B) Une économie contrastée

La Namibie dispose de ressources diverses qui lui assurent, pour l'instant, une évolution satisfaisante : le FMI fait ainsi état d'une croissance de 4 % en 1993, avec des perspectives analogues pour la période 1995-1999.

La pêche, et les industries dérivées, contribuaient pour environ 8 % au PIB en 1993, l'institution d'une zone économique exclusive de 200 miles lors de l'indépendance ayant réduit les prises des flottes étrangères qui écumaient cette zone auparavant. 1 ( * )

L'agriculture n'assure pas l'auto-suffisance alimentaire, qui constitue l'un des objectifs majeurs des autorités namibiennes. Contribuant pour 10 % au PIB, elle reste surtout l'affaire de quelques 4 500 agriculteurs blancs, qui pratiquent un élevage extensif sur de grandes propriétés, dont la superficie moyenne est d'environ 7 000 hectares.

Cette répartition des terres constitue une difficulté majeure pour le Gouvernement, qui a promulgué, au mois de janvier 1995, une loi visant à la redistribution agraire, répondant ainsi à un souhait très vif de la population noire. Ce premier texte vise les fermes dites "commerciales", c'est-à-dire les domaines de vastes dimensions, 15 000 hectares en moyenne, certaines pouvant atteindre jusqu'à 20 000 hectares, exploitées chacune par un propriétaire unique.

Ce "Land bill", adopté au terme de deux années de concertation avec les fermiers blancs, donne au ministère de l'agriculture un droit de préemption sur les fermes mises en vente, mais au prix du marché. Ce ministère a reçu des crédits lui permettant d'acheter sous ce régime une vingtaine de fermes de moyenne dimension, durant l'année 1995. Il s'agit donc là d'un texte modéré et d'application restreinte.

La réflexion porte maintenant sur la zone dite "communale", située dans le nord de la Namibie, où vit 60 % de la population. Ce territoire de 200 à 300 kms d'épaisseur est régi par un statut coutumier, qui doit être précisé par le texte de loi en cours d'élaboration. Les propriétés qui composent cette zone sont de superficie plus restreinte que les fermes commerciales. Cependant, cette nouvelle législation n'apporte pas de réelles satisfactions à la population rurale, qui aspire surtout à la redistribution des fermes commerciales, dont le morcellement éventuel supprimerait la rentabilité.

De surcroît, l'état d'esprit des agriculteurs blancs, moteur de l'activité économique, mais animés d'un esprit pionnier et peu enclins à céder même une partie de leurs terres aux populations noires, rend l'application de ces textes aléatoire. Les intérêts contradictoires en jeu rendront sans doute cette réforme, même modérée, périlleuse tant politiquement qu'économiquement.

Quant au secteur minier, il demeure le point fort de l'économie namibienne, et contribue pour 60 % aux exportations du pays. Il est animé par quelques groupes multinationaux, comme la De Beers pour le diamant, ou la Gold Field of South Africa pour l'or. L'uranium, dont l'extraction et le traitement font l'objet de participations publiques françaises (la COGEMA participe pour 10 % à la mine de Rössing), ainsi que le zinc et l'étain contribuent également à la prospérité de ce secteur, dont les réserves garantissent un maintien de l'exploitation actuelle pour les dix prochaines années. Les perspectives à plus long terme nécessitent d'accomplir de considérables efforts de recherche et de prospection.

Enfin, le pays a hérité de la période sud-africaine un bon réseau de communication (routes et rail) et s'efforce de le renforcer avec les projets de Trans-Kalahari (est-ouest) et de Trans-Caprivi (nord-sud) destinés à améliorer la desserte du port de Walvis Bay, rendu par l'Afrique du Sud à la Namibie le 1er mars 1994. Seul port en eau profonde entre Luanda et Le Cap, son développement est, pour l'instant, entravé par l'Afrique du Sud, peu soucieuse de voir émerger un concurrent mieux placé, géographiquement, que Le Cap. La Namibie vise donc à développer cet accès maritime pour le rendre accessible aux pays enclavés qui l'entourent.

* 1 Cependant, la surveillance de cette zone est encore mal assurée, et la France a mis à disposition de Windhoek une assistance en ce domaine (un avion de surveillance et la formation de pilotes)

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