CONCLUSION

Les fluctuations économiques ne sont pas rythmées par le calendrier annuel, et il arrive que la succession des taux de croissance annuels affichés ne rende pas compte des inflexions réelles de l'activité : les moyennes annuelles écrasent les profils infra-annuels de la croissance.

En réalité, les différentes mesures disponibles , croissance moyenne annuelle, croissance en glissement, croissance trimestrielle annualisée et acquis de croissance, se complètent pour permettre une lecture fiable de la réalité de l'évolution de l'activité économique.

Naturellement, les découplages observés entre l'évolution de l'activité et les taux de croissance moyens se retrouvent dans les prévisions économiques . Comme on l'a vu, les hypothèses d'orientation de l'activité économique sous-jacentes à la prévision gouvernementale d'une croissance moyenne de 1 % en 2009 se révèlent plus volontaires que ne le suggère, de prime abord, la seule lecture de ce taux. Second exemple, lorsqu'un institut d'analyse économique et d'études conjoncturelles prévoit, en septembre 2008, une reprise aux États-Unis au second semestre 2009 après 12 mois de quasi-stagnation, la contradiction n'est qu'apparente avec l'annonce simultanée d'un taux de croissance évoluant de 1,7 % en 2008 à 1 % en 2009. D'une façon générale, un ralentissement apparent au vu de la croissance moyenne anticipée peut masquer une reprise économique par rapport à la situation conjoncturelle du moment, et vice versa.

En définitive, si une valeur unique devait rendre compte simplement de la progression de l'activité économique tout au long d'une année civile afin d'établir des comparaisons significatives d'un exercice sur l'autre, il pourrait s'agir de la croissance moyenne annuelle diminuée de l'acquis de croissance au 1 er janvier 42 ( * ) . Mais cette valeur ne serait encore pas exempte de défauts 43 ( * ) ...

Aussi, de ce qui précède, faut-il retenir qu' il est préférable de croiser les indicateurs pour comprendre les évolutions passées et interpréter les prévisions .

ANNEXE : TABLEAU RÉCAPITULATIF

Le tableau récapitulatif ci-après donne la formule de calcul ainsi qu'un exemple pour chacune des valeurs explicitées précédemment, ici pour l'année 2007 en France, sur la base des dernières données disponibles auprès de l'INSEE.

Commentaire

Pour 2007, l'acquis de croissance est de 0,7 % au 1 er janvier, c'est-à-dire que la croissance moyenne en 2007 s'élèverait à 0,7 % si le niveau de la production s'établissait pour chaque trimestre de l'année 2007 au niveau atteint le 4 ème trimestre 2006.

Comme la croissance trimestrielle est positive, l'acquis de croissance augmente, en toute logique, chaque trimestre de l'année 2007 pour atteindre une valeur très proche de la croissance moyenne définitive (2,1 %) au début du 4 ème trimestre (2 %).

La croissance en glissement a rebondi au 3 ème trimestre 2007 (de 1,7 % à 2,4 %), ce qu'explique une accélération au cours de ce trimestre (2,7 % en rythme annualisé après 2,2 % au 2 ème trimestre) mais aussi un effet de base, la croissance ayant connu un fort ralentissement entre le 2 ème et le 3 ème trimestre 2006. On observe ensuite une décélération de la croissance trimestrielle au 4 ème trimestre 2007 que souligne l'évolution du taux annualisé, qui passe de 2,7 % au 3 ème trimestre à 1,5 % au 4 ème trimestre.

TABLEAU RÉCAPITULATIF

Grandeurs calculées (2007)

Calcul 44 ( * )

Trimestres

Année 2006

Année 2007

T1

T2

T3

T4

Données : PIB trimestriel (Md€)

Y

2006

396,5

400,4

400,5

402,7

2007

405

407,3

410

411,5

Croissance trimestrielle

C T = Y T /Y T-1 - 1

0,6 %

0,6 %

0,7 %

0,4 %

Croissance
trimestrielle annualisée

= 4 x C T

2,3 %

2,2 %

2,7 %

1,5 %

PIB annuel (Md€)

PIB = Y T1 + Y T2 + Y T3 + Y T4

1 600,1

1 633,8

Croissance en glissement annuel

= Y T(2007) /Y T(2006) - 1

2,1 %

1,7 %

2,4 %

2,2 %

2,2 %

Croissance en
moyenne annuelle

= PIB 2007 /PIB 2006 - 1

2,1 %

Acquis
de
croissance

au début de :

T1

= (4 x Y T4(2006) )/PIB 2006 - 1

0,7 %

0,7 %

T2

= (4 x Y T1(2007) )/PIB 2006 - 1

1,2 %

T3

= (Y T1(2007) + 3 x Y T2(2007) )/PIB 2006 - 1

1,7 %

T4

= (Y T1(2007) + Y T2(2007) + 2 x Y T3(2007) )/PIB 2006 - 1

2 %

Source : Sénat, données INSEE (Comptes Nationaux, séries longues, « le PIB et ses composants : Equilibre emplois-ressources - volumes aux prix de l'année précédente chaînés »), adresse : http://www.insee.fr/fr/indicateurs/cnat_trim/series/t_900_14_8.xls

* 42 Une telle valeur permettrait de neutraliser la plupart des effets report de l'année N-1 sur la croissance moyenne annuelle de l'année N, sans négliger l'activité au cours des trimestres intermédiaires, lacune qui résulterait, en revanche, d'un recours direct à la croissance en glissement du 4 ème trimestre N-1 au 4 ème trimestre N pour éviter tout effet de report.

* 43 Ce taux serait sensible à l'excentricité de la position du 4 ème trimestre N-1 dans le profil de la croissance. En outre, il devrait être affecté d'un coefficient de majoration pour être comparable aux autres valeurs de croissance : l'acquis de croissance au 1 er janvier d'une année N tendant vers 3/8 de la croissance moyenne réalisée cette année, la valeur ici proposée tendrait vers 5/8 de la croissance moyenne.

* 44 Pour les valeurs exprimées en pourcentage (taux de croissance), le résultat obtenu est à multiplier par 100.

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