Fabienne Keller .  - Beaucoup ont souligné les défis auxquels l'Afrique fait face : explosion démographique, déstructuration des territoires avec une urbanisation anarchique, appauvrissement et accroissement des inégalités, enfin, double peine puisque les Africains subissent les conséquences du changement climatique sans en être la cause.

L'APD française baisse en 2016 une année de plus. Après quatre années de réduction, elle sera de 0,36 % du PIB, loin de l'objectif de 0,7 % que le Royaume-Uni, lui, a atteint. Elle est en outre ciblée seulement à 10 % sur les pays les moins avancés. Le déblocage du Fonds vert sera le point dur de la COP21. Enfin, dernier élément de contexte, les flux migratoires, avec des déplacés économiques, politiques, environnementaux.

Les réseaux sont stratégiques pour le développement de l'Afrique - réseaux de transport, de santé, réseau éducatif, et comme préalable, un réseau électrique capable de soutenir l'économie, le développement de l'hygiène, les transports, l'organisation de villes aujourd'hui déstructurées. Le projet de Jean-Louis Borloo mérite tout notre soutien et notre respect : c'est une initiative forte et concrète avec des objectifs réalistes.

Aux esprits chagrins pour qui le Sénat n'a pas vocation à soutenir une démarche privée, je rappelle que nous avons aussi à dessiner un avenir. Je crois en l'énergie de Jean-Louis Borloo, je l'ai vu la déployer pour transformer des quartiers que tout le monde disait perdus. Votons cette proposition de résolution. (Applaudissements à droite et au centre)

Mme Annick Girardin, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée du développement et de la francophonie .  - En 2015, à New York, l'humanité a fait le choix de construire un monde sans carbone et sans pauvreté ; c'est aussi le choix que nous devrons faire à Paris dans un mois à la COP21.

Il est loin le temps où l'on opposait développement économique et préservation de la planète. La Chine promeut désormais la « civilisation écologique», les États-Unis ferment leurs centrales à charbon, on se convertit partout à l'énergie moderne et durable. Partout ? Non, il y a l'Inde et l'Afrique... Les deux tiers de la population africaine utilisent encore le bois et le charbon de bois pour se chauffer et cuisiner. C'est une catastrophe sanitaire : selon l'OMS, 4 millions de personnes, surtout des femmes et des enfants, en meurent chaque année. C'est aussi une catastrophe environnementale : le recours à cette énergie, qui alimente les trafics, accélère la déforestation. Elle freine l'accès à l'éducation et à la santé, la croissance économique, empêche de sortir la population de la grande pauvreté. Le continent a pourtant un potentiel de développement important.

Nous n'avons pas d'autre choix que de l'aider à s'équiper en énergies propres quand ce continent, le plus riche en énergies renouvelables, travaille à une planète 100 % propre pour la fin du siècle. Nous lui devons une trentaine de contributions pour la COP21. Oui, l'Afrique est aussi une terre de solutions. Elle doit utiliser ses ressources et non importer des énergies fossiles comme nous l'avons fait et le faisons. Ce sera une source d'emplois pour sa jeunesse, grâce à la construction de filières locales.

Je salue et remercie Jean-Louis Borloo, son action déterminée auprès des dirigeants africains. Il a beaucoup mobilisé.

Le constat est partagé, et le Gouvernement agit. Au niveau du G7, d'abord, où la France a soutenu la demande de l'Union africaine de soutenir un plan pour les énergies renouvelables sur le continent. Moi-même, j'ai participé à New York en septembre au conseil exécutif de l'initiative « Énergies durables pour tous » du Secrétaire général de l'ONU, et discuté de ce sujet avec les chefs d'État éthiopien, sénégalais et nigérian.

Le rapprochement entre l'AFD et la Caisse des dépôts et consignations permettra de dégager des ressources supplémentaires, dont 300 millions pour les énergies renouvelables. Nous avons là encore besoin de la force d'entraînement de Jean-Louis Borloo. L'Union africaine souhaite désormais financer 10 GW supplémentaires d'ici à 2020, jusqu'à 300 GW d'ici à 2030. Le portage par les pays africains est une condition de la réussite de ce projet. Pour preuve, le G7, le G20 Énergie suivent l'Union africaine et, bientôt ce sera le G20.

Ne réduisons pas les attentes de l'Afrique aux seuls enjeux énergétiques. Soyons attentifs à ses demandes : elle veut protéger sa forêt tropicale, la deuxième du monde ; elle veut, pour un monde zéro carbone et zéro pauvreté, que son cadre réglementaire évolue, que des financements privés soient mobilisés, que sa jeunesse soit formée.

Le Gouvernement salue le travail de la fondation « Énergies pour l'Afrique ». Faisons converger les initiatives pour répondre aux immenses besoins du continent africain. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse de la Haute Assemblée. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et républicain et au centre)

M. le président.  - La Conférence des présidents a décidé que les interventions des orateurs vaudraient explications de vote.

La proposition de résolution est adoptée.

(Applaudissements à droite)